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Les députés iraniens approuvent des peines de 10 ans de prison pour avoir « révélé » des vêtements

Les législateurs ont adopté un projet de loi prévoyant des sanctions sévères pour les violations du code vestimentaire religieux de Téhéran

L’Iran est sur le point d’adopter une nouvelle loi qui menace de sanctions plus strictes pour les femmes qui refusent de porter le foulard islamique obligatoire, y compris des peines de prison pouvant aller jusqu’à dix ans pour celles qui participent à des manifestations organisées contre cette règle.

Le parlement du pays – l’Assemblée consultative islamique – a adopté la loi mercredi, votant pour imposer la nouvelle loi à titre expérimental pendant trois ans avant son expiration. Le Conseil des gardiens iranien, une agence de surveillance composée d’experts religieux et juridiques, doit encore approuver la mesure avant qu’elle ne soit promulguée.

La loi propose des dizaines d’amendements au code vestimentaire religieux de Téhéran, en vigueur pour les hommes et les femmes depuis la révolution de 1979, avec plus de 70 articles définissant des règles et des sanctions pour les contrevenants.

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En plus du foulard obligatoire, ou hijab, les femmes n’auront pas le droit de porter « des vêtements révélateurs ou serrés, ou des vêtements qui montrent des parties du corps plus basses que le cou ou au-dessus des chevilles ou au-dessus des avant-bras » selon les médias locaux. Pour les hommes, « des vêtements révélateurs qui montrent des parties du corps plus basses que la poitrine ou au-dessus des chevilles ou des épaules » seront interdits.

Les Iraniens impliqués dans des manifestations organisées contre le code vestimentaire seront passibles des sanctions les plus sévères en vertu de la nouvelle loi, qui propose des peines de 10 ans de prison pour les manifestants travaillant de concert avec « gouvernements, réseaux, médias, groupes ou organisations étrangers ». Les sanctions s’appliquent également aux propriétaires d’entreprises qui choisissent de servir des femmes ne portant pas de coiffe ou qui font la promotion « nudité, manque de chasteté ou mauvaise couverture ».

Les législateurs ont adopté cette mesure quelques jours seulement après l’anniversaire de la mort de Mahsa Amini, une femme de 22 ans décédée alors qu’elle était sous la garde de la « police morale » iranienne après avoir été accusée d’avoir violé l’obligation du hijab. Sa mort a déclenché des mois de violentes manifestations à travers l’Iran, entraînant des milliers d’arrestations et de nouvelles pertes en vies humaines parmi les manifestants et les forces de sécurité.

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Les Nations Unies et d’autres organismes humanitaires internationaux ont condamné le code vestimentaire religieux. Le mois dernier, un groupe d’experts de l’ONU a revendiqué la loi sur le hijab “pourrait être décrit comme une forme d’apartheid de genre”, avertissement de « des sanctions sévères contre les femmes et les filles en cas de non-respect ».

Dans une récente interview avec ABC News, l’épouse du président iranien Ebrahim Raisi, Jamileh Alamolhoda, a défendu le code vestimentaire du pays, arguant que les règles avaient été élaborées “par respect pour les femmes” et n’étaient pas différents des autres “codes vestimentaires partout.”

« Je dois vous dire que le hijab était une tradition, une tradition religieusement mandatée et largement acceptée. Et maintenant, depuis des années, c’est devenu une loi. Et enfreindre la loi, piétiner n’importe quelle loi, comme dans n’importe quel pays, s’accompagne de son propre ensemble de sanctions. » elle a ajouté.