Quelles opportunités architecturales offrira l’autoroute côtière trans-ouest africaine ?
Voyager par voie terrestre à travers de vastes régions d’Afrique est une épreuve inefficace, en particulier en Afrique de l’Ouest. Google Maps estime avec optimisme qu’il faudrait 53 heures pour conduire sans escale de Lagos, la plus grande ville du Nigeria, à Dakar, la capitale du Sénégal. Cependant, cette estimation ne tient pas compte de la mauvaise qualité des infrastructures routières, de la complexité des passages aux frontières et des défis socio-économiques qui prolongent en réalité le voyage à environ une semaine.
C’est pourquoi le processus en cours Autoroute côtière trans-ouest africaine Le projet TAH 7 offre une formidable opportunité de connecter et de libérer le potentiel de la région. Ce projet, également connu sous le nom de TAH 7, est une initiative d’autoroute transnationale reliant 12 pays côtiers d’Afrique de l’Ouest, de la Mauritanie au nord-ouest au Nigéria à l’est. Sa construction progressive ouvre de nouvelles voies pour le transport de marchandises, les infrastructures ferroviaires et, plus important encore, des formes d’architecture innovantes autour des frontières, répondant à leurs fonctions socioculturelles uniques.
La route côtière trans-ouest africaine fait partie du Réseau routier transafricain, développé par la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA)la Banque africaine de développement (BAD) et l’Union africaine en collaboration avec les communautés internationales régionales. L’autoroute s’étend de Nouakchott, en Mauritanie, à l’ouest, jusqu’à Lagos, au Nigéria, à l’est, avec des routes de desserte desservant deux pays enclavés : le Mali et le Burkina Faso. La phase de construction actuelle se concentre sur le corridor Abidjan-Lagos—une autoroute à six voies s’étendant sur environ 1 080 kilomètres à travers cinq pays membres de la CEDEAO : la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Togo, le Bénin et le Nigéria. Dans le cadre de ce développement des transports interrégionaux, huit postes frontières seront construits le long du corridor, reflétant l’architecture frontalière comme une réponse architecturale directe à cet important projet d’infrastructure.
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Tout d’abord, ces avenues d’architecture frontalière doivent être considérées comme une opportunité unique, et non comme de simples ajouts au projet. En tant qu’entrées officielles dans les pays, elles pourraient être célébrées par des formes de construction distinctives ou des expériences spatiales qui reflètent le nouvel espace culturel dans lequel on entre. Par exemple, Place canadienne au pont Peace Bridge par NORR Le projet comprend un passage frontalier caractérisé comme une porte cérémonielle. Il est marqué par une structure de toit en bois surplombant le passage pour véhicules, inspirée de l’apparence d’un canot autochtone renversé. Cette architecture, avec sa forte référence historique, présente « une nouvelle image canadienne de confiance et de sophistication » aux nouveaux arrivants. Le projet démontre que les éléments de l’architecture frontalière peuvent être célébrés et conçus de manière unique, offrant des possibilités d’expression culturelle.
En outre, le tracé actuel de ces corridors autoroutiers traverse des centres économiques majeurs et des capitales dans les cinq pays, tels que la Place de la République à Abidjan et Mile 2 (Eric Moore) à Lagos. Ces corridors serviront de routes commerciales où Des marchés frontaliers vont émergeren fin de compte en expansion et offrant une opportunité unique pour la conception architecturale. Les marchés frontaliers sont généralement des marchés informels locaux soutenus par des entrepreneurs locaux, destinés à l’échange de produits cultivés ou fabriqués localement. À mesure que ces marchés se développent avec le développement des autoroutes, il deviendra nécessaire de mettre en place une architecture de marché transitoire capable de répondre et de s’adapter aux besoins flexibles des commerçants frontaliers et aux horaires de transport dans les corridors.
Un autre facteur crucial dans le développement des marchés frontaliers est leur capacité à combiner activités commerciales et activités de production. lieuxLes marchés frontaliers africains sont intimement liés aux flux commerciaux de matières premières, de produits de base et de services qui relient le monde globalisé. Les marchés frontaliers peuvent ainsi être considérés comme des points de convergence pour les mouvements transnationaux de biens, de cultures et de personnes.
Les régions frontalières sont des sites cruciaux de connectivité régionale, comme en témoignent les flux entre les marchés. Les festivals transfrontaliers sont une manifestation unique de cette connectivité en Afrique.où les zones situées autour des corridors de transport se transforment en espaces célébrant les échanges culturels. Deux exemples notables sont le « Festival vaudou de Ouidah au Bénin » à la frontière entre le Ghana et le Togo et le « Festival Gerewol » à la frontière entre le Tchad et le Cameroun. Ces événements favorisent la réflexion sur les liens historiques et culturels, offrant aux participants une occasion rare d’interagir avec les représentants de l’État dans des cadres distinctifs. D’un point de vue architectural, ces festivals offrent une occasion exceptionnelle de créer des scènes où les habitants des frontières peuvent s’exprimer de manière inédite.
De plus, étant donné que ce projet d’autoroute sera essentiellement axé sur les véhicules au départ, des possibilités architecturales supplémentaires telles que des motels (hébergements routiers), des stations-service et des espaces de stockage seront essentielles. Ces services permettront le transport efficace des personnes et des marchandises à travers le corridor autoroutier. La construction de la première phase de l’autoroute côtière trans-ouest africaine a connu jusqu’à présent des progrès louables. Elle est actuellement construite en trois phases : un tronçon de 295 km d’Abidjan à Takoradi au Ghana ; un tronçon de 466 km de Takoradi à Akanu, également au Ghana ; et un dernier tronçon de 320 km vers Lagos, en passant par Lomé au Togo et Porto-Novo au Bénin.
Cependant, le projet a fait l’objet de critiques publiques concernant son impact sur l’environnement côtier, l’absence d’une étude d’impact environnemental présentée publiquement et l’insuffisance des mesures écologiques pour protéger les écosystèmes côtiers. Ces préoccupations doivent être prises en compte par les gouvernements nationaux indépendants et la CEDEAO pour garantir que l’autoroute côtière se développe comme un projet durable sans effets négatifs sur ces régions côtières.
Le point positif est que le développement de cette autoroute côtière devrait démocratiser l’environnement côtier, y compris les voies navigables et les plages, en les rendant accessibles au public. Dans de nombreux cas, comme à Lagos, ces zones sont actuellement des propriétés privées accessibles à quelques personnes seulement. C’est pourquoi il est d’une importance majeure d’inclure la régénération urbaine côtière dans le développement de l’autoroute trans-ouest africaine. Cela comprendra des sentiers piétonniers, des pistes cyclables, des espaces sociaux ouverts, des installations récréatives et bien d’autres opportunités architecturales qui créeront une restructuration sociale et économique importante des zones côtières.
Par conséquent, l’autoroute côtière trans-ouest africaine a le potentiel non seulement de résoudre les problèmes de transport de la région, mais également de servir de catalyseur pour les échanges culturels, l’intégration sociale et la régénération côtière grâce à des interventions architecturales réfléchies.