Une nouvelle étude publiée dans BMC Psychiatrie a constaté que les femmes atteintes de TDAH sont plus susceptibles d’adopter des comportements à risque que leurs homologues masculins, soulignant l’importance de prendre en compte les différences spécifiques au sexe dans le traitement et la compréhension du TDAH.
Le trouble déficitaire de l’attention/hyperactivité (TDAH) est une maladie qui touche les individus de tous âges. Alors que les hommes sont plus fréquemment diagnostiqués dans l’enfance, les femmes atteintes de TDAH ont tendance à être négligées ou diagnostiquées plus tard dans la vie, en partie parce que les symptômes se présentent souvent différemment. Plus précisément, les hommes affichent généralement un comportement hyperactif ou impulsif, tandis que les femmes sont plus susceptibles de ressentir une dérégulation émotionnelle et des symptômes intériorisés, tels que l’anxiété ou la dépression.
L’étude, menée par une équipe de chercheurs internationaux, visait à explorer comment ces différences se prolongent jusqu’à l’âge adulte. Dirigée par Alexandra Philipsen et Silke Lux de l’Université de Bonn en Allemagne, l’équipe de recherche a examiné l’impact des différences émotionnelles sur les comportements décisionnels à risque chez les adultes atteints de TDAH. Ils étaient particulièrement intéressés à comprendre les interactions physiologiques et comportementales à l’origine de ces différences.
L’étude a porté sur 29 adultes atteints de TDAH (16 hommes et 13 femmes) et 33 témoins sains (14 hommes et 19 femmes), tous âgés de 18 à 60 ans. Les participants ont exécuté une version modifiée de la tâche de risque analogique par ballon (BART), qui vise à mesurer les comportements à risque.
Dans cette tâche, les participants voyaient un ballon sur un écran qui se gonflait automatiquement. Un ballon plus gros augmentait les gains monétaires potentiels mais augmentait également le risque d’explosion du ballon, ce qui entraînerait la perte de tout l’argent collecté.
Au cours de cette tâche, les chercheurs ont enregistré les réponses de conductance cutanée (SCR) pour évaluer les changements physiologiques associés à l’excitation émotionnelle. « Les changements dans la conductance cutanée représentent des processus inconscients avant qu’une décision ne soit réellement prise », expliquent les auteurs.
De plus, les participants ont rempli des questionnaires pour évaluer leur compétence émotionnelle (par exemple, reconnaître leurs propres sentiments), leur perception du risque (c’est-à-dire leur attitude à l’égard du risque) et leur sensibilité au feedback (c’est-à-dire la punition ou la récompense).
Les résultats ont révélé que les femmes atteintes de TDAH avaient des comportements significativement plus risqués pendant le BART que les hommes atteints de TDAH. Cette prise de risque accrue n’a pas été observée dans le groupe témoin, ce qui indique une interaction unique entre le sexe et le TDAH pour influencer le comportement décisionnel. Il est intéressant de noter qu’il n’y avait aucune différence significative entre les sexes dans les réponses physiologiques mesurées par SCR.
Une analyse plus approfondie des questionnaires d’auto-évaluation a indiqué que les femmes atteintes de TDAH ont signalé une sensibilité moindre à leurs propres comportements à risque, ce qui suggère un décalage potentiel entre leur perception d’elles-mêmes et leurs tendances réelles.
Certaines limites doivent être notées. Par exemple, les participants devaient arrêter de prendre des médicaments contre le TDAH 24 heures avant l’étude, mais les effets résiduels pourraient quand même influencer les résultats.
Malgré ces limites, l’étude fournit des informations précieuses sur les différences spécifiques au sexe dans le TDAH. Les chercheurs soulignent la nécessité d’approches plus adaptées au diagnostic et au traitement du TDAH, en tenant compte des défis uniques auxquels sont confrontées les femmes.
L’étude, « Différences entre les sexes dans les corrélats physiologiques du comportement décisionnel affectif dans le TDAH chez l’adulte», a été rédigé par Eva Halbe, Alina Sophie Heger, Fabian Kolf, Philippa Hüpen, Moritz Bergmann, Ben J. Harrison, Christopher G. Davey, Alexandra Philipsen et Silke Lux.