L’organisme de surveillance reproche à la DEA de ne pas avoir signalé le phénomène de simulation de noyade et de torture commis par ses partenaires latino-américains
MIAMI– Un organisme de surveillance du gouvernement fédéral critique la Drug Enforcement Administration des États-Unis pour ne pas avoir signalé en temps opportun les violations des droits de l’homme commises par des partenaires latino-américains chargés de l’application des lois qui ont admis avoir simulé, asphyxié et torturé des suspects de crimes.
Le note consultative de la direction publié mardi par le Bureau de l’Inspecteur général du ministère de la Justice se concentre sur les obligations de la DEA en vertu de ce que l’on appelle la loi Leahy, qui interdit aux États-Unis de fournir une aide étrangère aux forces de sécurité qui violent les droits de l’homme.
Les policiers étrangers et les unités travaillant en étroite collaboration avec la DEA en première ligne de la guerre contre la drogue doivent se soumettre à des contrôles pour se conformer à la loi, l’un des outils les plus importants dont disposent les États-Unis pour promouvoir le respect des droits de l’homme au sein des forces de sécurité.
L’Inspecteur général, dans le cadre d’un audit en cours sur l’utilisation par la DEA des examens polygraphiques dans le cadre du processus de vérification, a découvert cinq cas dans lesquels la DEA n’a pas informé le Département d’État des violations potentielles constatées l’année dernière.
Dans un cas, trois officiers d’un pays d’Amérique centrale non identifié ont admis avoir fait du simulation de noyade et placé des sacs en plastique sur la tête de suspects pour obtenir des informations, a indiqué l’organisme de surveillance. Un autre, également originaire d’Amérique centrale, et qui avait déjà été autorisé à recevoir une formation d’une autre agence fédérale américaine, a reconnu avoir utilisé un Taser jusqu’à ce que les suspects s’évanouissent ou vomissent. Enfin, un officier d’une unité dirigée par la DEA dans un pays d’Amérique du Sud a admis avoir battu un suspect détenu alors qu’il était menotté à une chaise.
Dans les cinq cas, la DEA a attendu que l’inspecteur général fasse part de ses préoccupations – dans un cas près de neuf mois – avant de communiquer ses conclusions au Département d’État.
La DEA n’a pas immédiatement répondu à une demande de commentaires.
Mais dans le cadre de l’audit, l’organisme a déclaré à l’inspecteur général qu’au moment des incidents, il n’avait pas mis en place de politique, de procédures et de formation pour garantir que les contrevenants potentiels soient portés à l’attention du Département d’État. Depuis, il a mis à jour ses politiques pour former les agents aux lignes directrices de la loi Leahy et garantir que les contrevenants soient identifiés en temps opportun.
La semaine dernière, l’inspecteur général a publié un rapport de 49 pages détaillant comment la DEA a embauché au cours des dernières années près de 300 agents spéciaux et analystes de recherche qui soit n’ont pas réussi un examen polygraphique requis lors du processus d’intégration, soit ont fourni des informations disqualifiantes lors de l’examen.
Bien que les examens polygraphiques ne soient généralement pas admissibles dans les procédures judiciaires, ils sont fréquemment utilisés par les organismes fédéraux chargés de l’application des lois et pour les autorisations de sécurité nationale.
La DEA a longtemps résisté aux forces de l’ordre fédérales en n’exigeant pas que les candidats passent un test de détecteur de mensonge avant d’être embauchés. Mais en 2019, après un série de scandales à l’étranger, y compris des révélations selon lesquelles un agent autrefois vedette en Colombie qui avait conspiré avec des cartels avait été embauché malgré des signes de tromperie au détecteur de mensonges, l’entreprise a resserré ses procédures.