L’agence de renseignement canadienne se voit attribuer un nouveau chef au moment même où les allégations d’ingérence et d’agression étrangères se multiplient.
Mardi, le cabinet du premier ministre a nommé Daniel Rogers comme prochain directeur du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS), à compter du 28 octobre.
Il a passé des années de sa carrière dans la fonction publique à travailler dans le renseignement canadien. Plus récemment, il a été conseiller adjoint du Premier ministre en matière de sécurité nationale et de renseignement. Avant cela, il a passé une décennie à travailler au Centre de la sécurité des télécommunications, l’agence canadienne de renseignement électromagnétique étranger.
La nomination de Rogers intervient à un moment où l’on s’inquiète de plus en plus de l’ingérence des gouvernements chinois et indien dans la politique canadienne.
Lundi, le commissaire de la GRC, Mike Duheme, a publiquement affirmé que des agents du gouvernement indien avaient joué un rôle dans des actes de violence « généralisés » au Canada, y compris des homicides.
Au cours de la dernière année, le SCRS a également dû faire face publiquement à la menace croissante d’ingérence étrangère de la part des gouvernements chinois et indien.
La réponse du SCRS à ces menaces a été remise en question par les participants à une enquête en cours sur l’ingérence étrangère.
La commissaire Marie-Josée Hogue, qui supervise l’enquête publique sur l’ingérence étrangère, a écrit que le SCRS peut être « circonspect quant aux détails lorsqu’il informe d’autres personnes des renseignements qu’il a recueillis et des conclusions qu’il a tirées ».
Le SCRS aux prises avec un scandale d’agression sexuelle
Rogers prend également le relais alors que les appels se multiplient en faveur d’une réforme culturelle au sein de l’agence d’espionnage suite aux retombées des allégations de viol et de harcèlement liées au bureau de l’agence en Colombie-Britannique.
Selon un article de la Presse canadienne, un agent du SCRS a déclaré avoir été violée neuf fois en 2019 et 2020 par un collègue senior alors qu’elle se trouvait dans des véhicules de surveillance. Un deuxième agent a déclaré qu’elle avait ensuite été agressée sexuellement par le même homme, bien que les agents du SCRS auraient été avertis de ne pas le mettre en contact avec des jeunes femmes.
L’ancien directeur David Vigneault avait promis des réformes avant de se retirer plus tôt cette année.
Rogers supervisera une agence de renseignement avec une portée plus large. En juin, le gouvernement fédéral a adopté le projet de loi C-70, un vaste projet de loi visant à lutter contre l’ingérence étrangère.
Le projet de loi modifie la façon dont le SCRS demande des mandats, met à jour les règles sur les personnes que le SCRS peut informer et lance un registre de transparence sur l’influence étrangère tant attendu.