Plusieurs nouvelles agitent le secteur de l’énergie ces derniers jours, et pourraient bouleverser les pratiques des Français.
Un jugement a été rendu en référé par la cour d’appel de Bordeaux le 17 novembre contre Enedis, l’un des principaux fournisseurs d’électricité en France.
La décision fait suite aux nombreuses plaintes vis-à-vis des compteurs communicants Linky, que le gestionnaire du réseau électrique tentait de déployer depuis de nombreux mois dans tous les foyers pour l’horizon 2021.
Ces compteurs sont pointés du doigt pour leur non-respect de la vie privée de même que pour les dangers potentiels qu’ils auraient sur la santé des consommateurs.
Le couperet est tombé à Bordeaux : contrairement à ce qu’affirme Enedis, ces compteurs ne sont pas obligatoires pour chaque installation électrique.
Les directives européennes imposent en effet la généralisation des compteurs communicants, mais pas le modèle Linky en particulier. D’autres alternatives peuvent exister.
Par ailleurs, toujours selon la cour d’appel, Enedis a failli dans son obligation d’information en produisant des faits erronés à destination des clients. La cour souligne que les compteurs Linky ne produiraient pas uniquement un relevé global de la consommation, mais isolerait aussi la consommation de chaque appareil domestique électrique. Ce dont Enedis se défend.
Cette décision est donc une nouvelle victoire pour les opposants au compteur Linky, qui avaient déjà imposé en 2019 l’installation de filtres anti-ondes CPL sur ces compteurs chez des personnes souffrant d’électro-hypersensibilité.
Et ce, en dépit de l’avis des administrations compétentes comme l’ANFR ou l’ANSES pour qui les compteurs Linky ne présentent qu’une probabilité très faible de danger pour la santé ; à part, justement, pour les personnes électro-hypersensibles.
Toutefois, il s’agit d’une victoire en demi-teinte : la cour d’appel n’a produit aucune mesure contraignante pour stopper l’installation de ces compteurs Linky par Enedis dans les foyers.
En outre, comme il s’agit d’un référé, cette décision sera à nouveau examinée pour statuer sur le fond du dossier, indépendamment du caractère urgent de la plainte. De leur côté, les opposants à Linky envisagent d’amorcer le mouvement inverse et de se pourvoir en cassation pour concrétiser son action et stopper clairement l’expansion de Linky.
Affaire à suivre du côté d’Enedis et des juridictions. Pour l’heure, le gestionnaire du réseau continuera malgré tout sa campagne d’installation des compteurs Linky dans les foyers du pays, “en force”, d’après ses détracteurs.
En parallèle, la France a également vu se mettre en place le programme de Réglementation Environnementale (RE2020) par le Ministère de la Transition Écologique.
Ce programme prévoit, entre autres, de cesser les pratiques de chauffage au gaz dans les nouvelles constructions de logements individuels. Il sera applicable dès l’été 2021, période à laquelle cesseront donc l’installation de chaudières au gaz dans les chantiers neufs.
Concrètement, il s’agit de réduire l’émission de gaz à effet de serre dans le secteur du logement (18% des émissions du pays). Le chauffage au gaz est en effet l’un des plus coûteux sur le plan environnemental. Le but du programme est de limiter ces émissions du côté des maisons individuelles à 4 kgCO2/m²/an.
Pour les logements collectifs, les directives de cette nouvelle réglementation prévoient une transition plus douce. Plusieurs seuils sont fixés, respectivement pour 2024, 2027 et 2030.
Ces directives ministérielles ne sont pas contraignantes en l’état, mais elles rendent impossible le chauffage au gaz, beaucoup trop polluant. Les autres énergies fossiles et/ou particulièrement émettrices de CO2, comme le charbon et le fioul, sont également dans le collimateur du ministère, et ne seront plus installées progressivement ces prochaines années.
Les mesures suscitent néanmoins de nombreuses craintes chez les acteurs de ce segment de marché, qui craignent des répercussions économiques mais aussi sur les flux d’énergie.
En effet, le mix énergétique de la France est déjà mis à mal par la fermeture — récente ou à venir — de plusieurs centrales nucléaires dans le pays. C’est ce qui fait craindre au gestionnaire RTE (Réseau de Transport d’Électricité) des coupures d’énergies ponctuelles qui pourraient advenir cet hiver dans le pays.
À voir comment ces mesures se répercuteront sur l’offre énergétique et la consommation des ménages, à l’heure où une nouvelle augmentation du prix du gaz naturel est prévue pour décembre, à hauteur de 2,4% hors taxe ce mois-ci. Dans tous les cas, ces faits pourraient inciter les Français à davantage faire confiance à l’électricité, que celle-ci provienne du nucléaire ou de ressources plus soutenables.