Nous ne tirons pas les leçons de la crise des soins de longue durée. En fait, nous répétons peut-être déjà des erreurs
La campagne électorale de l’Ontario est presque terminée, et nous avons réussi à la traverser sans nous attaquer sérieusement à la plus grande crise que la province ait connue depuis des décennies.
Une grande partie du blâme revient aux politiciens, qui n’ont pas voulu passer beaucoup de temps à ressasser la pandémie et, plus précisément, comment l’Ontario a raté la crise des soins de longue durée.
Mais au moins une part égale revient au reste d’entre nous, les électeurs qui sont passés à autre chose, ont tourné la page, ont commencé à être obsédés par la prochaine crise ou celle d’après.
En fin de compte, les politiciens s’inspirent de nous ; ils gagnent leur vie en découvrant ce qui nous préoccupe et en nous le renvoyant avec des «plans d’action» en 10 points joints.
Alors ils parlaient sans cesse du prix de tout, promettant de baisser le prix des choses, comme l’essence et la nourriture, bien au-delà du contrôle des simples fonctionnaires provinciaux.
Ceux qui oublient leur histoire, dit le vieil adage, sont condamnés à la répéter. Combien cela doit être plus vrai pour ceux qui commencent à oublier avant même que cela ne devienne l’histoire.
Il est dommage qu’aucun des dirigeants n’ait vu l’importance d’utiliser la campagne comme un moment pour commencer à tirer les leçons de la pandémie. Et, le plus important de tout, pour s’assurer que les pires erreurs dans les soins de longue durée ne se reproduisent jamais.
Pour les partis d’opposition, cela aurait bien pu fournir une ligne d’attaque efficace contre Doug Ford, qui a après tout présidé à ces erreurs – pas dans un passé lointain mais il y a seulement 18 mois environ. Près de 4 500 Ontariens sont morts du COVID alors qu’ils étaient en soins de longue durée, et c’est un record que le premier ministre aurait dû être obligé de défendre.
Au lieu de cela, son gouvernement est déjà bien engagé dans une voie qui risque de répéter certaines de ces erreurs. Ou du moins maintenir en place pour les décennies à venir le même modèle de soins qui a si mal échoué pendant la pandémie.
Le gouvernement dit qu’il se concentre sur l’expansion du système, et c’est le cas si vous regardez les dollars totaux et les nouveaux « lits » qui sont construits ou planifiés. Son récent budget indique que près de 32 000 nouveaux lits de SLD sont prévus d’ici 2028, avec des milliers d’autres lits existants à réaménager et à moderniser. La facture totale pour les contribuables sera de plusieurs milliards.
Mais à quel type de système l’Ontario se retrouvera-t-il? Marco Chown Oved, Kenyon Wallace et Ed Tubb du Star rapportent que si les PC sont réélus jeudi, ce sera un PC sensiblement similaire à celui que nous avions avant et pendant la pandémie, un géré très largement par des privés, pour- sociétés à but lucratif.
Selon leurs rapports, plus de la moitié des lits nouveaux et réaménagés prévus par le gouvernement devraient aller dans des foyers exploités par ces entreprises, dont beaucoup avaient des taux de mortalité nettement plus élevés que les foyers à but non lucratif ou municipaux. Trente pour cent doivent aller à des organismes sans but lucratif et seulement 6 % à des foyers gérés par la ville.
«Le résultat final», écrivent-ils, «ce sont des milliards de dollars d’argent des contribuables qui vont au modèle même de soins aux personnes âgées qui a échoué pendant la pandémie – entraînant près de 4 400 décès de résidents – le bloquant pendant des décennies.»
Les néo-démocrates et les libéraux de l’opposition, à l’opposé, demandent l’élimination complète des soins privés dans les soins de longue durée.
Ce n’est pas une question simple; les entreprises privées, par exemple, insistent sur le fait qu’il existe de nombreux autres facteurs en plus du modèle de propriété d’une maison pour expliquer son taux de décès de résidents pendant la pandémie.
Mais n’est-ce pas exactement le genre de débat que nous aurions dû avoir au cours de cette campagne électorale pour la plupart insipide ? N’aurions-nous pas dû commencer à tirer les leçons de notre douloureuse histoire récente ?