
Les responsables du recensement auraient cessé de travailler sur le plan de Trump visant à exclure les immigrants sans papiers des dénombrements du recensement, qui sont utilisés pour redessiner les cartes électorales.
Les responsables du recensement ne poursuivent plus le plan du président Donald Trump visant à exclure les immigrants sans papiers vivant aux États-Unis des chiffres de population du recensement afin de redessiner les districts du Congrès en 2021, selon un rapport de NPR. Le média a rapporté que les hauts responsables des carrières du Bureau du recensement avaient ordonné l’arrêt immédiat des travaux mardi soir.
Cette décision met apparemment fin à la tentative controversée de Trump d’éroder le pouvoir politique des communautés d’immigrants. L’exclusion des immigrants sans papiers aurait réduit le nombre de populations dans les régions où les populations nées à l’étranger se sont traditionnellement installées – principalement des villes dirigées par des démocrates – et par conséquent sapé leur pouvoir politique. Mais cela aurait également pu affecter les États rouges avec de grandes populations d’immigrants, y compris le Texas.
Les États dessinent actuellement des districts du Congrès, déterminant les zones que chaque élu représente en fonction la population totale, y compris les immigrants non autorisés. Les cartes actuelles doivent être redessinées cette année après la publication des résultats du recensement de 2020, et les enjeux sont importants: chaque redécoupage a une influence durable sur qui est susceptible de gagner les élections, quelles communautés seront représentées au Congrès, et, en fin de compte, quelles lois seront adoptées. Si les États ne peuvent pas achever leurs efforts de redécoupage avant les prochaines élections, y compris à mi-mandat en 2022, les tribunaux peuvent intervenir et dresser des cartes temporaires.
Trump a publié un mémorandum en juillet dernier, faisant valoir que, selon la loi, le président a le dernier mot sur qui doit être compté dans le recensement. Et Trump a déclaré que les immigrants non autorisés ne devraient pas être comptés car cela saperait la démocratie représentative américaine et créerait des «incitations perverses» pour ceux qui cherchent à venir aux États-Unis.
Mais en septembre, un panel de trois juges fédéraux a constaté que le mémorandum de Trump contournait l’obligation constitutionnelle du gouvernement fédéral de compter chaque personne, quel que soit son statut d’immigration, dans le recensement tous les 10 ans.
Bien que Trump ait demandé à la Cour suprême de peser, les juges étaient réticents à le faire en l’absence d’estimation du bureau du recensement sur le nombre d’immigrants sans papiers qui seraient exclus des comptes de répartition. En décembre, ils ont statué dans une opinion non signée qu’il serait «prématuré» de rendre une décision finale sur la question, donnant à l’administration Trump peu de munitions pour aller de l’avant.
La tentative de Trump d’utiliser le recensement contre les immigrants faisait partie d’une stratégie républicaine à long terme
Les États-Unis sont en passe de devenir nation majoritairement non blanche dans les années 2040, les Latinos représentant une grande partie de cette croissance. Pour les républicains qui se sont appuyés principalement sur des électeurs ruraux blancs non latinos pour rester au pouvoir, ces changements démographiques pourraient constituer une menace sérieuse pour le pouvoir du parti.
Mais même avant Trump, ils avaient élaboré un plan pour maintenir leur emprise sur le pouvoir pendant au moins un peu plus longtemps: ils excluraient les non-citoyens du recensement de population utilisé pour redessiner les districts du Congrès. Le regretté stratège politique républicain Thomas Hofeller était le cerveau derrière le plan, qui, selon lui, pourrait empêcher les législatures des États du Texas, de la Géorgie, de l’Arizona et de la Floride de devenir bleu dans un proche avenir. Cela aurait pour effet de diluer le pouvoir politique des personnes nées à l’étranger – qui se sont principalement installées dans des villes dirigées par les démocrates – par rapport à des zones plus rurales et dirigées par les républicains.
Trump, pour sa part, a adopté la stratégie et l’a poussée encore plus loin.
Trump avait précédemment cherché à poser une question sur le statut de citoyenneté lors du recensement de 2020. Plusieurs États, dont la Californie et New York, ont contesté la question devant les tribunaux au motif qu’elle réduirait les taux de réponse parmi les communautés d’immigrants, conduisant à un sous-dénombrement qui coûterait à leur gouvernement un financement fédéral essentiel. Leur procès a été porté devant la Cour suprême, qui a statué en leur faveur en juin 2019 au motif que l’administration Trump avait menti sur les raisons pour lesquelles elle avait choisi d’inclure la question dans le recensement.
Trump avait fait valoir que les données sur la citoyenneté aideraient le ministère de la Justice à faire appliquer les interdictions contre la discrimination raciale lors du vote. Mais ce raisonnement n’était qu’un prétexte, introduit après coup pour justifier la question et destiné à obscurcir le véritable raisonnement de l’administration, ont estimé les juges.
Si l’administration avait décidé de continuer à étudier la question de la citoyenneté, elle aurait dû se précipiter pour appuyer sa décision avec un raisonnement plus valable afin d’imprimer les formulaires de recensement à temps.
Trump a finalement décidé de ne pas le faire, émettant plutôt un ordre exécutif en juillet 2019, qui a chargé le Bureau du recensement d’estimer les données sur la citoyenneté à l’aide des dossiers administratifs améliorés de l’État.
Son juillet 2020 mémorandum l’exclusion des immigrants non autorisés vivant aux États-Unis des chiffres de population du recensement aux fins de redessiner les districts du Congrès en 2021 était le point culminant de cet effort. Mais il a semblé ne pas réussir mercredi.
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