La ministre québécoise de l’Économie, Christine Fréchette, rassure la province suite à l’annonce que Northvolt, le fabricant suédois de batteries, s’est placé sous la protection de la loi sur les faillites.
S’exprimant lors d’une conférence de presse jeudi, Fréchette a déclaré que le dépôt n’affecterait pas le projet majeur de l’entreprise dans la région de la Montérégie au Québec, où elle prévoit construire une immense usine de batteries pour véhicules électriques de 7 milliards de dollars.
« Les nouvelles d’aujourd’hui ne concernent pas le projet québécois », a-t-elle déclaré. « C’est la société mère en Suède qui est placée sous protection. »
Les opérations se poursuivent comme prévu sur le site de McMasterville et la situation financière de Northvolt est sécurisée pour au moins 18 mois, a-t-elle déclaré. Northvolt a déjà investi plus de 100 millions de dollars dans le site.
Le plus grand risque du Québec réside dans les 170 millions de dollars investis dans la société mère, a déclaré Fréchette, mais elle s’est dite confiante dans l’avenir de Northvolt, affirmant que le processus de faillite permettra à la société mère suédoise de restructurer et de stabiliser ses opérations.
Pascal Paradis, porte-parole du Parti québécois en matière d’énergie, a déclaré que le Québec avait pris un pari important avec l’argent des Québécois en investissant dans Northvolt, ajoutant qu’un échec de la restructuration de la société mère aurait des impacts sur son avenir au Québec.
Un expert québécois partage toutefois l’optimisme de Fréchette.
«On peut s’attendre à un Northvolt plus agile, plus agile et avec de meilleures chances de succès», a déclaré Yan Cimon, professeur de stratégie à la Faculté d’administration des affaires de l’Université Laval.
Il a déclaré que le processus de faillite donnera à l’entreprise une marge de manœuvre afin qu’elle puisse rendre l’entreprise plus durable au fil du temps. Il s’agit encore d’une jeune entreprise dans un secteur dynamique confronté à des concurrents sérieux, a-t-il déclaré, et il y aura forcément des ratés en cours de route.
Une faillite pourrait affecter l’ampleur des opérations au Québec, mais la demande de batteries ne fera qu’augmenter, a-t-il dit, il y a donc « de l’espoir à l’horizon pour elles ».
Dans un communiqué publié jeudi, Northvolt a expliqué que le dépôt de bilan est une décision volontaire dans le cadre d’un effort de restructuration de sa dette et d’adaptation de ses opérations pour répondre aux besoins de ses clients.
L’entreprise a également assuré que cette décision n’affecterait pas ses opérations à l’échelle mondiale, y compris l’usine Northvolt Six au Québec.
« Northvolt Six est un élément essentiel de l’avenir de l’entreprise, et nous restons pleinement déterminés à le mener à bien », a déclaré Paolo Cerruti, PDG de Northvolt North America, dans un communiqué. « Nous sommes impatients de continuer à travailler avec toutes les parties prenantes pour faire de ce projet un succès. »
L’entreprise a également assuré qu’elle continuerait à livrer ses clients, à remplir ses obligations envers les fournisseurs essentiels et à payer les salaires des employés pendant la restructuration.
« Northvolt continuera à fonctionner comme d’habitude pendant la réorganisation, tout comme d’autres sociétés internationales qui ont utilisé le processus du chapitre 11 pour restructurer leurs obligations financières », a indiqué la société dans son communiqué.
Selon la direction, le dépôt du chapitre 11 permettra à l’entreprise d’accéder à 145 millions de dollars de garantie en espèces pour réorganiser ses opérations. Le fabricant de batteries a également obtenu 100 millions de dollars supplémentaires auprès de ses investisseurs.
Mercredi, Radio-Canada a rapporté que des discussions internes étaient en cours chez Northvolt depuis plusieurs jours concernant le recours à la protection contre les faillites du chapitre 11 en vertu de la loi américaine pour protéger l’entreprise en difficulté financière.
Face à une croissance rapide et à un manque de liquidités, Northvolt a présenté en septembre un plan de révision stratégique qui prévoyait l’annulation d’un projet d’usine en Suède, la rationalisation des opérations en Pologne et en Californie et la suppression de 1 600 emplois en Suède.
Le géant européen des batteries a évoqué une croissance plus lente que prévu du marché des batteries pour véhicules et une concurrence féroce, notamment de la part de l’Asie.
Les principaux actionnaires de Northvolt sont Volkswagen (21 pour cent), Goldman Sachs (19 pour cent) et Vargas Holding (sept pour cent).
Le Caisse de dépôt et placement du Québecle gestionnaire du fonds de pension public de la province, a également investi 200 millions de dollars dans l’entreprise.