Cliquez, faites défiler, soupirez. Nous le faisons tous, n’est-ce pas ? Allongés dans notre lit, nous laissons libre cours à nos pensées tandis que nous parcourons sans réfléchir les informations négatives et les contenus des réseaux sociaux sur nos téléphones portables.
Cette habitude, connue sous le nom de « doomscrolling », nous entraîne plus profondément dans Internet, avec l’intention de trouver des réponses, des solutions ou des distractions qui pèsent sur notre bien-être mental.
Le plus souvent, nous nous retrouvons plongés dans un abîme de négativité, baignés de mauvaises nouvelles et de contenus angoissants. Mais vous êtes-vous déjà demandé l’impact de cette habitude sur votre santé mentale ?
Le terme « doomscrolling » décrit exactement ce modèle de consommation numérique : parcourir continuellement des informations négatives, apparemment accro aux informations déchirantes et aux contenus sombres. Malgré le déclenchement d’émotions négatives, nous semblons incapables d’échapper à cette attraction.
Mais pourquoi ? Quelle est la cause de cela ? Le doomscrolling est-il devenu involontairement lié à nos tentatives de donner un sens à un monde de plus en plus chaotique ?
Une équipe de chercheurs de l’University College London (UCL) a entrepris d’enquêter. Les résultats de leur étude exploratoire dressent un tableau plutôt déconcertant.
Il est apparu que les personnes ayant une mauvaise santé mentale non seulement étaient attirées par les contenus négatifs en ligne, mais que cette habitude semblait amplifier leurs symptômes dépressifs.
L’équipe de l’UCL a évalué la santé mentale de plus de 1 000 participants à qui on a ensuite demandé de naviguer sur Internet pendant trente minutes. Une évaluation ultérieure de leur santé mentale et un examen de leurs antécédents de recherche ont révélé une tendance frappante.
Ceux ayant les scores de santé mentale les plus bas ont recherché le plus grand nombre de sites Web présentant des thèmes négatifs.
C’est une rue à double sens
Une expérience ultérieure visait à déterminer si le doomscrolling était le produit de notre état mental et émotionnel ou de l’influence d’Internet.
En bref, les participants ont-ils été poussés à un contenu mélancolique parce qu’ils se sentaient déjà déprimés, ou leur humeur inquiétante résultait-elle de leur activité en ligne ?
Tali Sharot est professeur de neurosciences cognitives à l’UCL, qui a contribué de manière significative à ce débat.
« Beaucoup de gens disent qu’il existe une corrélation entre une mauvaise santé mentale et l’utilisation d’Internet », a déclaré Sharot. « Nous passons de nombreuses heures en ligne et, en tant qu’humains, nous n’avons commencé à le faire qu’au cours des dernières années. Est-ce que cela pose des problèmes ?
Et l’ironie ne nous échappe pas. Nous choisissons volontiers de nous lancer dans ces eaux troubles, pleinement conscients que cela va nous déprimer. N’est-il pas temps de reconsidérer nos habitudes numériques ?
Implications pour la santé mentale
Notre appétit insatiable pour les nouvelles pénibles n’est pas simplement une habitude bizarre ; cela a de graves implications pour la santé publique. Ce sujet est d’autant plus d’actualité que la consommation numérique a explosé plus que jamais.
Les experts de la santé et les décideurs politiques plaident en faveur d’une culture numérique complète, visant à sensibiliser les individus au lien entre leurs habitudes Internet et leur bien-être émotionnel.
Le scénario idéal ? Les gens apprendraient à identifier leur comportement négatif en ligne, ce qui les aiderait à mettre fin à la spirale négative du pessimisme.
De plus, les experts réclament des pauses dans le temps passé devant un écran. Ils promeuvent des environnements propices au bien-être mental afin de compenser les effets néfastes d’une consommation numérique excessive.
Une consommation numérique consciente
Comment pouvons-nous naviguer dans ce labyrinthe numérique sans nous laisser consumer par l’obscurité qu’il engendre souvent ? Une consommation numérique consciente pourrait être la réponse.
Nous pouvons contrer l’anxiété qui accompagne souvent une exposition continue à des informations sombres en adoptant une alimentation médiatique équilibrée, en modérant notre temps d’écran et en utilisant des techniques de pleine conscience comme la méditation.
Bref, il faut recadrer notre rapport à la technologie. Il s’agit de garantir que la technologie nous sert, et non l’inverse.
Une étude britannique récente a mis en évidence les effets néfastes potentiels de l’obsession des smartphones, en particulier chez les adolescents.
Les adolescents qui ont signalé des relations difficiles avec leur smartphone étaient trois fois plus susceptibles d’être anxieux, déprimés ou de souffrir d’insomnie.
Nos habitudes numériques ont une influence considérable sur notre santé mentale. Même si Internet a le potentiel d’être une ressource merveilleuse, il est entre nos mains d’exploiter toute sa puissance.
Si nous choisissons consciemment de rassasier notre esprit de contenu positif, nous avons une chance de protéger – voire d’améliorer – notre bien-être mental.
Alors, la prochaine fois que vous vous retrouverez en situation de catastrophe, rappelez-vous ceci : votre santé mentale vaut bien plus que n’importe quel tweet viral, message incendiaire ou article d’actualité alarmant.
L’étude est publiée dans la revue Comportement humain.
—–
Vous aimez ce que vous lisez ? Abonnez-vous à notre newsletter pour des articles attrayants, du contenu exclusif et les dernières mises à jour.
Découvrez-nous sur EarthSnap, une application gratuite présentée par Éric Ralls et Earth.com.
—–