Une nouvelle étude publiée dans la revue Cognition a constaté que les personnes ayant des niveaux plus faibles de traits autistes montrent une tendance persistante à accorder plus d’attention aux images d’animaux par rapport aux images d’objets inanimés. Mais les individus ayant des niveaux plus élevés de traits autistes ne présentent pas ce même biais attentionnel. Ces résultats suggèrent un lien potentiel entre notre capacité inhérente à repérer rapidement les créatures vivantes et nos capacités cognitives sociales plus larges.
La capacité de distinguer les objets animés et inanimés est une compétence cognitive fondamentale, cruciale pour la survie et l’interaction sociale. Nous sommes naturellement enclins à remarquer les êtres vivants, car ils peuvent représenter des menaces potentielles, des possibilités d’interaction ou des sources d’information. Les chercheurs ont théorisé que cette «surveillance animée» est un mécanisme évolué, et des études antérieures ont montré que les gens sont généralement plus rapides et plus précis pour détecter les changements dans les images des humains et des animaux par rapport aux objets.
Cependant, un écart significatif est resté à comprendre si cette préférence attentionnelle inhérente aux animaux est liée à une cognition sociale plus large. Parce que l’interaction sociale se produit généralement entre les êtres vivants, les chercheurs ont estimé que la participation aux êtres animés est la première étape vers l’interaction sociale. Pour explorer cette connexion potentielle, les chercheurs de cette étude ont examiné si la tendance à prioriser l’attention aux animaux varie en fonction des traits autistes d’un individu, qui sont considérés comme un indicateur des capacités cognitives sociales dans la population générale.
Pour explorer ces idées, les chercheurs ont conçu une expérience qui a utilisé une tâche de points de point où les participants ont dû répondre rapidement à un signal visuel après avoir vu des paires d’images. Dans l’expérience principale, chaque essai a commencé avec une petite croix au centre d’un écran d’ordinateur. Après une brève période, deux images sont apparues simultanément – l’une montrant un animal et l’autre montrant un objet quotidien. Les images ont été présentées soit dans leur orientation verticale normale, soit à l’envers. Une fois les images affichées pendant une courte période (allant de 100 millisecondes à 1000 millisecondes), une petite cible visuelle, connue sous le nom de sonde, apparaîtrait brièvement d’un côté de l’écran. Les participants ont été invités à appuyer sur une touche pour indiquer si la sonde est apparue sur le côté gauche ou droit le plus rapidement et précisément que possible.
La vitesse des réponses des participants a servi de mesure de l’endroit où leur attention avait été dirigée. Si une personne avait accordé plus d’attention à l’image de l’animal, il serait plus rapide de remarquer la sonde lorsqu’elle est apparue de ce côté de l’écran. Pour s’assurer que tous les effets observés n’étaient pas dus à des différences visuelles simples entre les images, les chercheurs ont utilisé des images qui avaient été soigneusement traitées afin que les images animales et objets soient similaires en termes de luminosité et de contraste. Les images ont été converties en niveaux de gris et appariées en termes de ces propriétés visuelles de base.
En plus de l’expérience principale, les chercheurs ont également mené une expérience de suivi dans laquelle ils ont modifié les images de manière spécifique. Ils ont brouillé la phase des images, un processus qui maintient les caractéristiques visuelles de bas niveau intactes mais supprime le contenu significatif qui permet à un spectateur de reconnaître un animal. Cette deuxième expérience a aidé à déterminer si les effets de l’attention étaient vraiment liés à la nature vivante des images, plutôt qu’à une caractéristique visuelle de base qui pourrait être présente dans les images animales.
Au total, 120 participants, tous les jeunes adultes ayant une vision normale ou corrigée, ont participé à l’étude. Les participants ont été divisés en deux groupes en fonction de leurs scores sur le quotient du spectre de l’autisme, un questionnaire qui mesure les traits associés à l’autisme. Dans la première expérience, 60 participants ont terminé la tâche avec des images verticales et inversées. Dans l’expérience de suivi avec des images brouillées, 60 autres participants ont participé, à nouveau divisé par leurs scores de traits liés à l’autisme.
Lors de l’analyse des temps de réaction des participants, les chercheurs ont constaté que dans l’ensemble, les réponses étaient plus rapides lorsque la sonde est apparue sur le côté où l’image animale avait été montrée. Cela suggère que les images d’animaux ont attiré l’attention plus efficacement que les images d’objets.
Plus intéressant, lorsque les données ont été examinées par rapport aux scores de quotient du spectre autistique, l’effet a été plus prononcé parmi ceux avec des scores inférieurs. En d’autres termes, les participants avec moins de traits semblables à l’autisme ont montré une tendance plus forte à attirer leur attention sur les images animales. Cette différence était plus évidente au cours des premières étapes du traitement, dans les premières centaines de millisecondes après l’apparition des images. Pour ceux qui ont des scores plus élevés, le biais vers les images animaux a été réduit ou absent à ces premiers stades.
L’étude a également examiné l’impact de l’orientation de l’image. Bien que les images animales aient encore produit un biais attentionnel même lorsqu’il est présenté à l’envers, la relation avec des traits semblables à l’autisme a été principalement observée lorsque les images étaient droites. Cette constatation suggère que la façon dont notre cerveau traite la forme naturelle d’une créature vivante joue un rôle important dans la rapidité avec laquelle nous attirons notre attention sur elle et que ce processus est lié à des différences individuelles dans le traitement social.
Dans l’expérience de suivi, les versions brouillées des images n’ont pas conduit à un biais attentionnel similaire. Les deux groupes – ceux avec des scores inférieurs et plus élevés sur le quotient du spectre autistique – n’ont fait aucune préférence pour l’une ou l’autre des images brouillées. Ce résultat confirme que le biais d’attention observé dans l’expérience principale était dû à la perception des qualités de vie dans les images animales, plutôt que d’être causées par des caractéristiques visuelles simples comme la luminosité ou le contraste.
Il est important de noter que l’étude n’a examiné qu’une population non clinique, ce qui signifie qu’aucun des participants n’avait un diagnostic formel du trouble du spectre autistique. Les recherches futures devraient déterminer si des modèles similaires sont observés chez les individus diagnostiqués officiellement avec l’autisme.
Les résultats ouvrent la porte à plusieurs avenues pour de futures recherches. Par exemple, les scientifiques pourraient explorer si le biais d’attention observé pour les êtres vivants se développe au fil du temps et comment les expériences de la première vie façonnent ce biais. Des recherches supplémentaires pourraient également comparer les modèles attentionnels des individus diagnostiqués avec l’autisme à ceux de la population générale avec différents niveaux de traits de type autistique, afin de mieux comprendre les processus neuronaux et cognitifs sous-jacents.
L’étude, «Perception sociale de l’animation: l’orientation attentionnelle préférentielle vers les animaux liens avec les traits autistes», A été rédigé par Geqing Yang, Ying Wang et Yi Jiang.