Monnaie numérique : à quoi pourrait ressembler une version canadienne

Une monnaie numérique canadienne, en fait une version virtuelle de l’argent liquide, pourrait apporter un certain nombre d’avantages pour le pays – ainsi que des problèmes potentiels que les gouvernements et les citoyens doivent surveiller – selon un expert.

La Banque du Canada est en train de recueillir les commentaires des Canadiens sur ce à quoi pourrait ressembler une éventuelle monnaie numérique, également appelée monnaie numérique de la banque centrale. L’enquête en ligne se déroule jusqu’au 19 juin.

« Avec d’autres crypto-monnaies, elles ont leurs propres mécanismes de gouvernance et elles fonctionnent sur Internet », a expliqué Ori Freiman, chercheur postdoctoral au Digital Society Lab de l’Université McMaster, à Your Morning de CTV vendredi.

« Avec la monnaie numérique de la banque centrale, elle est entièrement contrôlée par une banque centrale et donc réglementée, et elle aura très probablement sa propre infrastructure de paiement, donc c’est complètement différent. »

COMMENT CELA FONCTIONNERAIT-IL?

Une vidéo de la Banque du Canada indique qu’une monnaie numérique aurait la même valeur en dollars que l’argent comptant, mais sans qu’il soit nécessaire de transporter plusieurs factures ou de changer. Il pourrait également être utilisé pour les achats en personne et en ligne.

Semblable à la détention d’espèces dans votre portefeuille, vous ne gagnerez pas d’intérêts sur votre monnaie numérique, déclare la Banque.

Selon la conception, une monnaie numérique peut être stockée sur un téléphone, une carte de débit ou un autre appareil, et même fonctionner sans Internet.

Freiman, dont le travail s’est concentré en partie sur les défis démocratiques potentiels des monnaies numériques des banques centrales, affirme que la technologie recèle un grand potentiel positif, notamment la capacité de retracer les transactions et de lutter contre le crime organisé et le blanchiment d’argent.

Les gouvernements pourraient également l’utiliser pour des avantages financiers spécifiques liés à la nourriture ou au loyer.

QUELLES SONT LES PREOCCUPATIONS ?

Bien qu’il ne veuille pas encore « diaboliser » la technologie, Freiman a fait part de ses inquiétudes quant à la façon dont certains gouvernements pourraient abuser d’une monnaie numérique.

« Les gouvernements du monde entier, en principe, aiment utiliser les outils qui sont sur les tables, nous pensons donc que progressivement, les gouvernements seront en mesure de surveiller et de contrôler les transactions financières des citoyens », a-t-il déclaré.

« Cela signifie qu’ils seront en mesure de profiler les gens en fonction de leurs transactions, de localiser l’activisme social et les dissidents politiques et d’agir contre eux. Il s’agit donc de libertés civiles et de démocratie. »

Le groupe de réflexion américain Atlantic Council indique que 11 pays ont lancé leurs propres monnaies numériques à ce jour, dont la Jamaïque, les Bahamas, le Nigeria et huit pays des Caraïbes orientales, avec plus de 100 autres à diverses phases d’exploration ou de développement.

Bien que la Banque du Canada affirme qu’elle ne voit pas le besoin d’une monnaie numérique pour le moment, elle se prépare au besoin potentiel d’une monnaie si les espèces ne sont pas aussi largement acceptées dans les transactions quotidiennes, ce qui crée des problèmes pour ceux qui n’ont pas de compte bancaire, par exemple.

La Banque affirme également que le fait d’avoir une monnaie numérique pourrait aider à protéger l’économie « en garantissant que les Canadiens disposent toujours d’une option de paiement numérique officielle, sûre et stable en dollars canadiens ».

Le sondage de la Banque du Canada peut être consulté ici.


Regardez l’intégralité de l’interview d’Ori Freiman en haut de l’article. Avec des fichiers de La Presse Canadienne.