Le Canada est prêt pour son année pandémique la plus meurtrière à ce jour. Oui, nous sommes fatigués, mais nous ne pouvons pas abandonner le combat
Aux États-Unis, les décès dus au COVID-19 ont récemment dépassé le million. Bien que le taux de mortalité au Canada ne représente qu’un tiers de celui des États-Unis, nous devrions faire une pause avant de nous féliciter
Les mesures qui maintenaient nos taux d’infection bas ont été supprimées ou rétrogradées. Pour cette raison, nous sommes prêts pour notre année pandémique la plus meurtrière à ce jour. Il y a eu un peu moins de 15 000 décès en 2020 et 2021, mais il y a eu environ 10 000 décès au cours des quatre premiers mois de 2022 seulement. Nous devons convenir que c’est inacceptable.
La pierre angulaire de notre réponse à la pandémie a été une population engagée et disposée à respecter les règles de santé publique. Mais les dirigeants politiques pensent maintenant que les gens sont fatigués et que les restrictions pandémiques doivent être supprimées.
Oui, les Canadiens sont fatigués de la COVID et fatigués des restrictions, mais “fatigués” ne signifient pas qu’ils sont prêts à “laisser tomber”, à abandonner les personnes vulnérables ou à lancer les dés sur leur risque personnel de contracter une longue COVID.
Le retrait de tant de mesures de santé publique signifie accepter 20 000 décès annuels, une sécurité publique réduite pour les personnes vulnérables ou immunodéprimées et un nombre incalculable de personnes blessées par COVID-19.
Une voie à suivre plus équilibrée s’appuierait sur nos mesures de santé publique efficaces pour réduire tous ces risques et réduire la probabilité de futurs confinements. Les Canadiens savent qu’ils doivent concilier leurs libertés civiles et leurs droits de la personne avec leur responsabilité de protéger les autres. Nous réalisons que garder nos gardes maintenant pourrait protéger notre avenir.
Nous pouvons réduire les taux d’infection en : sachant quand nous sommes infectés et en nous isolant ; pratiquer un masquage approprié ; maximiser notre protection vaccinale; rendre les écoles sûres; et agir sur les déterminants sociaux de la santé.
Trop de gens n’ont pas accès aux tests. Nous avons besoin d’un accès gratuit, facile et rapide aux tests rapides et PCR. Il est également temps de reconstruire nos systèmes de recherche des contacts et le reste de notre système de santé publique durement touché. S’assurer que nous disposons d’une infrastructure suffisante est une priorité stratégique – ce ne sera pas la dernière pandémie.
L’obligation de porter des masques dans les lieux publics fermés tels que les transports publics, les hôpitaux, les grands événements, les magasins et en classe réduira les infections et augmentera la sécurité des personnes vulnérables.
La vaccination est l’une de nos meilleures armes. Mais notre définition actuelle d’être complètement vacciné est d’avoir deux doses. Nous savons que ce n’est pas la protection la plus efficace. Seulement 55 % des adultes ont les trois doses nécessaires pour une bonne protection, et seulement 6 % ont les quatre doses pour une protection optimale. Changer la définition de complètement vacciné à trois doses immédiatement, puis à quatre doses à l’automne augmentera la protection que la vaccination nous donne en tant que société.
La vaccination reste également inégale. Il peut y avoir jusqu’à 20 % de variation entre les groupes de population, mais nous avons besoin d’informations plus précises. Il est impératif de collecter des données sociodémographiques sur les taux de vaccination et de concentrer les ressources sur les groupes sous-vaccinés.
Afin de s’assurer que les écoles sont sûres pour tous les enfants, nous avons une liste de vaccinations obligatoires. Les vaccins COVID-19 devraient être ajoutés à la liste. Ils sont sûrs et ne sont plus “nouveaux”. Les écoles devraient également avoir le pouvoir et l’obligation d’imposer des masques si nécessaire pour protéger un enfant vulnérable – ou pour aider à garder les portes ouvertes lorsque trop de membres du personnel tombent malades.
Lorsque la ville de Toronto a demandé aux communautés ce dont elles avaient besoin pour s’assurer que sa stratégie en cas de pandémie était équitable, elles ont demandé une meilleure protection des travailleurs, des congés de maladie payés, une diminution de l’encombrement dans les autobus, l’accès à des endroits gratuits pour s’isoler, des services de garde d’enfants et des soutiens en santé mentale. L’action sur ces questions doit faire partie de toute stratégie de santé publique.
Nous souhaitons tous en avoir fini avec le COVID-19, mais nos taux de mortalité élevés prouvent que ce n’est pas fini avec nous. “Vivre avec le virus” a toujours été notre objectif – mais ces étapes sont ce qu’il faut pour vivre avec lui plutôt que d’être “libre” d’en mourir. Nous avons besoin que nos dirigeants écoutent leurs électeurs et fassent les investissements nécessaires. Assurons-nous de prendre des mesures raisonnables afin de reprendre le contrôle de la pandémie, et assurons-nous que ce n’est pas encore notre année la plus meurtrière.