Une instance européenne condamne la condamnation par la Turquie d’un militant pour ses liens avec les manifestations de 2013
ISTANBUL (AP) — Un organisme gouvernemental européen qui se concentre sur les droits de l’homme, la démocratie et l’État de droit a condamné samedi la décision de la Cour suprême de Turquie de confirmer la peine à perpétuité aggravée du militant et philanthrope Osman Kavala.
Kavala est le fondateur d’une organisation à but non lucratif, Anadolu Kultur, qui se concentre sur des projets culturels et artistiques promouvant la paix et le dialogue.
Il a été condamné à la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle l’année dernière après qu’un tribunal l’a reconnu coupable de tentative de renversement du gouvernement en finançant des manifestations de masse en 2013, connues sous le nom de manifestations du parc Gezi.
Kavala, 65 ans, est incarcéré à la prison de Silivri, dans la banlieue d’Istanbul, depuis son arrestation en 2017.
« Nous souhaitons exprimer notre profonde consternation face à la décision de la Cour de cassation turque qui a confirmé la peine à perpétuité aggravée du philanthrope Osman Kavala », ont déclaré John Howell et Stefan Schennach, co-chercheurs pour l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, ou PACE, samedi.
Ils ont noté que cette confirmation ne tenait pas compte de deux décisions de la Cour européenne des droits de l’homme, en 2019 et 2022, ordonnant sa libération.
Les gouvernements occidentaux et les groupes de défense des droits ont alors rapidement condamné la décision du tribunal. Les groupes de défense des droits de l’homme ont déclaré que Kavala avait été poursuivi avec des preuves fragiles et que l’affaire était politiquement motivée.
Outre Kavala, sept autres accusés ont été condamnés à 18 ans de prison pour leur implication dans les manifestations du parc Gezi. Le jugement de vendredi a confirmé la peine prononcée contre quatre des accusés, dont l’avocat et militant Can Atalay, 47 ans, bien qu’il ait été élu au Parlement en mai et qu’il ait obtenu l’immunité légale. Les autres accusés condamnés sont Cigdem Mater, Mine Ozerden et Tayfun Kahraman.
Trois militants sur les sept condamnés l’année dernière ont été libérés par le tribunal.
Les co-chercheurs de l’APCE ont conclu qu’ils « continueront à faire pression sur les autorités turques pour qu’elles se conforment aux arrêts de la Cour européenne des droits de l’homme et libèrent tous les accusés ».
Amnesty International a également condamné la décision de vendredi, la qualifiant de « coup politiquement motivé pour les droits humains ».
“La décision de la cour d’appel défie toute logique étant donné que les autorités chargées des poursuites ont, à plusieurs reprises, échoué à fournir la moindre preuve pour étayer les accusations infondées portées contre eux”, ajoute le texte.
Kavala est l’un des trois candidats présélectionnés pour le Prix des droits de l’homme Václav Havel, qui sera décerné le 9 octobre à Strasbourg, en France, lors d’une session plénière de l’APCE.
Cinar Kiper, Associated Press