Le Machu Picchu et le chemin des Incas au Pérou fermés alors que les manifestations anti-gouvernementales font rage

Le Pérou a fermé samedi la citadelle inca de Machu Picchu au milieu de manifestations antigouvernementales régulières, bloquant des centaines de touristes pendant des heures, alors que les autorités expulsaient des manifestants d’une université de Lima où ils étaient enfermés dans le cadre de la crise qui engloutit ce pays divisé.

Les manifestations réclamant la démission de la présidente péruvienne Dina Boluarte se poursuivent depuis début décembre, faisant 46 morts et incitant le gouvernement à imposer l’état d’urgence dans les zones touchées par la violence.

Cette crise déclenchée par l’éviction du président indigène de gauche Pedro Castillo le mois dernier découle en grande partie d’une inégalité béante entre l’élite urbaine péruvienne et les populations indigènes rurales pauvres de la région andine qui le voyaient comme l’un des leurs et travaillaient pour améliorer leur vie.

Les autorités ont annoncé samedi qu’un autre manifestant était décédé à la suite de manifestations vendredi dans la ville d’Ilave, dans cette région andine du sud.

Des séquences vidéo d’Ilave devenues virales sur les réseaux sociaux montrent la police tirant sur une foule de manifestants autochtones sur la place de la ville. Des manifestants enragés ont réagi en mettant le feu à un poste de police, ont rapporté les médias locaux.

Des affrontements entre la police et la foule dans cette ville près du lac Titicaca et de la frontière avec la Bolivie ont fait 10 blessés, ont indiqué des responsables de l’hôpital.

Avant la fermeture du Machu Picchu, les services ferroviaires vers le site avaient déjà été suspendus en raison des dommages causés à la voie par des manifestants. Le seul moyen de se rendre au site touristique populaire est le train.

Au moins 400 personnes, dont 300 étrangers, se sont retrouvées bloquées au pied du site, dans la commune d’Aguas Calientes, et suppliant d’être évacuées.

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Les équipes de secours ont ensuite évacué 418 touristes, a indiqué le ministère du Tourisme dans un message sur Twitter accompagné de photos d’un train et de voyageurs assis.

« La fermeture du réseau des sentiers incas et de la citadelle du Machu Picchu a été ordonnée en raison de la situation sociale et pour préserver la sécurité des visiteurs », a indiqué samedi le ministère de la Culture dans un communiqué.

Le tourisme est vital pour l’économie péruvienne, représentant entre trois et quatre pour cent du PIB du pays.

‘Je suis inquiet’

A Lima, où deux jours de mobilisation massive de manifestants de la région andine pauvre du pays s’étaient apparemment achevés, la situation restait samedi tendue.

À la tombée de la nuit, des centaines d’autres manifestants se sont rassemblés dans la ville, principalement autour du bâtiment du Congrès.

Au cours de la journée, les forces de sécurité ont utilisé un véhicule blindé pour forcer la porte de l’Université de San Marcos dans le centre-ville de la ville, dans le but d’expulser les manifestants qui y dormaient.

Un important contingent de policiers a fouillé les occupants, les forçant parfois à se coucher par terre, ont constaté des journalistes de l’AFP.

Le ministre de l’Intérieur Vicente Romero Canal N a déclaré que la police est intervenue après que les autorités de l’université ont déclaré que certains des squatters commettaient des crimes. Il n’a pas précisé de quoi il s’agissait.

Environ 200 personnes ont été arrêtées, a déclaré Alfonso Barrenechea, porte-parole du bureau du procureur.

Les manifestants tentent de maintenir la pression sur le gouvernement péruvien, défiant l’état d’urgence qui couvre désormais près d’un tiers du pays.

L’Union européenne a condamné samedi le chaos et le « très grand nombre de victimes », appelant à une solution politique pacifique au Pérou.

Les manifestations ont été déclenchées lorsque l’ancien président Castillo, un instituteur rural, a été démis de ses fonctions et arrêté le 7 décembre après avoir tenté de dissoudre la législature du pays et de gouverner par décret, au milieu de multiples enquêtes sur la corruption.

Parmi les 46 morts depuis le début des manifestations, 45 étaient des manifestants et un était un policier.

(À l’exception du titre, cette histoire n’a pas été éditée par le personnel de NDTV et est publiée à partir d’un flux syndiqué.)