Le gouvernement affirme qu’il n’est pas nécessaire que chaque produit chimique toxique ait un plan de lutte contre la pollution

Le gouvernement fédéral joue un jeu dangereux en refusant de forcer toute entreprise qui fabrique ou utilise des produits chimiques toxiques à mettre en place un plan pour les empêcher de pénétrer dans l’environnement, a déclaré lundi un avocat de l’Association canadienne du droit de l’environnement.

Joseph Castrilli a déclaré qu’il était profondément décevant que les députés libéraux et conservateurs aient voté lundi contre la modification de la Loi canadienne sur la protection de l’environnement afin de rendre obligatoires les plans de prévention de la pollution pour tous les produits chimiques répertoriés comme toxiques en vertu de la loi.

« Voulez-vous vivre une vie saine? » Il a demandé. « Voulez-vous boire de l’eau qui n’est pas contaminée, respirer de l’air qui n’est pas pollué ou marcher dans des champs qui ne sont pas autrement jonchés de résidus de substances dangereuses en suspension dans l’air ? Alors vous devez prendre cette loi au sérieux.

La Loi canadienne sur la protection de l’environnement, ou LCPE, régit la façon dont les produits chimiques toxiques sont identifiés et gérés au Canada. Il est au milieu de sa première mise à jour en deux décennies, à la suite d’un examen obligatoire qui a eu lieu en 2016 et 2017.

Un projet de loi visant à mettre à jour la loi est actuellement devant le comité de l’environnement de la Chambre des communes, qui examine actuellement des amendements au projet de loi.

Lundi, le comité a discuté d’un amendement de la chef du Parti vert Elizabeth May visant à rendre obligatoires les plans de prévention de la pollution pour toutes les substances toxiques.

Il y a maintenant plus de 150 substances répertoriées comme toxiques en vertu de la LCPE, mais la loi donne au ministre le pouvoir discrétionnaire d’ordonner un plan de prévention de la pollution pour chacune d’entre elles.

Une telle ordonnance signifierait que toute entreprise qui fabrique ou utilise l’une des substances devrait montrer comment elle entend empêcher cette substance de pénétrer dans l’environnement.

May, suivant les conseils de l’Association canadienne du droit de l’environnement qui remontent maintenant à plus de 20 ans, a tenté de modifier le libellé afin que de tels plans soient exigés dans tous les cas.

Le gouvernement a dit non et, avec l’accord des conservateurs, a rejeté l’amendement de May.

John Moffet, sous-ministre adjoint à Environnement Canada, a déclaré au comité qu’un plan de prévention de la pollution n’est qu’une option pour réduire le risque posé par les produits chimiques jugés toxiques pour les personnes ou l’environnement.

« Je ne pense pas que nous ayons des objections à l’objectif déclaré de promouvoir la prévention de la pollution », a déclaré Moffet.

Il a déclaré que la LCPE permet également au gouvernement de réglementer une substance, y compris de l’interdire purement et simplement, « ce qui est le moyen le plus efficace et le plus puissant de parvenir à la prévention de la pollution ».

Il a déclaré que l’imposition de plans de prévention de la pollution pour chaque substance serait une « imposition inutile » alors qu’il existe « d’autres mesures plus strictes et immédiatement efficaces ».

May a déclaré que son amendement accordait une certaine discrétion au ministre pour utiliser des alternatives à un plan de prévention de la pollution, y compris des interdictions, à condition qu’il explique pourquoi.

La députée néo-démocrate Laurel Collins a déclaré que la résistance du gouvernement était surprenante.

Elle a dit que le gouvernement pourrait même inclure une interdiction pure et simple dans le cadre d’un plan de prévention de la pollution, mais en refusant de s’assurer que chaque substance a un plan en place, certaines passent entre les mailles du filet.

« C’est sérieusement alarmant », a-t-elle déclaré.

L’Association canadienne du droit de l’environnement a déclaré que seulement un sixième des substances répertoriées comme toxiques en vertu de la loi ont un plan de prévention de la pollution.

Les déversements et les éliminations toxiques doivent être signalés au gouvernement fédéral. L’association a analysé les rapports sur 32 substances toxiques cancérigènes, dont l’arsenic, le benzène, le plomb, l’amiante et le mercure. Il a constaté que les entreprises ont fait du bon travail en réduisant la quantité de substances toxiques qui s’échappent dans l’air.

En 2006, 6,2 millions de kilogrammes de ces substances ont été déclarées comme émissions atmosphériques, un nombre qui est tombé à 3,8 millions de kilogrammes en 2020.

Mais lorsqu’il s’agit de déversements et d’éliminations terrestres, c’est tout le contraire. En 2006, 110 millions de kilogrammes de ces 32 substances ont été délibérément ou accidentellement rejetées dans le sol. En 2020, ce chiffre est passé à 154 millions de kilogrammes

Un rapport de l’Association canadienne du droit de l’environnement a qualifié le manque d’efforts du gouvernement pour rendre obligatoire la prévention de la pollution de « jouer à la taupe chimique avec certaines des substances les plus dangereuses sur terre ».

EnvironnementPolitique fédérale