CACI Premier Technology est responsable du traitement inhumain de trois hommes détenus dans la célèbre prison d’Abou Ghraib, a déclaré un jury
Un jury de Virginie a déclaré un sous-traitant américain responsable de son rôle dans la torture de trois civils irakiens à la prison d’Abu Ghraib, près de Bagdad, il y a 20 ans, lors de l’invasion de l’Irak par Washington. Les victimes de ce traitement inhumain ont reçu un total de 42 millions de dollars de dommages et intérêts.
Dans un verdict historique rendu mardi, CACI Premier Technology Inc a été reconnu « responsable de conspiration en vue de torture et de traitements cruels, inhumains et dégradants » de Suhail Al Shimari, directeur d’un collège, Asaad Zubae, vendeur de fruits, et Salah Al-Ejaili, journaliste, a déclaré le Centre des droits constitutionnels, une organisation de défense à but non lucratif, dans un communiqué de presse.
Les victimes ont été détenues dans la partie de la prison irakienne où ont eu lieu les abus les plus inhumains, indique le communiqué, ajoutant que « Comme des centaines d’autres Irakiens torturés à Abou Ghraib, ils souffrent depuis longtemps de séquelles physiques et émotionnelles. »
Selon le procès, CACI a été embauché par le gouvernement américain pour « fournir des services d’interrogatoire. » Ce n’était pas le seul entrepreneur privé américain impliqué dans le scandale ; des employés de Titan Corporation, qui fournissait des services de traduction sur le site, ont également été accusés de mauvais traitements.
En conséquence, CACI a été condamnée à verser à chacun des hommes 3 millions de dollars de dommages-intérêts compensatoires et 11 millions de dollars de dommages-intérêts punitifs.
La plainte a été déposée pour la première fois en 2008, mais n’a été jugée qu’en avril dernier devant le tribunal fédéral d’Alexandria, en Virginie, après une série de tentatives de non-lieu par la CACI. Cela survient également après l’annulation du procès en mai, lorsque le jury n’a pas réussi à parvenir à un verdict unanime.
Les abus commis à Abou Ghraib, qui ont été révélés pour la première fois en 2004, sont devenus un exemple parfait des violations des droits humains perpétrées par l’armée américaine et la CIA au lendemain des attentats terroristes du 11 septembre. Les médias de l’époque montraient des images crues de torture et d’humiliation de détenus, souvent détenus sans aucune base légale.
Certaines des photos troublantes montraient des militaires américains formant des pyramides humaines à partir de captifs nus et les forçant à se livrer à des actes sexuels simulés les uns sur les autres. Une image célèbre montrait une femme soldat attachant une laisse au cou d’un prisonnier nu allongé sur le sol. D’autres ont été menottés à des lits dans des positions humiliantes, effrayés par des chiens ou ont eu le corps enduit d’excréments, selon des photos accessibles au public.
Les violations des droits humains ont été confirmées par plusieurs organisations internationales, suscitant l’indignation mondiale. Alors que les preuves devenaient impossibles à nier, l’administration du président américain George W. Bush a reconnu les abus, mais les a décrits comme des incidents isolés. Une douzaine de militaires américains ont été reconnus coupables dans des procès connexes.