Une étude menée par des chercheurs de Johns Hopkins Medicine révèle que la façon dont le bras d’un patient est positionné lors des tests de routine de tension artérielle (TA) peut conduire à une surestimation significative des résultats, contribuant potentiellement à un diagnostic erroné de l’hypertension.
L’étude souligne que les positions de bras couramment utilisées, comme poser le bras sur les genoux ou le laisser sans soutien sur le côté, peuvent gonfler les lectures de pression artérielle jusqu’à 7 mmHg en pression systolique (le nombre supérieur dans une lecture de pression artérielle).
Les résultats sont significatifs étant donné que près de la moitié des adultes américains souffrent d’hypertension artérielle, selon l’American Heart Association (AHA). Étant donné que la maladie se présente souvent sans symptômes visibles, une détection précoce et précise est cruciale, en particulier lors des examens de routine.
Les pires positions pour mesurer la pression artérielle
L’auteur principal, le Dr Tammy Brady, vice-présidente de la recherche clinique au département de pédiatrie de la faculté de médecine de l’université Johns Hopkins, a déclaré que l’étude confirme que la position du bras pendant la mesure de la pression artérielle fait une « énorme différence » dans l’exactitude des résultats. Le Dr Brady a souligné que même de petits écarts par rapport aux lignes directrices recommandées peuvent avoir un impact substantiel sur le diagnostic et le traitement du patient.
L’étude a testé les effets de trois positions du bras sur les mesures de la pression artérielle : poser le bras sur un bureau, le poser sur les genoux et laisser le bras sans soutien à côté du patient.
Selon les résultats, la position de support abdominal surestimait la TA systolique de 3,9 mmHg en moyenne et la TA diastolique (le nombre le plus bas dans une lecture de TA, qui mesure la pression entre les battements cardiaques) de 4,0 mmHg. Le bras non soutenu en position latérale était encore plus imprécis, surestimant la TA systolique de 6,5 mmHg et la TA diastolique de 4,4 mmHg.
Pour tester leur hypothèse, les chercheurs ont recruté 133 participants âgés de 18 à 80 ans, avec un groupe d’étude composé à 78 % de noirs et à 52 % de femmes. Les résultats ont souligné l’impact d’un mauvais positionnement du bras lors du dépistage de la tension artérielle. La surestimation causée par un mauvais positionnement du bras, en particulier du bras non soutenu sur le côté, pourrait facilement conduire à des diagnostics erronés d’hypertension.
Par exemple, Sherry Liu, co-auteur de l’étude, a noté qu’une tension systolique surestimée de 6,5 mmHg pourrait entraîner une lecture de 130 ou plus, ce qui correspond à une hypertension de stade 2.
Mesurer correctement la pression artérielle
Les auteurs préviennent que même si leurs résultats s’appliquent aux lectures de pression artérielle prises avec des appareils automatisés, les résultats pourraient ne pas s’étendre à d’autres appareils de mesure de la tension artérielle. Néanmoins, les conclusions de l’étude sont claires : les cliniciens doivent accorder une plus grande attention aux techniques appropriées de mesure de la pression artérielle, et les patients doivent se défendre eux-mêmes pour s’assurer que leur bras est correctement positionné lors des mesures de la pression artérielle.
Le Dr Brady a souligné l’importance de suivre les directives cliniques pour des mesures précises de la pression artérielle, qui incluent l’utilisation d’un brassard de la bonne taille, garantissant un soutien dorsal au patient, des jambes non croisées avec les pieds à plat sur le sol et un soutien adéquat des bras.
Plus précisément, les lignes directrices recommandent de placer le bras au niveau du cœur, appuyé sur une surface ferme telle qu’un bureau ou une table. Malgré ces recommandations claires, le Dr Brady noté que les dépistages de la tension artérielle sont souvent effectués avec des patients assis sur des tables d’examen sans soutien adéquat des bras, ce qui entraîne des surestimations potentielles susceptibles de modifier le diagnostic d’un patient.
Le Dr Brady a souligné que même de petites inexactitudes pourraient conduire à des traitements ou à des médicaments inutiles, ce qui pourrait avoir un impact sur la qualité de vie d’un patient. Étant donné que l’hypertension artérielle est souvent gérée par des changements de mode de vie et des médicaments, un diagnostic approprié est crucial pour éviter à la fois un traitement excessif et insuffisant.
L’étude a été publiée dans JAMA Médecine Interne.