Le chinois ByteDance a déclaré à un tribunal indien qu’un gel du gouvernement sur ses comptes bancaires dans le cadre d’une enquête sur une possible évasion fiscale équivalait à du harcèlement et avait été commis illégalement, selon un dossier vu par Reuters. ByteDance a réduit en janvier ses effectifs indiens après que New Delhi a maintenu l’interdiction de son application vidéo populaire TikTok, imposée l’année dernière après un affrontement à la frontière entre l’Inde et la Chine. Pékin a critiqué à plusieurs reprises l’Inde au sujet de cette interdiction et de celles d’autres applications chinoises.
Une unité indienne de renseignement fiscal à la mi-mars a ordonné à la HSBC et à la Citibank à Mumbai de geler les comptes bancaires de ByteDance India alors qu’elle enquêtait sur certaines opérations financières de l’unité. ByteDance a contesté le gel des quatre comptes devant un tribunal de Mumbai. Aucun des employés de ByteDance India n’a reçu son salaire de mars en raison du gel des comptes, ont déclaré deux personnes proches du dossier. La société a déclaré au tribunal qu’elle employait 1 335 personnes, y compris du personnel externalisé. Dans le dossier judiciaire de 209 pages déposé le 25 mars, ByteDance a déclaré à la Haute Cour de Mumbai que les autorités avaient agi contre la société sans aucune preuve matérielle et n’avaient donné aucun préavis, comme l’exige la loi indienne, avant une telle «action drastique». Le blocage de comptes «pendant le processus d’enquête revient à () appliquer une coercition indue», a soutenu ByteDance. Il «vise, à tort, à harceler le pétitionnaire».
La Direction générale indienne des renseignements fiscaux sur les produits et services et le ministère des Finances qui la supervise n’ont pas immédiatement répondu aux demandes de commentaires au cours du week-end.
Les détails de l’enquête fiscale n’ont pas encore été communiqués. L’agence fiscale a déclaré à ByteDance l’année dernière qu’elle avait des raisons de croire que la société avait supprimé certaines transactions et réclamé des crédits d’impôt excessifs, indique le dossier. ByteDance a refusé de commenter son dossier au tribunal, mais a déclaré mardi à Reuters qu’il n’était pas d’accord avec la décision de l’administration fiscale. HSBC a refusé de commenter, tandis que Citibank n’a pas répondu.
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Le tribunal a refusé d’accorder une réparation immédiate à ByteDance lors d’une brève audience mercredi. La prochaine audience est prévue pour mardi. L’enquête est centrée sur l’évasion fiscale potentielle liée à la publicité en ligne et à d’autres transactions financières entre ByteDance India et sa société mère à Singapour, TikTok Pte Ltd. TikTok n’a pas répondu à un e-mail sollicitant des commentaires. ByteDance a déclaré à la Cour que son effectif indien comprend 800 personnes travaillant dans son équipe «confiance et sécurité» qui soutient des activités telles que la modération de contenu à l’étranger.
La société a «des plans d’affaires solides en Inde et n’envisage pas de se liquider», a-t-il déclaré, exhortant le tribunal à lever le gel des comptes. L’agence fiscale a commencé à enquêter sur l’entreprise en juillet. Il a inspecté des documents au bureau de l’entreprise et convoqué et interrogé au moins trois dirigeants, indique le dossier. Les autorités ont également demandé à ByteDance de soumettre des documents, notamment des factures et des accords signés avec certains clients. Les représentants de ByteDance «ont comparu plusieurs fois» devant les agents des impôts et ont fourni des documents, indique le dossier. TikTok, l’une des applications vidéo les plus populaires en Inde avant son interdiction, a fait l’objet d’un examen minutieux dans le monde entier.
Sous le président de l’époque, Donald Trump, les États-Unis ont allégué que l’application posait des problèmes de sécurité nationale. La nouvelle administration de Joe Biden a suspendu un procès gouvernemental qui aurait pu entraîner une interdiction de facto de l’utilisation de TikTok là-bas.