Le roi de Jordanie approuve un projet de loi visant à criminaliser le discours en ligne

Le roi de Jordanie a approuvé samedi 12 août un projet de loi visant à punir les discours en ligne jugés nuisibles à l’unité nationale, selon l’agence de presse d’État jordanienne, une législation qui a attiré les accusations de groupes de défense des droits de l’homme de répression de la liberté d’expression dans un pays où la censure est en hausse.

La mesure rend certaines publications en ligne passibles de mois de prison et d’amendes. Il s’agit notamment de commentaires « promouvant, incitant, aidant ou incitant à l’immoralité », démontrant « le mépris de la religion » ou « portant atteinte à l’unité nationale ».

Il punit également ceux qui publient des noms ou des photos de policiers en ligne et interdit certaines méthodes de maintien de l’anonymat en ligne.

Avec l’approbation du roi Abdallah II, le projet de loi devient désormais loi et devrait entrer en vigueur un mois après sa publication dans le journal d’État, Al-Rai. Le journal devrait publier la loi demain.

Après avoir amendé le projet de loi pour permettre aux juges de choisir entre imposer des peines de prison et des amendes, plutôt que d’ordonner des peines combinées, le Sénat a adopté le projet de loi mardi, a rapporté l’agence de presse officielle jordanienne. La mesure a été adoptée par la chambre basse du parlement jordanien en juillet.

Les législateurs ont fait valoir que la mesure, qui modifie une loi de 2015 sur la cybercriminalité, est nécessaire pour punir les maîtres chanteurs et les attaquants en ligne.

Mais les législateurs de l’opposition et les groupes de défense des droits de l’homme préviennent que la nouvelle loi étendra le contrôle de l’État sur les médias sociaux, entravera le libre accès à l’information et pénalisera les discours antigouvernementaux.

Une coalition de 14 groupes de défense des droits humains, dont Human Rights Watch, a qualifié la loi de « draconienne ». Les groupes affirment que « de vagues dispositions ouvrent la porte à l’exécutif jordanien pour punir des individus pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression, forçant les juges à condamner des citoyens dans la plupart des cas ».

Le président de l’association de la presse jordanienne a également averti que le langage pourrait porter atteinte à la liberté de la presse et à la liberté d’expression.

Cette mesure est la dernière d’une série de mesures de répression contre la liberté d’expression en Jordanie, un allié clé des États-Unis considéré comme une source importante de stabilité dans le Moyen-Orient instable. Un rapport de Human Rights Watch en 2022 a révélé que les autorités ciblent de plus en plus les manifestants et les journalistes dans une « campagne systématique pour réprimer l’opposition pacifique et faire taire les voix critiques ».

Tout le pouvoir en Jordanie appartient à Abdallah II, qui nomme et révoque les gouvernements. Le Parlement est conforme en raison d’un système électoral à vote unique qui décourage la formation de partis politiques forts. Abdullah a promis à plusieurs reprises d’ouvrir le système politique, mais s’est ensuite retiré par crainte de perdre le contrôle face à une poussée islamiste.

Omar Akour, Associated Press

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