Sumayya Vally conçoit un centre de bien-être dans le plus grand camp de réfugiés du monde à Kakuma, au Kenya
En collaboration avec to.org, Counterspace, dirigé par Sumayya Vally, a dévoilé son dernier projet, « Regenerate Kakuma », visant à promouvoir le bien-être holistique dans l’un des plus grands camps de réfugiés au monde à Kakuma, au Kenya. Ce centre régénérateur de bien-être et de remise en forme allie des espaces de remise en forme, d’agriculture et de culture pour plus de 285 000 réfugiés. Cette colonie, connue comme l’une des plus grandes au monde, accueille principalement des individus originaires de 19 pays, dont le Soudan du Sud et la Somalie.
Le projet s’inspire de la tapisserie culturelle unique des divers habitants de Kakuma. La colonie, dont le nom vient du mot swahili signifiant « nulle part », est depuis longtemps un symbole de résilience et de survie dans des conditions difficiles. Les populations réfugiées courent souvent un risque élevé de développer des problèmes de santé mentale, le trouble de stress post-traumatique (SSPT) affectant jusqu’à 47 % des personnes déplacées par le conflit. Regenerate Kakuma vise à atténuer ces effets en fournissant un espace qui favorise la créativité, le mouvement et la guérison émotionnelle, aidant ainsi les résidents à faire face à leurs expériences traumatisantes.
Au cœur de la conception se trouve l’accent mis sur la combinaison du patrimoine culturel avec des matériaux naturels, garantissant que le projet respecte l’identité de la communauté tout en créant des espaces fonctionnels pour la croissance et l’interaction. La conception de Vally s’inspire de l’architecture sacrée et vernaculaire des régions d’origine du peuple de Kakuma, notamment les églises taillées dans la roche de Lalibela en Éthiopie et les peintures rupestres néolithiques de Laas Geel au Somaliland. Ces références sont intégrées à la structure, créant un espace connecté aux racines culturelles de ses habitants.
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Le concept architectural intègre des éléments naturels et des matériaux locaux, le bâtiment étant construit principalement en pierre de Turkana, connue pour ses propriétés thermiques qui aident à réguler la température intérieure. La forme du bâtiment est une structure en pierre à gradins, dotée de murs épais qui s’élèvent en pente, permettant la lumière naturelle, la ventilation et le mouvement dans tout l’espace. La conception met l’accent sur l’harmonie avec le paysage environnant, garantissant que le centre est à la fois visuellement frappant et pratique pour l’environnement.
Les cours et les ouvertures ponctuent le bâtiment, offrant des espaces de réflexion et d’interaction, tandis qu’une ligne de toit en escalier crée des zones fonctionnelles distinctes, des espaces de méditation aux espaces de remise en forme extérieurs. Ces éléments de conception visent à favoriser à la fois le bien-être individuel et la cohésion sociale, en offrant des espaces de réflexion calme ainsi que d’activité physique.
L’installation Regenerate Kakuma abritera une salle de sport et des espaces de remise en forme extérieurs, essentiels pour soutenir les talents sportifs émergeant de la colonie. Kakuma a produit plusieurs athlètes internationaux, dont le coureur de demi-fond Perina Nakang et Dominic Lobalu, qui ont participé aux Jeux olympiques de Paris en 2024. Le centre de remise en forme proposera une salle de sport entièrement équipée et des espaces sportifs extérieurs, dont un terrain de basket-ball, pour nourrir les futurs talents et promouvoir la santé physique.
En plus des installations de remise en forme, le projet met l’accent sur le bien-être mental à travers une salle de méditation et des espaces de réflexion extérieurs. Ces zones sont conçues pour promouvoir la pleine conscience et la récupération émotionnelle, essentielles pour faire face au traumatisme vécu par de nombreux réfugiés. Les cours ouvertes permettent des rassemblements communautaires, ajoutant un élément social à l’environnement paisible.
Un élément clé du projet est la durabilité. En réponse à la dégradation de l’environnement causée par le changement climatique, l’installation comprendra l’agroforesterie et les jardins maraîchers. Ces espaces verts fournissent non seulement des produits frais, mais servent également de forme d’éducation, enseignant aux résidents des pratiques agricoles durables qui aident à lutter contre les inondations, l’érosion des sols et les problèmes de ravageurs.
Les architectes et les urbanistes jouent depuis longtemps un rôle crucial dans la réponse aux catastrophes humanitaires, en concevant des espaces qui non seulement apportent une aide immédiate, mais favorisent également la résilience à long terme et la reconstruction des communautés. Par ailleurs, Shigeru Ban Architects, en collaboration avec Voluntary Architects’ Network, a récemment développé une version améliorée du logement temporaire développé pour aider les personnes touchées par le récent tremblement de terre Turquie-Syrie. De même, à la suite des inondations extrêmes qui ont touché le Pakistan en 2022, l’architecte Yasmeen Lari, de la Heritage Foundation of Pakistan, s’est engagée à contribuer à la construction d’un million de maisons résilientes dans le pays. Enfin, le Türkiye Design Council (TDC) a rassemblé 13 cabinets de conception, dont Foster + Partners et Bjarke Ingels Group, pour contribuer à la revitalisation de la province historique de Hatay, une zone gravement endommagée par le séisme de magnitude 7,8 en février de cette année.