L’armée israélienne a arrêté lundi huit réservistes dans le cadre d’une enquête sur des allégations de torture sur un prisonnier palestinien, ce qui a poussé des émeutiers, dont plusieurs députés, à faire irruption dans une base militaire pour exiger leur libération. L’un d’eux a fait valoir que rien n’était interdit lorsqu’il s’agissait de traiter avec le Hamas.
Dix soldats ont été initialement visés par l’enquête. Deux d’entre eux ont été libérés mercredi matin, tandis que huit ont reçu l’ordre de rester en détention jusqu’à dimanche. Selon l’armée israélienne, ils sont accusés de sodomie aggravée, de coups et blessures, de violences et de conduite indigne d’un soldat.
L’arrestation des réservistes lundi a interrompu une réunion de la commission des finances de la Knesset, alors qu’un député du parti au pouvoir, le Likoud, Hanoch Milwidsky, tentait de quitter la salle en signe de protestation.
« Insérer un bâton dans le rectum d’une personne, est-ce légal ? » » a demandé Ahmad Tibi, un député israélo-arabe.
« Oui! » Milwidsky a répondu en criant. « S’il est un Nukhba, tout est légitime à faire ! Tout ! »
Nukhba est une unité spéciale des Brigades al-Qassam, la branche militante du Hamas. Israël s’est engagé à détruire ce groupe palestinien après l’attaque meurtrière du 7 octobre 2011.
Alors que certains députés échangeaient des propos enflammés, d’autres se sont joints aux groupes nationalistes qui ont pris d’assaut la base militaire et la prison de Sde Teiman, près de Beersheba, où les dix suspects étaient détenus. Sde Teiman a servi de camp pour les Palestiniens faits prisonniers à Gaza.
Lorsque la police militaire a tenté de déplacer les suspects à Beit Lid, une base près de Netanya, les émeutiers l’ont suivie. « Ne touchez pas aux réservistes » tweeté Le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a toutefois appelé au calme et condamné les manifestants qui ont pris d’assaut les bases.
« Entrer par effraction dans une base militaire et perturber l’ordre qui y règne est un comportement grave qui n’est en aucun cas acceptable », a déclaré le lieutenant-général Herzi Halevi, chef d’état-major général. « Nous sommes en pleine guerre et des actions de ce type mettent en danger la sécurité de l’État. »
Le ministre de la Défense Yoav Gallant a averti que « La loi s’applique à tous : personne ne peut pénétrer dans les bases de Tsahal ni violer les lois de l’État d’Israël. »
Les émeutes ont forcé l’armée israélienne à redéployer trois bataillons « pour protéger la base de Beit Lid non pas d’un ennemi mais des citoyens israéliens en colère », le Le Jerusalem Post noté dans un éditorial mercredi, notant que ces forces avaient « Il y a des choses beaucoup plus urgentes à faire à Gaza, en Judée-Samarie et le long de la frontière nord contre un véritable ennemi. »
Israël a assuré que les Palestiniens détenus étaient traités conformément au droit international. Des agences de l’ONU et des groupes de défense des droits de l’homme ont toutefois tiré la sonnette d’alarme au sujet d’informations faisant état d’abus. Les allégations de graves abus à Sde Teiman – notamment de viols anaux sur des prisonniers – ont fait leur première apparition dans un reportage de CNN en mai.