Le rapport du NSICOP met en évidence les lacunes en matière de responsabilité au sein du GAC
Le comité top secret de la sécurité nationale du Parlement affirme qu’Affaires mondiales Canada (AMC) manque d’une gouvernance interne cohérente, en particulier en ce qui concerne les activités de renseignement, ce qui entraîne une « lacune importante dans la responsabilité ministérielle ».
L’évaluation est incluse dans le dernier rapport annuel du Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement (NSICOP), qui déclare avoir « identifié des faiblesses importantes dans la gouvernance interne (du GAC) de son rôle de cohérence de la politique étrangère ».
Le rapport de 34 pages, publié mercredi, est une version expurgée, tandis que la copie complète a été remise au Premier ministre.
Le rapport indique, entre autres constatations liées à AMC, que le ministère a mis en place des structures de consultation appropriées avec le Service canadien du renseignement de sécurité et le Centre de la sécurité des télécommunications, mais pas avec le ministère de la Défense nationale ou les Forces armées canadiennes.
Dans ces derniers cas, indique le rapport, les consultations sont « en grande partie informelles et ponctuelles » et « les deux organisations ont été lentes à répondre aux instructions ministérielles ».
« Pour ses programmes de sécurité internationale, le département dispose de solides mécanismes de gouvernance, y compris des politiques détaillées, des procédures et des structures de comités de surveillance », indique le rapport. « Pour ses activités de renseignement les plus sensibles, c’est le contraire qui est vrai : le ministère manque de politiques, de procédures ou de documents d’orientation, y compris pour son rôle dans la demande de collecte de renseignements étrangers au Canada ou dans la fourniture d’évaluations des risques de politique étrangère pour les activités du SCRS et du CST.
Le rapport indique également que l’absence de structures de gouvernance claires et cohérentes entraîne « une lacune importante dans la responsabilité ministérielle », en ce qui concerne les « activités de renseignement sensibles ».
« Le ministère n’est pas tenu de faire rapport régulièrement au ministre des Affaires étrangères sur l’ensemble de ses activités de sécurité nationale et de renseignement », indique le rapport. « Cet écart soulève des inquiétudes quant à la sensibilisation du ministre au risque associé aux activités les plus sensibles du ministère sur une base continue, et sape la responsabilité du ministre pour ces activités. »
Le manque de communication et de partage d’informations fait écho aux critiques auxquelles le gouvernement fédéral a été confronté ce printemps, après avoir découvert que des informations importantes sur l’ingérence étrangère et les dossiers de sécurité publique n’avaient pas été transmises aux ministres responsables.
Le NSICOP fait plusieurs recommandations au GAC dans le cadre de son rapport, notamment :
- « Le ministre des Affaires étrangères travaille avec le ministre de la Défense nationale pour mettre en place des mécanismes de consultation proactifs, réguliers et complets afin de s’assurer que les politiques de défense et les opérations militaires du Canada sont alignées sur ses objectifs de politique étrangère;
- Le ministre des Affaires étrangères fournit des directives écrites au ministère sur ses activités de sécurité nationale et de renseignement;
- Le ministre des Affaires étrangères a mis en place des mécanismes de gouvernance complets pour les activités de sécurité et de renseignement du ministère et pour celles qu’il appuie ou auxquelles il contribue dans les organisations partenaires. »
Le rapport indique que le gouvernement et GAC sont « d’accord » avec les recommandations du comité et inclut la réponse du ministère à chacune, par exemple, décrivant les exigences de rapport existantes et la manière dont diverses organisations travaillent ensemble.
Le rapport réitère et fournit également des mises à jour sur ses recommandations précédentes concernant la manière dont le gouvernement fédéral peut lutter contre l’ingérence étrangère au Canada.
Le NSICOP examine l’état de l’ingérence étrangère au Canada depuis que le comité s’est réuni pour la première fois il y a plus de cinq ans. Le gouvernement fédéral a continuellement déclaré que le groupe était le mieux placé pour étudier la question, au milieu des allégations croissantes d’ingérence étrangère ces derniers mois.
Le rapport souligne également les difficultés auxquelles il a été confronté pour obtenir des informations auprès de divers ministères du gouvernement – dans certains cas, qui ont ensuite été révélés dans les médias – et indique que de nombreuses recommandations du comité issues de rapports précédents n’ont pas encore été prises par le gouvernement.
Avec des fichiers de Rachel Aiello, journaliste parlementaire numérique principale de CTVNews.ca