Le Premier ministre britannique Boris Johnson et la chef de l’UE, Ursula von der Leyen, s’entretiendront samedi pour tenter de sortir de l’impasse dans les négociations des accords commerciaux post-Brexit, le temps presse.
L’appel téléphonique serré, attendu dans l’après-midi, fait suite à la suspension des négociations de dernière minute par les envoyés du Royaume-Uni et de l’Union européenne vendredi soir et reconnaissant que les conditions d’un accord n’avaient pas été remplies.
Dans une déclaration conjointe, le négociateur britannique David Frost et son homologue européen Michel Barnier ont déclaré que des « divergences importantes » subsistaient sur plusieurs questions clés qui ont bloqué les négociations depuis l’été.
La pression augmente de part et d’autre pour conclure un accord dans les quelques semaines qui restent avant que la période de transition de 11 mois pour le Brexit se termine le 31 décembre.
Un accord est considéré comme essentiel pour éviter de profondes perturbations des deux côtés – mais surtout en Grande-Bretagne – dans les économies déjà endommagées par la pandémie de coronavirus.
De retour samedi à Bruxelles depuis Londres pour informer von der Leyen avant l’appel, Barnier a déclaré aux journalistes que son équipe « garderait son calme, comme toujours ».
« S’il y a encore un moyen, nous verrons », at-il ajouté.
Johnson et le président de la Commission européenne, von der Leyen, ont pris la parole pour la dernière fois le 7 novembre, mais un mois plus tard, la Grande-Bretagne et le bloc restent divisés sur les règles du jeu, la gouvernance et la pêche.
Une source européenne a fait part à l’AFP vendredi de « graves difficultés » à cette étape cruciale de la fin du processus.
Johnson pourrait également essayer de parler avec d’autres dirigeants européens au cours du week-end, dont le président français Emmanuel Macron, selon le Financial Times.
Les dirigeants de l’UE tiendront un sommet jeudi, date à laquelle beaucoup s’attendent à savoir si la conclusion d’un accord sur le Brexit est encore possible.
– ‘Échec de la politique’ –
La Grande-Bretagne a officiellement quitté l’UE en janvier, près de quatre ans après un référendum d’adhésion qui a divisé la nation.
Mais il est resté lié par la plupart de ses règles jusqu’à la fin de l’année, alors que les deux parties tentent de s’entendre sur la nature exacte de leur future relation.
Sans un accord, l’essentiel du commerce transmanche reviendra aux conditions de l’Organisation mondiale du commerce, un retour indésirable des tarifs et des quotas après près de cinq décennies d’intégration économique et politique approfondie.
Les pourparlers de cette année ont finalisé la plupart des aspects d’un accord, la Grande-Bretagne s’apprêtant à quitter le marché unique et l’union douanière de l’UE, mais les questions les plus épineuses restent sans solution.
Les capitales européennes sont restées remarquablement unies derrière Barnier tout au long du processus tendu du Brexit, mais certaines fractures internes ont maintenant commencé à faire surface.
La France a menacé vendredi de mettre son veto à tout accord qui ne répondrait pas à ses exigences en matière de commerce équitable et d’accès aux eaux de pêche britanniques.
Dans le même temps, un diplomate européen a déclaré à l’AFP que la Belgique, les Pays-Bas, l’Espagne et le Danemark partagent les inquiétudes de Paris selon lesquelles la partie européenne pourrait donner trop de raison aux règles pour maintenir la concurrence.
En Grande-Bretagne, Johnson a insisté sur le fait que la Grande-Bretagne « prospérera puissamment » quel que soit le résultat des pourparlers, mais il fera face à de graves retombées politiques et économiques s’il ne peut pas conclure un accord.
« Si nous ne parvenons pas à un accord avec l’Union européenne, ce sera un grave échec de la politique », a déclaré le législateur conservateur Tom Tugendhat, président de la commission des affaires étrangères du parlement, au Lowy Institute dans une interview publiée samedi.
jj / jj