On a attendu « un peu trop longtemps pour ralentir » l’immigration, admet Marc Miller
La tension est montée cette semaine à Ottawa. Trois premiers ministres provinciaux ont fait front commun pour dénoncer la politique d’immigration du fédéral.
De plus, le premier ministre du Québec a affirmé qu’il espère que le gouvernement libéral soit renversé en raison de la hausse de l’immigration dans sa province. François Legault souhaite que l’immigration devienne le thème principal des prochaines élections fédérales.
Mercredi, Marc Miller a accusé les premiers ministres de l’Alberta, du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Écosse d’être des « nonos conservateurs » après que ceux-ci eurent publiquement pris en compte la politique fédérale sur les migrants.
Puis, jeudi, la sortie inusitée du premier ministre du Québec, qui réclame un changement de leader à Ottawa en invoquant le caractère trop laxiste de la politique fédérale en matière d’immigration, n’a pas aidé à apaiser les tensions entre les deux ordres. de gouvernement.
Sans donner raison aux doléances des provinces, le ministre fédéral de l’Immigration Marc Miller a livré samedi un rare aveu de lecture inadéquate de la situation en matière d’immigration par le gouvernement Trudeau au micro d’Alain Gravel à l’émission Les faits d’abord sur les ondes d’ICI Première.
Très franchement, on a pris un peu trop longtemps pour ralentir la machine.
M. Miller a cependant tenu à préciser qu’il ya eu, par le passé, de bonnes raisons
d’ouvrir les frontières, notamment après la pandémie de COVID-19, puisque de nombreuses entreprises réclamaient davantage de travailleurs étrangers au pays.
Grâce à cela, on a évité deux récessions
a soutenu le ministre.
Surchauffe
Malgré tout, depuis lors, il reconnaît que le vent a bel et bien tourné. Le système s’est visiblement surchauffé et, en tant que politiciens responsables, il faut prendre nos responsabilités et réagir.
at-il tout de même convenu.
C’est toujours facile de regarder en arrière puis de dire : « On aurait dû faire ceci ou cela. »
Il a quand même justifié les plus récentes mesures prises par son gouvernement, telles que la réimposition du visa en février pour les voyageurs mexicains – qui a selon lui permis de réduire de 80 % les demandes d’asile
en provenance de ce pays – ainsi que l’imposition en janvier d’un plafond de deux ans pour les étudiants étrangers acceptés au pays.
Mais ce n’est pas quelque chose qui se fait sentir du jour au lendemain
at-il précisé.
Puis, cette semaine, le gouvernement libéral a annoncé qu’il allait réduire de 10 % le nombre de permis d’études pour les étudiants étrangers.
Les mesures qu’on a prises récemment commencent à marcher
a assuré M. Miller. Mais c’est un grand paquebot et ça va prendre du temps. Je ne pense pas qu’elles vont se faire sentir de façon tangible avant le dernier quart de l’année 2025.
Cap sur les résultats
Il a ajouté que les réductions du nombre d’immigrants temporaires ont d’ores et déjà commencé à se faire sentir. Dans plusieurs villes, les loyers n’ont pas monté, ils ont même diminué, donc ça marche
at-il soutenu.
En entrevue, le ministre Miller a par ailleurs balayé du revers de la main la nécessité de déclencher des élections sur la question de l’immigration, faisant valoir que les Canadiens ne veulent pas d’élections
mais désirent plutôt voir les résultats
.
Les Canadiens veulent qu’on travaille pour eux, notamment sur [la question] de l’abordabilité
s’est-il défendu tout en ajoutant ne pas savoir si l’immigration sera au centre des préoccupations en vue des prochaines élections.
M. Miller a tenu à rappeler que l’immigration avait été un sujet très important lors des dernières élections fédérales qui ont porté le Parti libéral au pouvoir, notamment à l’époque où les crises politiques en Syrie et en Afghanistan avaient obligé plusieurs pays occidentaux à ouvrir leurs frontières.
Qu’on ait une élection demain ou dans un an, l’immigration sera toujours un thème important
at-il affirmé.
Trudeau est l’homme de la situation, assure Miller
Cependant, Justin Trudeau demeure-t-il toujours l’homme de la situation ? Pour affronter Pierre Poilievre, absolument
a aussitôt répondu le ministre.
Je vois [Justin Trudeau] avec un entrain que je n’ai pas vu depuis longtemps. Et quand je vois le premier ministre gonflé à bloc de cette façon, j’ai confiance en lui à 100 %
at-il affirmé.
[Mais] c’est sûr que le [Parti libéral du Canada] n’est plus aussi populaire qu’avant.
Il a notamment fait allusion à l’élection partielle de lundi dans la circonscription montréalaise de LaSalle-Émard-Verdun, où Justin Trudeau a perdu un autre château fort, cette fois-ci au profit du Bloc québécois.
Rappelons qu’en juin dernier, les libéraux avaient également perdu face aux conservateurs lors de l’élection partielle dans Toronto-St. Paul’s, pourtant un bastion libéral.
Il faut prendre au sérieux les [élections] partielles et les électeurs ont tranché. Mais les [élections] partielles ne sont pas la principale occasion pour appuyer le gouvernement aux urnes
at-il poursuivi, optimiste, tout en promettant que son parti allaitait apporter les changements nécessaires
.