Macron dit qu’il ne cèdera pas aux protestations contre les retraites

  • Les grandes villes de France ont été touchées par des manifestations au milieu de la colère suscitée par la réforme des retraites.
  • Au moins 441 policiers ont été blessés et plus de 400 personnes ont été arrêtées.
  • Selon le président Emmanuel Macron, le projet de loi visant à faire passer l’âge de la retraite de 62 à 64 ans est nécessaire pour maintenir le système à flot.

Le président Emmanuel Macron a déclaré vendredi qu’il poursuivrait les réformes, esquivant l’appel d’un dirigeant syndical à suspendre une nouvelle loi sur les retraites au milieu de certaines des pires violences de rue en France depuis des années.

Il y a eu de violents affrontements à travers le pays jeudi soir en marge de manifestations par ailleurs pacifiques qui ont rassemblé pendant des semaines des foules immenses contre une augmentation de l’âge de la retraite de deux ans à 64 ans.

Un commissariat de police a été pris pour cible dans la ville de Lorient, dans l’ouest du pays, l’entrée principale de la mairie de Bordeaux a été incendiée et des centaines d’incendies ont été enregistrés dans tout le pays. Quelque 441 policiers ont été blessés et 475 personnes ont été arrêtées. Des dizaines de manifestants ont également été blessés.

Dans ce contexte, la visite d’Etat du roi Charles de Grande-Bretagne en France, qui devait débuter dimanche, a été reportée.

Plus tôt dans la journée, le patron du syndicat CFDT, Laurent Berger, a exhorté Macron à « faire un geste » pour calmer le jeu. La solution, a suggéré l’influent Berger, serait de suspendre la réforme pendant six mois et de rechercher des compromis.

Mais interrogé à ce sujet après un sommet européen à Bruxelles, Macron n’a fait que répéter les commentaires qu’il avait faits plus tôt cette semaine sur son ouverture à discuter de futurs changements de politique avec les syndicats.

« Nous continuerons d’avancer. La France ne peut pas être à l’arrêt », a-t-il déclaré. « Nous ne céderons rien à la violence, je condamne la violence avec la plus grande force. »

Il a ajouté que la loi sur les retraites, que le gouvernement a fait passer au Parlement sans vote, suivrait simplement son cours – qui est maintenant un examen de sa légalité par le Conseil constitutionnel français.

Violents affrontements

À Paris et dans de nombreuses villes du pays, des équipes de nettoyage ont passé au crible du verre brisé, des poubelles carbonisées et des arrêts de bus brisés après de violents affrontements nocturnes entre des anarchistes vêtus de noir et la police. Une étiquette sur un guichet automatique disait : « Paris brûle ».

Les sondages d’opinion montrent qu’une large majorité d’électeurs sont opposés au projet de loi sur les retraites. Ils ont été encore plus irrités par la décision du gouvernement de sauter le vote au parlement et par Macron comparant certaines des manifestations à la prise d’assaut du Capitole américain le 6 janvier 2021.

La dernière vague de protestations et d’affrontements est devenue le défi le plus sérieux à l’autorité de Macron depuis la révolte des « gilets jaunes » de la classe ouvrière mécontente il y a quatre ans.

Sur une vitrine brisée d’un Starbucks à Paris, quelqu’un avait tagué « Démocratie » en grosses lettres rouges. D’autres tags vus sur des kiosques à journaux incendiés et des vitrines endommagées indiquaient « Anti-Macron » et « Macron, démissionnez ».

Pour Paul, un retraité parisien, cela allait trop loin.

Il a dit:

La violence n’a jamais été un moyen de se faire entendre.

Mais Bastien Mrozovski, 30 ans, s’est montré plus compréhensif, à un moment où les sondages montrent que beaucoup sont contrariés par le style de leadership de Macron.

« Il y a eu des tentatives d’essayer avec la diplomatie douce, avec les syndicats, avec des manifestations qui ont été assez pacifiques ces dernières semaines. Maintenant, il y a forcement un seuil franchi, ce qui conduit à la violence de l’autre côté », a déclaré Mrozovski.

Les syndicats ont appelé à une action régionale au cours du week-end et à de nouvelles grèves et manifestations à l’échelle nationale mardi.