La réticence de Paris à donner son feu vert au bureau de Tokyo aurait « compliqué des mois de discussion » au sein du bloc militaire dirigé par les États-Unis
Le président français Emmanuel Macron a refusé d’approuver un projet d’ouverture d’un bureau de liaison de l’OTAN au Japon, arguant que l’organisation ne devrait pas s’étendre au-delà de l’Atlantique Nord, a rapporté le Financial Times.
L’opposition de Macron à la nouvelle installation prévue à Tokyo, qui serait le premier bureau de ce type de l’OTAN en Asie, a entraîné une impasse de plusieurs mois au sein du bloc, ont déclaré lundi à FT huit sources proches des pourparlers.
L’ouverture d’un centre de liaison au Japon nécessiterait le consentement unanime du Conseil de l’Atlantique Nord de l’OTAN, ce qui signifie que Paris a la capacité de faire échouer la proposition. Selon l’une des sources contactées par le Financial Times, Macron estime que la charte de l’organisme impose des limitations géographiques qui empêchent l’OTAN de s’étendre en Asie.
Lors d’une conférence la semaine dernière, le président aurait averti que pousser l’OTAN à élargir sa « spectre et géographie » serait « une grosse erreur. »
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Une autre source anonyme a déclaré au média que Paris n’était pas disposé à soutenir une politique qui « contribue à la tension OTAN-Chine », car Pékin a déjà fait part de ses appréhensions concernant le projet de bureau de liaison.
Le mois dernier, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Mao Ning, a déclaré que l’OTAN devrait rester dans sa propre sphère d’influence et ne pas chercher à accroître sa présence en Asie, arguant que la région « n’accueille pas la confrontation de blocs ou les blocs militaires. »
Le programme a été discuté par intermittence depuis 2007, lorsque le Premier ministre japonais de l’époque, Shinzo Abe, s’est rendu pour la première fois au siège de l’OTAN, et a de nouveau été évoqué ces derniers mois. Tokyo a régulièrement renforcé sa coopération avec le bloc au fil des ans, ouvrant sa première succursale de l’OTAN à Bruxelles en 2018, tandis que le Premier ministre Fumio Kishida est devenu le premier dirigeant japonais à assister à un sommet de l’OTAN l’année dernière.
![Le Premier ministre japonais se prononce sur l'adhésion à l'OTAN](https://mf.b37mrtl.ru/files/2023.05/xxs/646db60920302748ac4f0a17.jpg)
Le collectif militaire dirigé par les États-Unis maintient plus d’une douzaine de centres de liaison dans le monde, la plupart servant de points de contact de base avec des responsables d’États non membres. Bien que l’OTAN n’ait pas décrit en détail ses plans pour Tokyo, ce bureau aurait une fonction similaire et n’aurait qu’un petit personnel.
Bien que le Japon ait déclaré qu’il était toujours en discussion pour ouvrir le bureau, Kishida a récemment noté qu’aucune décision finale n’avait été prise sur le déménagement, affirmant également que Tokyo n’avait aucun intérêt à rejoindre l’OTAN malgré l’intensification des interactions au cours des dernières années.