Les députés veulent que Johnston témoigne sur les conclusions d’ingérence étrangère
Les députés de l’opposition se sont associés pour forcer une réunion de la commission de la procédure et des affaires de la Chambre (PROC) jeudi, pour discuter de la convocation du rapporteur spécial David Johnston pour témoigner de sa recommandation contre une enquête publique sur l’ingérence électorale étrangère.
Prévu pour se dérouler entre 14 h et 16 h HE, le PROC se réunira – bien qu’il s’agisse d’une semaine de pause pour la Chambre des communes – pour discuter et éventuellement voter sur une motion visant à traîner Johnston devant le panel de députés pour expliquer sa décision de ne pas poursuivre audiences publiques.
Mardi, Johnston a publié son premier rapport en tant que rapporteur spécial chargé d’enquêter sur l’ingérence étrangère, dans lequel il a souligné de graves lacunes au sein de l’appareil de renseignement canadien, mais a déclaré qu’il n’avait trouvé aucune preuve suggérant que le gouvernement fédéral n’avait pas agi sciemment ou par négligence.
Le premier ordre du jour de Johnston était la règle sur la nécessité d’une enquête publique, une décision qu’il a déterminée ne serait pas possible car les éléments clés d’informations classifiées sensibles, axés sur qui savait quoi et quand, « ne peuvent pas être divulgués publiquement » et seraient essentiellement reproduire le travail qu’il a entrepris au cours des deux derniers mois.
Sa décision contre une enquête a été rapidement rejetée par tous les partis de l’opposition fédérale qui continuent d’insister sur le fait que la question mérite une diffusion adéquate – et aussi publique que possible – de tous les faits, afin de rassurer les Canadiens.
« La décision de David Johnston est une gifle aux groupes de la diaspora qui sont victimes d’abus et d’intimidation de la part de gouvernements étrangers hostiles et de tous les Canadiens préoccupés à juste titre par l’ingérence étrangère dans les élections de 2019 et 2021 et les élections futures », lit-on dans la lettre demandant la réunion.
Il a été signé par tous les députés conservateurs, bloquistes et néo-démocrates qui siègent au PROC, écrivant que : « David Johnston doit se présenter devant le comité et répondre de sa décision à la première occasion.
Dans la lettre, les députés de l’opposition ont également cité des exemples de reportages sur des allégations de tentatives de Pékin d’ingérence dans la démocratie canadienne qu’ils ont qualifiées de « choquantes », mais dans son rapport, Johnston a qualifié de « mal interprétées ».
Une série de reportages publiés par le Globe and Mail et Global News au cours des six derniers mois ont conduit le PROC à tenir plus d’une douzaine de réunions pour approfondir la question, voyant le comité entendre des hauts fonctionnaires fédéraux, des représentants de partis, des experts du renseignement ainsi que des députés actuels et anciens.
Dans son rapport, Johnston a déclaré qu’une partie de son travail examinait « tous les faits pertinents » au cours des deux derniers mois et que cela comprenait la participation aux audiences du PROC. À partir de là, il a fait l’observation suivante : « Bien que ces débats aient certainement inclus un élément de théâtre politique, les députés ont posé des questions perspicaces et ont reçu des informations importantes de la part de divers témoins. »
La résistance des chefs des deux plus grands partis d’opposition à voir par eux-mêmes les documents qui ont éclairé les conclusions de Johnston est le dernier exemple, a déclaré mercredi le premier ministre Justin Trudeau, de ses détracteurs d’être plus intéressés à faire de la politique qu’à être proactifs.
Trudeau – qui a nommé Johnston à ce poste sous la pression de répondre aux préoccupations croissantes concernant la menace d’ingérence étrangère dans les affaires canadiennes – soutient la décision de l’ancien gouverneur général de tenir des audiences, un message que les députés libéraux mettront probablement en avant lors de la réunion de jeudi.