Une étude de neuroimagerie menée au Canada a révélé des différences de connectivité fonctionnelle entre les individus souffrant de SSPT dissociatif et les participants en bonne santé dans de nombreuses régions différentes du cerveau. Les chercheurs ont découvert des modèles d’hyperconnectivité fonctionnelle répandus chez les personnes atteintes du SSPT qui remplissent probablement une fonction compensatoire, contribuant ainsi à préserver le fonctionnement global du cerveau. L’étude a été publiée dans Nature Santé mentale.
Le trouble de stress post-traumatique dissociatif est un sous-type de TSPT caractérisé par la présence de symptômes dissociatifs en plus des symptômes typiques du TSPT. Les personnes atteintes de TSPT dissociatif éprouvent des sentiments de détachement ou de déconnexion de leur environnement ou d’elles-mêmes, qui peuvent se manifester par une dépersonnalisation (sentiment de détachement de son corps ou de soi-même) et une déréalisation (sentiment de détachement du monde extérieur).
Ce sous-type de TSPT survient souvent chez les personnes qui ont subi un traumatisme grave et prolongé, comme des maltraitances durant l’enfance ou de multiples événements traumatiques. Les symptômes dissociatifs servent de mécanisme d’adaptation pour aider la personne à gérer un stress et une anxiété accablants. Ces symptômes peuvent compliquer le diagnostic et le traitement du TSPT, car ils peuvent interférer avec la capacité de la personne à traiter et à intégrer les souvenirs traumatiques.
L’auteur de l’étude, Saurabh B. Shaw, et ses collègues notent que des études antérieures ont révélé que les cerveaux d’individus atteints de SSPT dissociatif présentaient des schémas spécifiques d’activité neuronale. Les schémas d’activité neuronale des individus atteints de SSPT dissociatif ont également tendance à être différents de ceux des individus atteints d’autres types de SSPT. Ces chercheurs ont cherché à s’appuyer sur les travaux antérieurs et à cartographier les différences dans les schémas d’activité neuronale dans différentes zones du cerveau.
Sur la base de résultats antérieurs, les auteurs de l’étude s’attendaient à trouver une connectivité fonctionnelle améliorée à l’état de repos dans les régions du cerveau impliquées dans les réseaux sensoriels et moteurs, ainsi que dans le réseau de saillance du cerveau. Le réseau de saillance est un groupe de régions cérébrales, comprenant principalement l’insula antérieure et le cortex cingulaire antérieur, qui travaillent ensemble pour détecter et filtrer les stimuli pertinents et faciliter le basculement entre les différents réseaux cérébraux impliqués dans l’attention et le contrôle cognitif. La connectivité fonctionnelle à l’état de repos fait référence à la manière dont différentes parties du cerveau communiquent naturellement entre elles lorsqu’une personne est détendue et non concentrée sur une activité spécifique.
Les auteurs de l’étude ont également prévu que les différences seraient plus prononcées dans les régions cérébrales du cortex préfrontal ventromédian, du cervelet et du cortex fronto-orbitaire, les participants souffrant de SSPT dissociatif présentant une connectivité fonctionnelle altérée.
Les participants à l’étude comprenaient 50 adultes souffrant de la forme dissociative du TSPT, 84 souffrant d’autres types de TSPT et 63 personnes en bonne santé servant de témoins. Ils ont été recrutés entre 2009 et 2022 grâce à une combinaison de références de professionnels de la santé et d’annonces au sein de la communauté de London, en Ontario, au Canada. Les participants à l’étude ont rempli une série de questionnaires évaluant leurs caractéristiques démographiques, comportementales et cliniques. Ils ont également subi une imagerie par résonance magnétique de leur cerveau.
Les résultats ont montré de petites différences de connectivité fonctionnelle entre les participants atteints de TSPT et les participants sains dans les régions temporales du cerveau et le réseau fronto-pariétal droit. Le réseau fronto-pariétal droit est un réseau cérébral impliquant les lobes frontaux et pariétaux droits. Il est associé à l’attention, à la mémoire de travail et au contrôle cognitif.
Les différences de connectivité fonctionnelle entre les participants souffrant de TSPT dissociatif et les participants en bonne santé étaient répandues et beaucoup plus importantes. Elles couvraient les régions sous-corticales du cerveau, les régions sensorimotrices et d’autres réseaux de connectivité intrinsèque. Les réseaux de connectivité intrinsèque sont des réseaux cérébraux qui présentent des schémas cohérents d’activité synchronisée lorsque le cerveau est au repos, reflétant son architecture fonctionnelle fondamentale.
« On pense que ces modèles d’hyperconnectivité remplissent une fonction compensatoire pour préserver le fonctionnement global du cerveau chez les participants subissant une dissociation liée à un traumatisme », concluent les auteurs de l’étude.
L’étude met en lumière les différences dans les schémas d’activité neuronale entre les individus en bonne santé et les individus souffrant du SSPT. Cependant, l’étude a utilisé comme témoin un groupe de participants en bonne santé n’ayant pas subi de traumatisme, et non des individus ayant survécu à un traumatisme mais restant en bonne santé. Pour cette raison, on ne sait pas si les différences observées sont des indicateurs de l’expérience traumatisante ou du SSPT.
Le papier, « Modèles d’hyperconnectivité fonctionnelle à grande échelle dans la dissociation liée à un traumatisme : une étude rs-fMRI du SSPT et de son sous-type dissociatif», a été rédigé par Saurabh B. Shaw, Braeden A. Terpou, Maria Densmore, Jean Théberge, Paul Frewen, Margaret C. McKinnon et Ruth A. Lanius.
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