La participation du président français Emmanuel Macron en tant qu’invité principal au 75ème Jour de la République indienne était symboliquement et substantiellement une appréciation du partenariat stable et croissant.
L’année dernière, Modi et Macron se sont rencontrés à plusieurs reprises. Cela comprenait un geste spécial en invitant Modi comme invité principal au défilé du 14 juillet 2023. Après le sommet du G20 à Delhi, ils se sont à nouveau rencontrés à la COP28 à Abu Dhabi.
C’était la sixième fois qu’un dignitaire français était l’invité principal de la fête de la République, un record pour un pays.
L’Inde et la France entretiennent un partenariat stratégique de 25 ans. Dans le cadre d’Horizon 2047, un partenariat diversifié est envisagé. La France est le meilleur ami de l’Inde en Europe, un partenaire stable parmi les cinq permanents (P5) du Conseil de sécurité de l’ONU et le partenaire de défense le plus important après la Russie.
Dans l’autonomie stratégique de l’Inde, la France joue un rôle important dans un monde multipolaire que l’Inde préfère. La diversification indienne de la dépendance vis-à-vis de la Russie pour les équipements de défense fait de la France une alternative de premier plan. C’est également le pôle stratégique qui donne à l’Inde du poids dans la région Indo-Pacifique sans être appelée à participer à la rivalité des grandes puissances et à critiquer la Russie ou la Chine.
La visite de Macron a été gracieuse dans le sens où les Français savaient que l’invité de premier choix de l’Inde était le président américain Biden. Cette visite devait être la pierre angulaire d’un sommet Quad en Inde. En raison de contraintes intérieures, Biden a renoncé, retardant ainsi le sommet du Quad et ouvrant la question des invités principaux de la Fête de la République.
Pendant deux ans déjà, pendant la pandémie, il n’y avait pas d’invité principal. Au pied levé, Macron a accepté d’être l’invité principal, malgré ses propres préoccupations intérieures. Il faut reconnaître aux Français leur soutien à l’Inde dans de telles occasions.
La force majeure du partenariat réside dans l’engagement dans la défense, notamment l’achat de 36 Rafale, qui devrait être suivi de nouvelles commandes. La préférence de l’Inde est que les entreprises françaises produisent davantage en Inde et intègrent l’Inde aux chaînes d’approvisionnement de production de défense. Cela devrait inclure les Rafale, le projet d’hélicoptère, notamment le développement d’un moteur avec Safran, ainsi que les installations de production et de réparation de sous-marins.
La France devrait jouer un rôle plus actif auprès d’Airbus, avec qui l’Inde a plus de 500 commandes d’avions civils, pour ouvrir un MRO et un aéroparc où les entreprises pourraient investir dans la fabrication, les pièces détachées, les services et la R&D pour l’industrie aéronautique. L’Inde ne doit pas être considérée comme l’un des plus grands marchés d’avions civils et militaires.
L’autre domaine où une croissance rapide est possible est celui de l’espace. Dans ce secteur, la France est depuis de nombreuses années un partenaire important de l’Inde. Cela reste un domaine dans lequel les deux parties semblent s’entendre sur la nécessité de progresser. De même, dans le domaine du nucléaire civil, une telle coopération est possible.
Le troisième domaine important de coopération est la vision commune de l’Indo-Pacifique. La France et Quad font partie de la politique indo-pacifique de l’Inde, et la France est associée au volet sécurité maritime de l’Initiative des océans Indo-Pacifique.
La politique indo-pacifique de la France consiste à protéger ses territoires insulaires de l’océan Indien à l’océan Pacifique, à élargir son engagement, notamment dans le domaine économique, avec l’ASEAN et d’autres pays de la région, et à nouer des partenariats dans l’Indo-Pacifique qui ne sont pas nécessairement dépendant des États-Unis. L’Inde est à l’avant-garde de cette stratégie.
L’Inde et la France travaillent ensemble autour du Mozambique, où toutes deux ont investi dans le secteur gazier et ont fait face en coordination à l’insurrection à Cabo Delgado.
La France permet à l’Inde d’accéder, via les accords existants, à ses bases de Djibouti, de Mayotte et de la Réunion. L’Inde a soutenu l’adhésion de la France à l’IORA, tandis que la France a soutenu l’association de l’Inde à la Commission de l’océan Indien.
Aujourd’hui, l’Inde, la France et l’Australie, ainsi que l’Inde, la France et les Émirats arabes unis, ont mis en place des partenariats trilatéraux pour collaborer dans la région Indo-Pacifique. Les deux Rafale de l’armée de l’air et de l’espace française ayant participé au défilé aérien de la Fête de la République provenaient en réalité de déploiements français aux Émirats arabes unis.
Le Fonds trilatéral de coopération au développement indo-pacifique peut apporter un développement durable à la région, soutenu par l’expérience indienne en matière de coopération au développement et le financement français du développement, principalement par l’intermédiaire de l’Agence française de développement (AFD). La présence de l’AFD en Inde s’accroît parallèlement à celle de la Banque européenne d’investissement.
Attentes non satisfaites
Malgré le grand battage médiatique entourant le partenariat indo-français, certaines attentes ne sont pas satisfaites.
La première est que les accords conclus mettent trop de temps à porter leurs fruits. Le fonds trilatéral Indo-Pacifique en est un exemple. L’Inde dispose de fonds trilatéraux avec le Royaume-Uni et l’Allemagne déjà opérationnels en Afrique.
Avec la France, les discussions sont longues et souvent embourbées par la manière dont les processus français seront respectés. Cela remet en question l’idée selon laquelle les processus bureaucratiques indiens constituent un frein à la coopération.
Le retard incessant dans la réalisation de la centrale nucléaire de Jaitapur est une occasion manquée. Il est essentiel d’accélérer la mise en œuvre de ce qui a été convenu, en particulier dans le document Horizon 2047.
Deuxièmement, la France est à la traîne par rapport à d’autres partenaires dans son engagement économique avec l’Inde. Comparée à l’Allemagne et au Royaume-Uni, qui font partie du projet européen de l’Inde, la France est le partenaire le plus stratégique mais le moins engagé économiquement.
Le pays occupe le 9e rang dans la liste des contributeurs d’IDE en Inde en 2023, et ce chiffre pourrait augmenter si certains de ses investissements les plus importants dans les énergies renouvelables portent leurs fruits, mais il est derrière le Royaume-Uni au troisième rang et l’Allemagne au 8e rang dans la liste RBI. De même, parmi les partenaires de l’APD, même si le Japon et l’Allemagne figurent parmi les principaux partenaires, le rôle de la France est bien moindre.
Dans le domaine commercial également, la France a une empreinte plus faible que l’Allemagne ou le Royaume-Uni. On a l’impression que la France aime actuellement l’Inde en raison des grosses commandes d’avions qui soutiennent son industrie de défense et son industrie aéronautique. Lorsqu’il s’agit de financer les Objectifs de Développement Durable, les nouvelles chaînes de fabrication, ou encore les financements liés au climat, elle ne fait pas partie des partenaires de premier plan.
Sans un profil économique beaucoup plus élevé dans l’engagement de l’Inde, la France ne peut pas atteindre la stature renforcée qu’elle souhaiterait ni répondre aux attentes indiennes.
Les entreprises françaises déplorent l’absence d’un accord de libre-échange entre l’Inde et l’UE, mais n’ont pas trouvé de moyen de le contourner comme l’ont fait dans une certaine mesure les Allemands et les pays nordiques. Rien n’indique que Paris puisse influencer Bruxelles sur l’ALE, mais au moins Paris doit jouer un rôle beaucoup plus important au sein du Conseil du commerce et de la technologie, sur lequel se concentre désormais l’intention stratégique.
Pour s’appuyer sur le large horizon envisagé pour les 25 prochaines années, la France doit mettre en œuvre plus rapidement ses intentions déclarées, encourager ses entreprises à transférer des technologies vers les opérations indiennes et ouvrir davantage de chaînes de valeur basées sur la R&D pour faire de l’Inde un pôle de production et de services et un partenaire puissant dans tout l’Indo-Pacifique.
L’écrivain est un ancien ambassadeur en Allemagne, en Indonésie, en Éthiopie, auprès de l’ASEAN et de l’Union africaine. Il tweete @AmbGurjitSingh. Les opinions exprimées dans l’article ci-dessus sont personnelles et uniquement celles de l’auteur. Ils ne reflètent pas nécessairement Premier posteles vues de.
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