« Les États-Unis ne peuvent pas être l’armée de tous », dit un élu américain à Trudeau
C’est un engagement que le Canada a pris en 2014. Vladimir Poutine venait d’envahir illégalement la Crimée et les pays membres de l’OTAN voulaient créer un effet de dissuasion face à la Russie. Chaque État s’est alors engagé à verser l’équivalent de 2 % de son PIB en matière de défense.
Toutefois, 10 ans plus tard, le Canada n’a toujours pas de plan formel pour atteindre le fameux 2 %. La mise à jour de la politique de la Défense, annoncée par le ministre Bill Blair en avril, prévoit des dépenses militaires de l’ordre de 1,76 % d’ici la fin de la décennie (à l’heure actuelle, le Canada se situe à 1,37 %, au 27e sonné sur 32 des pays de l’OTAN).
Pire encore, comme le soulignait il ya quelques jours mon collègue Alec Castonguay, la Défense nationale n’arrive toujours pas à dépenser tous les crédits budgétaires qui lui sont accordés.
Le Canada profite du fait qu’il est voisin de la plus grande puissance mondiale
lance le sénateur américain Kevin Cramer, en entrevue à Radio-Canada. Mais les États-Unis n’ont pas les moyens d’être l’armée de tout le monde.
Le sénateur Kevin Cramer a cofondé l’American Canadian Economy and Security Caucus, l’ACES Caucus. (Photo d’archives)
Photo : Associated Press / Mariam Zuhaib
En mai, M. Cramer a signé, avec 22 autres collègues – 11 démocrates, 9 républicains et 2 indépendants – une lettre envoyée au premier ministre Trudeau pour que le gouvernement canadien respecte ses engagements militaires.
J’ai confiance que le Canada va augmenter ses dépenses
ajoute-t-il. Cependant, s’il ne le fait pas, le sénateur évoque déjà des conséquences néfastes, entre autres un possible isolement diplomatique
.
Quand il est question d’établir des priorités en matière de commerce, de diplomatie et de sécurité, sur la récompense de ceux qui se battent à nos côtés. […] Je ne veux pas que le Canada se retrouve isolé.
Son intervention, précise-t-il, est un message de un amour dur à l’égard d’un allié – bref, une intervention qui se veut à la fois amicale et robuste.
Le milieu des affaires est préoccupé
Les politiciens américains, comme Kevin Cramer, sont loin d’être les seuls à évoquer des représailles pour le Canada. Le Conseil canadien des affaires (CCA), qui représente de nombreux grands entrepreneurs au pays, s’inquiète de possibles répercussions commerciales, si le gouvernement Trudeau n’annonce pas rapidement un plan pour atteindre les 2 %.
Le Conseil à d’ailleurs, lui aussi, a envoyé récemment une lettre au premier ministre, indiquant que la place du Canada dans le monde est affaiblie
lorsque le pays se dérobe de ses responsabilités
.
Que vaut la parole du Canada si on ne la tient pas?
Selon l’ex-diplomate Louise Blais, qui travaille comme conseillère spéciale pour le DPAle Canada se retrouve exclu de certaines chambres, certaines pièces, parce qu’il n’a pas payé ses investissements au niveau de la défense
. Elle donne l’exemple de l’alliance militaire AUKUSsigné par les États-Unis, l’Australie et le Royaume-Uni pour contrer l’expansionnisme chinois dans l’Indo-Pacifique. Non seulement le Canada n’a pas été inviter
affirme-t-elle, il n’avait pas été averti
en montant.
Louise Blais a été ambassadrice du Canada à l’ONU de 2017 à 2021. (Photo d’archives)
Photo : Associated Press / Richard Drew
Louise Blais craint maintenant des retombées économiques : Si on devait être dans une position de renégocier notre accord commercial avec les États-Unis et le Mexique, ce sont les mêmes sénateurs américains qui vont évaluer si le Canada tient sa parole.
Dans une entente de libre-échange, précise-t-elle, on doit faire ce qu’on a promis de faire
.
Le spectre de Donald Trump
La pression sur le Canada pourrait d’ailleurs s’accentuer en cas d’un retour de Donald Trump à la Maison-Blanche. L’ex-président américain a déjà laissé entendre qu’il pourrait refuser de défendre des pays membres de l’OTAN qui ne paient pas leur dû, en cas d’attaque russe.
Le candidat républicain à la présidence, Donald Trump, lors d’un rassemblement partisan en Oklahoma. (Photo d’archives)
Photo : Reuters / LÉAH MILLIS
Hlatky, on peut vraiment s’attendre à une pression exacerbée, et même à l’exclusion du Canada de discussions clés en matière de sécurité et de défense. », »text »: »Si Donald Trump est élu, note la professeure de l ‘Stéfanie von Hlatky de l’Université Queen, on peut vraiment s’attendre à une pression exacerbée, et même à l’exclusion du Canada de discussions clés en matière de sécurité et de défense. »}} »>Si Donald Trump est élu, note la professeure de l’Université Queen’s Stéfanie von Hlatky, on peut vraiment s’attendre à une pression exacerbée, et même à l’exclusion du Canada des discussions clés en matière de sécurité et de défense.
Selon elle, pour reprendre un peu les mots de Donald Trump–, il va perdre sa pertinence aux yeux des États-Unis. Et donc ça, c’est problématique », »text »: »si le Canada ne paie pas –pour reprendre un peu les mots de Donald Trump–, il va perdre sa pertinence aux yeux des États-Unis. Et donc ça, c’est problématique »}} »>Si le Canada ne paie pas – pour reprendre un peu les mots de Donald Trump –, il va perdre sa pertinence aux yeux des États-Unis. Et donc ça, c’est problématique
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Depuis le mois de janvier, le gouvernement Trudeau a lancé une nouvelle opération charme d’Équipe Canada
aux États-Unis pour resserrer ses liens avec des gens d’affaires et des politiciens, en cas d’une victoire du candidat républicain à l’élection présidentielle de novembre. Des rencontres sont d’ailleurs prévues entre M. Trudeau et des sénateurs américains lundi et mardi à Washington.
Toutefois, l’entourage du premier ministre n’a pas voulu dire si Justin Trudeau allait profiter de son passage au sommet de l’OTAN à Washington pour annoncer un plan concret en vue d’atteindre les 2 %.
Les conservateurs de Pierre Poilievre ont quant à eux indiqué qu’ils allaient, en cas de victoire électorale, s’efforcer OTAN », »text »: »de respecter l’engagement du Canada en matière de dépenses auprès de l’OTAN »}} »>de respecter l’engagement du Canada en matière de dépenses auprès de l’OTAN
de 2 % de fils PIBsans prendre d’engagement ferme.
Avec la collaboration de Marie Chabot-Johnson et d’Andréanne Abaplaza