- Zone:
240 m²
Année:
2021
Description textuelle fournie par les architectes. Construite à la fin des années 1980, l’aire de repos de la Gruyère a été conçue dans l’esprit du post-modernisme, reconfigurant matériaux vernaculaires et éléments architecturaux pour former un complexe de plusieurs bâtiments, dont le bâtiment des toilettes publiques, qui fait l’objet de cette reconversion. Le bâtiment existant présente un socle en maçonnerie, principalement en béton armé, avec un parement en galets de rivière locaux visible de l’extérieur. Une ossature bois lamellé-collé forme une toiture à 2 pentes. Ce volume triangulaire est décalé latéralement, créant une place couverte devant l’entrée des blocs sanitaires. Pour supporter les charges, quatre poutres obliques sont prolongées jusqu’au sol, offrant des vues impressionnantes sur le lac de Gruyère et les Préalpes fribourgeoises.
Le client souhaitait rénover les sanitaires vétustes et supprimer la circulation interne, au profit d’un accès direct depuis la place couverte aux cabines WC autonomes. La priorité était la facilité d’entretien et l’amélioration du confort et de la sécurité. Le client a permis la liberté d’expression et l’intégration architecturale sans spécification. L’architecture n’est pas nécessairement réservée aux complexes à grande échelle, aux bâtiments d’importance publique et aux représentations. Le cabinet Baraki s’intéresse à l’expérience de la vie quotidienne, à la pause sur une aire d’autoroute, et aux édicules d’infrastructures séculaires. Après tout, ces espaces et constructions sont fréquentés par tout le monde. Nous les traversons, et nous y restons, sans nous rendre compte du temps et de l’espace que nous occupons. Ce sujet est au cœur de plusieurs projets d’infrastructures au sein du bureau. Des toilettes publiques peuvent-elles devenir un observatoire du paysage ?
La grande surface miroir en acier inoxydable poli, qui cache dans sa surface réfléchissante les joints entre les portes des cabines WC, donne l’impression d’une extension infinie du paysage d’en face. Cela évite la question de l’ajout d’une nouvelle gamme de matériaux dans un contexte déjà riche de références et de formes architecturales. L’acier inoxydable est camouflé et le plan devient abstrait et invisible. Le sol en asphalte suit les chemins et les routes des environs et les LED linéaires du plafond se fondent dans le revêtement sablé existant. Ce qui reste, c’est la vue et une sensation d’aération. Le miroir donne l’illusion d’une structure à 8 supports qui redonne la symétrie à la structure hors axe. Cet effet joue avec l’asymétrie du bâtiment existant.
En franchissant les portes, vous entrez dans un espace entièrement en acier inoxydable, telle une capsule spatiale propre, moderne et automatique, desservi par un couloir de service à l’arrière réservé au personnel de maintenance. La complexité d’un geste aussi simple reste cachée. A l’avant, une série de mobilier urbain conçue en collaboration avec Elie Fazel et Valentin Sieber invite à la halte et au repos. Des éléments de sièges, des tables et des porte-manteaux, entièrement réalisés en tôle et en tube d’acier inoxydable, sont greffés sur des modules routiers « City Blocks » préfabriqués en béton. Un nouvel espace de contemplation et une qualité architecturale émerge d’un lieu auparavant inaperçu.