Manifestations et affrontements à travers la France après que le gouvernement a fait adopter un changement de retraite sans vote

Le président français Emmanuel Macron a ordonné jeudi à son Premier ministre d’exercer un pouvoir constitutionnel spécial qui contourne le Parlement pour imposer un projet de loi très impopulaire portant l’âge de la retraite de 62 à 64 ans sans vote.

Son risque calculé – utiliser l’article 49.3 de la constitution pour éviter un vote sur les mesures de réforme – a déclenché une clameur parmi les législateurs, qui ont commencé à chanter l’hymne national avant même l’arrivée du Premier ministre Elisabeth Borne à la chambre basse. Elle a parlé avec force par-dessus leurs cris, reconnaissant que la décision unilatérale de Macron déclenchera de rapides motions de défiance envers son gouvernement.

La fureur des législateurs de l’opposition a fait écho à la colère des citoyens et des syndicats de travailleurs.

Des milliers de personnes se sont rassemblées lors d’une manifestation imprévue sur la place de la Concorde face à l’Assemblée nationale, allumant un feu de joie. À la tombée de la nuit, la police a tiré des gaz lacrymogènes et chargé les manifestants par vagues pour dégager la zone.

De petits groupes de personnes chassées se sont déplacés dans les rues voisines du quartier chic, provoquant des incendies de rue. Au moins 120 ont été arrêtés, a indiqué la police.

Un manifestant lance un projectile au milieu d’affrontements lors d’une manifestation après que la Première ministre française Elisabeth Borne a utilisé une clause spéciale de la Constitution française pour faire passer un projet de loi sur la réforme des retraites à l’Assemblée nationale sans vote, à Nantes, en France, jeudi. (Stéphane Mahé/Reuters)

Boutiques, façades de banques brisées

Des scènes similaires se sont répétées dans de nombreuses autres villes, de Rennes et Nantes à l’est à Lyon et la ville portuaire du sud de Marseille, où les vitrines des magasins et les façades des banques ont été brisées, selon les médias français. Les groupes radicaux de gauche ont été blâmés pour au moins une partie de la destruction.

Les syndicats qui ont organisé des grèves et des marches depuis janvier, laissant Paris puant dans des tas d’ordures, ont annoncé de nouveaux rassemblements et marches de protestation dans les jours à venir. « Cette réforme des retraites est brutale, injuste, injustifiée pour le monde ouvrier », ont-ils déclaré.

Les syndicats français ont appelé à une nouvelle journée de grève et d’action contre la réforme le 23 mars.

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Manifestations et affrontements à travers la France après que le gouvernement a fait adopter un changement de retraite sans vote

Manifestation à Paris après l’adoption de la réforme des retraites

Une foule de plus de 2 000 manifestants a exprimé son mécontentement envers la Première ministre française Elisabeth Borne, après qu’elle ait fait passer un projet de loi sur la réforme des retraites par l’Assemblée nationale sans vote.

Potentiel de «colère incontrôlable»

Les sondages d’opinion montrent qu’une grande majorité des électeurs s’opposent à la réforme des retraites, tout comme les syndicats, qui disent qu’il existe d’autres moyens d’équilibrer les comptes, notamment en taxant davantage les riches.

La décision du gouvernement est susceptible d’enrager davantage les syndicats, les manifestants et les partis d’opposition de gauche qui affirment que la refonte des retraites est injuste et inutile.

Le chef du Parti socialiste, Olivier Faure, a déclaré jeudi à Reuters qu’il pourrait déclencher une « colère incontrôlable » après des semaines de grèves et de manifestations qui ont frappé la production d’électricité, bloqué certaines expéditions des raffineries et vu les ordures s’accumuler dans les rues de Paris.

« Nous sommes plus déterminés que jamais », a déclaré le syndicaliste CGT Christophe Jouanneau dans une raffinerie en grève à Donges, dans l’ouest de la France. « A partir de la semaine prochaine, nous passerons à la vitesse supérieure. »

Les partis d’opposition ont déclaré qu’ils demanderaient un vote de défiance à l’égard du gouvernement, qui sera voté dans les prochains jours, peut-être lundi.

Des personnes tenant des parapluies contre des projectiles sont éclairées contre un nuage de gaz lacrymogène.
Les manifestants qui protestaient contre la nouvelle loi ont brisé des fenêtres et allumé des incendies. Plus de 120 personnes avaient été arrêtées dans la soirée. (Stéphane Mahé/Reuters)