Plus de 740 000 personnes manifestent contre la réforme des retraites en France et affrontent la police

De nouveaux affrontements ont éclaté en France mardi entre manifestants et policiers alors que des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue pour manifester leur colère contre la réforme des retraites du président Emmanuel Macron qui a déclenché une crise intérieure majeure.
La journée de protestations et de grèves à l’échelle nationale appelées par les syndicats est la dixième depuis la mi-janvier contre la loi, qui prévoit notamment le relèvement de l’âge de la retraite de 62 à 64 ans.
Le mouvement s’est transformé en un défi majeur pour Macron qui a remporté un second mandat aux élections l’an dernier et présente la plus grande crise de son second mandat.
Quelque 13 000 policiers déployés dans tout le pays mardi après que jeudi dernier aient été les affrontements les plus violents à ce jour entre les manifestants et les forces de sécurité.
La police française a été accusée d’avoir fait un usage excessif de la force – à la fois par des manifestants et des organismes de défense des droits – et cela a encore attisé la colère des manifestants.
Dans l’est de Paris, la police a tiré des gaz lacrymogènes et lancé une charge après que des manifestants, vêtus de noir et le visage couvert, ont fait une descente dans une épicerie et déclenché un incendie alors que la marche se rapprochait de la Place de la Nation.
La police a déclaré qu’au moins 27 personnes avaient été arrêtées dans la capitale dans l’après-midi.
Lancer des projectiles
Les manifestants ont retardé des trains à la Gare de Lyon, l’une des gares les plus fréquentées de Paris, marchant sur les rails et allumant des fusées éclairantes dans ce qu’ils ont appelé une manifestation de solidarité envers un employé de chemin de fer qui a perdu un œil lors d’une précédente manifestation.
Dans la ville de Nantes, dans l’ouest du pays, des manifestants ont lancé des projectiles sur les forces de sécurité qui ont riposté avec des gaz lacrymogènes, a déclaré un journaliste de l’AFP. Une banque a été incendiée ainsi que des poubelles dans toute la ville.
La police a déployé des canons à eau dans la ville de Lyon, dans le sud-est, et des gaz lacrymogènes dans la ville de Lille, dans le nord, après que des manifestants ont causé des dégâts, notamment en brisant un arrêt de bus.
Les éboueurs de Paris suspendent à partir de mercredi une grève de trois semaines qui a vu des milliers de tonnes d’ordures s’accumuler dans la capitale, a indiqué le syndicat CGT.
Mais il a déclaré que cette décision visait à permettre à la coordination des travailleurs de « repartir encore plus fortement en grève », car moins de travailleurs étaient désormais en grève.
Près de deux semaines après que Macron a imposé la nouvelle loi sur les retraites au Parlement en utilisant une disposition spéciale, les syndicats ont juré de ne pas relâcher les manifestations de masse pour faire reculer le gouvernement.
Une visite d’État en France du roi de Grande-Bretagne Charles III, qui devait commencer dimanche, a été reportée en raison des troubles.
Entretiens politiques
Macron a eu lundi des entretiens de crise avec le Premier ministre Elisabeth Borne, d’autres ministres du cabinet et de hauts législateurs à l’Elysée.
« Nous devons continuer à tendre la main aux syndicats », a déclaré un participant à la réunion citant Macron, bien que le président ait rejeté toute révision de la loi sur les retraites.
Borne a programmé des entretiens sur trois semaines avec des parlementaires, des partis politiques et des autorités locales, tout en espérant toujours rencontrer des dirigeants syndicaux.
Laurent Berger, chef du syndicat modéré CFDT, a appelé à la nomination d’un médiateur entre les syndicats et le gouvernement comme « un geste en faveur d’un refroidissement et d’une sortie ».
Philippe Martinez, dirigeant du syndicat d’extrême gauche CGT, a déclaré: « L’objectif est le retrait » de la loi sur les retraites.
Mais le porte-parole du gouvernement, Olivier Veran, a déclaré que la loi n’était plus en discussion.
« C’est du passé maintenant », a-t-il dit.
« Rien ne change »
Le ministère français de l’Intérieur a estimé le taux de participation de mardi à environ 740 000 manifestants dans tout le pays, en légère baisse par rapport aux 1,09 million qui sont descendus dans la rue jeudi dernier.
Le syndicat CGT a déclaré que plus de deux millions de personnes avaient manifesté, également en baisse par rapport à son estimation de 3,5 millions le 23 mars.
Les jeunes ont joué un rôle important dans les manifestations de mardi, avec de nombreuses universités et lycées bloqués.
Jo Zeguelli, 19 ans, étudiant à l’université de la Sorbonne à Paris a déclaré : « Rien ne change. Macron n’a pas l’air de nous écouter. »
A Toulouse, Paul Castagne, 26 ans, doctorant en écologie dit craindre « ce que le gouvernement essaie de faire, c’est de laisser la situation se dégrader et de jouer sur la lassitude des gens ».
Les transports en commun à Paris ont été fortement touchés, le trafic des métros et des trains de banlieue étant perturbé.
Lundi, des travailleurs ont bloqué l’entrée du Louvre à Paris, le musée le plus visité au monde, forçant sa fermeture.
Comme les jours de grève précédents, la tour Eiffel à Paris et le château de Versailles à l’extérieur de la capitale ont également été fermés mardi.
(À l’exception du titre, cette histoire n’a pas été éditée par le personnel de NDTV et est publiée à partir d’un flux syndiqué.)