Enfin! Après 653 jours de retard, la Belgique a un nouveau gouvernement et un Premier ministre, le libéral flamand Alexander de Croo.
En raison du COVID-19, le gouvernement a été présenté aux députés belges au Parlement européen, dont l’hémicycle est suffisamment grand pour permettre une distanciation sociale.
La motion de confiance a été adoptée dimanche dernier (3 octobre), avec 87 voix pour et 54 contre.
Pourquoi le processus a-t-il duré si longtemps?
C’est un nouveau record pour la Belgique, dont le système peut faire durer des mois, voire des années, des négociations politiques. Au cours de la dernière décennie, les Belges ont passé au total plus de trois ans sans gouvernement pleinement opérationnel. Le précédent record était de 589 jours entre le 26 avril 2010 et le 6 décembre 2011.
Cette fois, tout a commencé le 18 décembre 2018 avec la démission du gouvernement de Charles Michel, contraint de jeter l’éponge après le départ des nationalistes flamands de la coalition.
Michel a poursuivi sa direction jusqu’aux élections législatives fédérales du 26 mai 2019 … qui ont conduit à une nouvelle impasse.
Qu’est-ce qui a causé l’impasse?
La Flandre, la partie néerlandophone du pays, a voté pour des partis de droite tels que la Nouvelle Alliance flamande (N-VA) et le parti d’extrême droite Vlaams Belang (VB), tandis que la Wallonie francophone a opté pour des partis de gauche , comme le Parti socialiste (PS) et les verts.
Ces camps rivaux ne s’entendaient pas.
En décembre 2019, Michel a été nommé président du Conseil européen et a laissé la place à la nouvelle Premier ministre par intérim Sophie Wilmès, la première femme à occuper le poste en Belgique.
Comment sont-ils parvenus à un accord?
Il a fallu la pandémie mondiale de coronavirus et un appel cet été du roi Philippe de Belgique à un gouvernement «résolu et stable» pour éclaircir la situation.
Les partis s’étaient donnés 50 jours pour conclure un accord, sinon il n’y avait qu’une seule solution: de nouvelles élections, dont personne ne voulait. En effet, les résultats risquaient d’être les mêmes qu’en 2019.
Mercredi 30 septembre, les libéraux du Mouvement réformiste (MR) et de l’Open Flemish Liberals and Democrats (Open VLD), les socialistes du PS et de la Sp.a, les partis verts Ecolo et Groen, et les chrétiens démocrates et le parti flamand (CD&V), se sont réunis pour former une coalition. Ses quatre forces politiques distinctes lui ont donné le surnom de «Vivaldi», du nom des «Quatre saisons» du célèbre compositeur.
Qui est le nouveau Premier ministre?
De Croo, 44 ans, est de l’Open VLD libéral. Il a été ingénieur et consultant avant de se tourner vers la politique, sur les traces de son père Herman de Croo.
L’homme qui est aujourd’hui Premier ministre s’est présenté sans succès aux élections européennes de 2009, avant d’être élu président du VLD six mois plus tard. Il a été ministre sous différents gouvernements et vice-premier ministre sous Charles Michel et Sophie Wilmès.
Avant de prendre ses fonctions au Seize, le bureau officiel du Premier ministre au 16, rue de la Loi à Bruxelles, il était surtout connu pour avoir provoqué la chute du gouvernement fédéral en 2010.
Ce gouvernement peut-il survivre?
Les Flamands de la V-VA nationaliste et de l’extrême droite VB opposeront toutes leurs forces à la nouvelle coalition «Vivaldi» dont ils ne font pas partie.
De Croo a appelé à « la coopération, le respect et la solidarité », mais il sait que gérer une alliance de sept partis sera loin d’être facile.
La bataille contre le COVID-19, l’investissement dans la santé, la réforme fiscale … le programme du nouveau gouvernement est vaste. Premièrement, ils ont juste besoin de s’entendre.