Dans ce qui s’annonce comme un moment sismique dans la politique canadienne, la ministre des Finances Chrystia Freeland a annoncé lundi qu’elle démissionnait du cabinet du premier ministre Justin Trudeau. Elle a rendu public sa lettre de démission quelques heures seulement avant de présenter l’énoncé économique de l’automne du gouvernement.
Voici le texte de sa lettre.
Cher Premier Ministre,
Ce fut l’honneur de ma vie de servir au gouvernement, de travailler pour le Canada et les Canadiens. Nous avons accompli beaucoup de choses ensemble.
Vendredi, vous m’avez dit que vous ne vouliez plus que je sois votre ministre des Finances et m’avez proposé un autre poste au sein du cabinet.
Après réflexion, j’ai conclu que la seule voie honnête et viable est pour moi de démissionner du cabinet.
Pour être efficace, un ministre doit parler au nom du Premier ministre et avec toute sa confiance. En prenant votre décision, vous avez clairement indiqué que je ne jouis plus de manière crédible de cette confiance et que je ne possédais plus l’autorité qui l’accompagne.
Au cours des dernières semaines, vous et moi sommes en désaccord sur la meilleure voie à suivre pour le Canada.
Notre pays est aujourd’hui confronté à un grave défi. La nouvelle administration américaine poursuit une politique de nationalisme économique agressif, incluant la menace de droits de douane de 25 pour cent.
Nous devons prendre cette menace extrêmement au sérieux. Cela signifie garder notre poudre budgétaire au sec aujourd’hui, afin que nous disposions des réserves dont nous pourrions avoir besoin pour une guerre tarifaire à venir. Cela signifie éviter les stratagèmes politiques coûteux, que nous ne pouvons pas nous permettre et qui font douter les Canadiens que nous reconnaissons la gravité du moment.
Cela signifie s’opposer au nationalisme économique de « l’Amérique d’abord » en s’efforçant résolument de lutter pour les capitaux, les investissements et les emplois qu’ils génèrent. Cela signifie travailler de bonne foi et d’humilité avec les premiers ministres des provinces et des territoires de notre grand et diversifié pays et bâtir une véritable réponse d’Équipe Canada.
Je sais que les Canadiens reconnaîtraient et respecteraient une telle approche. Ils savent quand nous travaillons pour eux, et ils savent également quand nous sommes concentrés sur nous-mêmes. Inévitablement, notre mandat au gouvernement prendra fin. Mais la manière dont nous ferons face à la menace à laquelle notre pays est actuellement confronté nous définira pour une génération, et peut-être plus longtemps. Le Canada gagnera si nous sommes forts, intelligents et unis.
C’est cette conviction qui a motivé mes efforts acharnés cet automne pour gérer nos dépenses de manière à nous donner la flexibilité dont nous aurons besoin pour relever les graves défis présentés par les États-Unis.
Je serai toujours reconnaissant d’avoir la chance d’avoir servi au sein du gouvernement et je serai toujours fier du travail de notre gouvernement pour le Canada et les Canadiens.
J’ai hâte de continuer à travailler avec mes collègues en tant que député libéral et je suis déterminé à me présenter à nouveau à mon siège à Toronto lors des prochaines élections fédérales.
Avec gratitude,
L’honorable Chrystia Freeland, CP, députée