Un probiotique pour lutter contre le syndrome du nez blanc des chauves-souris
Un traitement contre le syndrome du museau blanc pourrait être à l’horizon grâce aux bactéries et aux champignons présents sur les ailes des chauves-souris.
Des chercheurs à Université McMaster (Ontario, Canada) ont échantillonné le microbiome des ailes de nombreuses espèces de chauves-souris à Lillooet, en Colombie-Britannique (Canada), dans l’espoir d’en apprendre davantage sur la façon dont le syndrome du museau blanc (SMB) affecte les chauves-souris et comment l’arrêter. Le WNS diminue la population de chauves-souris en Amérique du Nord, et les chercheurs se tournent désormais vers le métabarcoding ADN pour y mettre un terme.
Le WNS est une infection fongique des ailes et du museau des chauves-souris qui, depuis sa découverte à New York (États-Unis) en 2006, constitue une menace de plus en plus grande pour les chauves-souris, tuant des millions de personnes dans tout l’est de l’Amérique du Nord. Le SMB est causé par un champignon qui se développe par temps froid, appelé Pseudogymnoascus destructans (PD). L’infection se manifeste généralement par une croissance blanche et floue sur le nez et les ailes des chauves-souris pendant l’hibernation, lorsque les chauves-souris sont dans leur état métabolique et leur température corporelle les plus bas. Le WNS réveille les chauves-souris de leur hibernation, les obligeant à utiliser de précieuses réserves de graisse, ce qui conduit à la famine.
Des recherches antérieures ont suggéré que le microbiome cutané des chauves-souris pourrait jouer un rôle clé dans leur sensibilité au SMB ; cependant, nous en savons peu. Aujourd’hui, les chercheurs ont entrepris d’étudier ce microbiome plus en profondeur. Ils ont concentré leur analyse sur les chauves-souris de Lillooet, une région relativement petite connue pour sa population de chauves-souris riche et diversifiée, où les infections fongiques n’ont pas encore pénétré. Cela a semblé plutôt inhabituel aux chercheurs étant donné que le SMB est répandu partout au Canada et aux États-Unis.
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L’équipe a capturé 76 chauves-souris à Lillooet, testant leurs microbiomes cutanés à l’aide du métabarcoding bactérien de l’ARNr 16S et du métabarcoding de l’espaceur transcrit interne fongique pour identifier les milliers de bactéries et de champignons présents. Des tests antérieurs ont démontré plusieurs souches bactériennes qui semblent capables de se défendre p.d. S’appuyant sur ces recherches, la présente étude a testé quatre des souches précédemment identifiées et a montré que ces souches seraient plus efficaces contre PD si de concert.
Suite à leur analyse, l’équipe – en collaboration avec des scientifiques du Société de conservation de la faune du Canada (Ontario, Canada) et Université Thompson-Rivers (Colombie-Britannique, Canada) – a mélangé un cocktail probiotique qui peut être administré aux chauves-souris pour les protéger de l’infection ainsi que pour traiter l’infection existante. Il ne s’agit là que d’une des nombreuses voies de traitement actuellement en développement, notamment les vaccins et la fumigation.
« Pour développer un puissant cocktail probiotique qui fonctionnera et aura un effet contre le champignon dans la nature, nous devons comprendre le microbiome des chauves-souris, ou ce qu’il y a exactement sur leurs ailes », a commenté Jianping Xu, auteur principal de l’article. « Ce type d’informations nous permettra d’affiner des cocktails probiotiques potentiellement spécifiques à une région et de manipuler le microbiome pour favoriser la survie des chauves-souris. »