Une nouvelle étude psychologique examine comment la tristesse et la peur renforcent la maîtrise de soi
La tristesse et la peur, mais pas le bonheur, renforcent les comportements inhibiteurs, selon une étude publiée dans Cognition et émotion.
La recherche a montré que les émotions jouent un rôle clé dans le façonnement du comportement et de la cognition, notamment en ce qui concerne les fonctions exécutives telles que l’attention, la résolution de problèmes et l’inhibition. Alors que les émotions positives comme le bonheur sont généralement associées à la flexibilité cognitive et à l’exploration, le rôle des émotions négatives comme la peur et la tristesse dans le contrôle exécutif est moins bien compris.
Justin Storbeck et ses collègues ont comblé cette lacune en explorant les effets spécifiques des émotions discrètes sur les processus inhibiteurs, en s’appuyant sur des cadres tels que la théorie de la compatibilité des émotions et des objectifs, qui suggère que les émotions améliorent les fonctions exécutives en fonction de leur pertinence pour atteindre des objectifs spécifiques.
L’expérience 1 comprenait 141 participants qui ont été assignés au hasard à l’une des quatre conditions émotionnelles (tristesse, peur, bonheur ou neutre), induites à l’aide d’images de l’International Affective Picture System (IAPS). La tâche anti-saccade, qui mesure l’inhibition oculomotrice, exigeait que les participants détournent le regard d’un repère visuel. La précision a été enregistrée comme mesure principale du contrôle inhibiteur. Dans toutes les expériences, les participants ont également effectué un contrôle de manipulation pour évaluer l’efficacité de l’induction d’émotions et ont été invités à signaler leurs états émotionnels avant d’effectuer les tâches d’inhibition.
Ceux qui se trouvaient dans des conditions de tristesse et de peur ont montré une précision significativement plus élevée dans la tâche anti-saccade, résistant avec succès aux mouvements oculaires réflexes vers le signal. Ce résultat suggère que la tristesse et la peur améliorent le contrôle inhibiteur, aidant les participants à se concentrer en minimisant les distractions par rapport au bonheur et aux conditions neutres.
L’expérience 2 a impliqué 155 participants. Après une induction émotionnelle via des images IAPS, les participants ont effectué une tâche d’amorçage négative. Cette tâche mesurait l’inhibition des interférences en demandant aux participants d’identifier le plus grand des deux cercles, avec des essais d’interférence plaçant le plus grand cercle au même endroit qu’un cercle plus petit auparavant non pertinent pour tester leur capacité à ignorer les stimuli passés non pertinents.
Contrairement aux attentes, la tristesse a altéré les performances lors de la tâche d’amorçage négatif, les participants dans cette condition démontrant une inhibition des interférences plus faible. Le bonheur, la peur et les conditions neutres n’ont pas affecté de manière significative les performances, ce qui indique que la tristesse peut réduire l’inhibition lorsqu’elle implique le filtrage d’informations auparavant pertinentes.
L’expérience 3 impliquait 150 participants qui, après l’induction d’émotions, ont effectué une tâche d’inhibition vers l’arrière, dans laquelle ils ont basculé entre des objectifs (par exemple, s’identifier en fonction de la forme, de la taille ou de l’orientation). L’inhibition rétroactive a été mesurée en comparant les temps de réaction pour revenir à un objectif précédemment pertinent par rapport à un nouvel objectif, en évaluant l’inhibition cognitive des participants dans la suppression des ensembles cognitifs antérieurs.
Les conditions de tristesse et de peur ont montré une inhibition cognitive plus forte, car les participants ont mis plus de temps à réagir lorsqu’ils revenaient à un objectif précédent. Ceci suggère que la tristesse et la peur améliorent l’inhibition cognitive en aidant les participants à supprimer des informations précédemment pertinentes, facilitant ainsi le maintien des objectifs pendant les tâches.
Dans l’expérience 4, 154 participants ont été à nouveau divisés en conditions de tristesse, de peur, de bonheur et de neutralité, avec une condition supplémentaire de colère pour tester si l’orientation d’approche de la colère pouvait affecter l’inhibition. Ils ont accompli une tâche « go/no-go », nécessitant des réponses rapides à un stimulus « go » et une inhibition des réponses à un stimulus « no-go ». L’inhibition comportementale a été mesurée par la précision de la rétention de réponses lors d’essais sans autorisation.
Les conditions de tristesse et de peur ont démontré une plus grande précision lors des essais sans autorisation, indiquant une meilleure inhibition comportementale que les conditions de bonheur et de colère. La colère, en particulier, altère l’inhibition, ce qui suggère que les émotions orientées vers le retrait comme la tristesse et la peur renforcent le contrôle inhibiteur plus efficacement que les émotions orientées vers l’approche.
Une limite est que l’étude n’a pas inclus d’autres émotions négatives, telles que le dégoût, qui pourraient également influencer le contrôle inhibiteur.
Dans l’ensemble, cette recherche suggère que la tristesse et la peur renforcent le contrôle inhibiteur, aidant les individus à se concentrer sur des tâches pertinentes en supprimant les distractions non pertinentes ou les réponses automatiques. Ces résultats remettent en question l’opinion traditionnelle selon laquelle les émotions négatives nuisent toujours aux performances cognitives.
La recherche, « La tristesse et la peur, mais pas le bonheur, motivent un comportement inhibiteur : l’influence d’émotions discrètes sur la fonction exécutive de l’inhibition», a été rédigé par Justin Storbeck, Jennifer L. Stewart et Jordan Wylie.