Le Burkina Faso rompt ses relations avec les troupes françaises et ordonne le départ

OUAGADOUGOU, Burkina Faso (AP) – Le gouvernement de la junte du Burkina Faso a ordonné samedi soir à des centaines de soldats français de quitter le pays d’Afrique de l’Ouest dans un délai d’un mois, suivant le chemin du Mali voisin, dont la nation est également dirigée par un chef du coup d’État.

Le radiodiffuseur national RTB a fait cette annonce, citant l’Agence d’information officielle du Burkina. L’agence de presse a indiqué que la décision avait été prise mercredi de mettre fin à la présence de l’armée française sur le sol burkinabé.

Les manifestants sont descendus dans les rues de la capitale, Ouagadougou, la semaine dernière pour demander l’éviction de l’ambassadeur de France et la fermeture d’une base militaire française au nord de la capitale. Environ 400 soldats des forces spéciales françaises y sont actuellement basés, a rapporté France 24.

La décision du régime burkinabé intervient cinq mois après que la France a achevé son retrait du Mali après neuf ans de lutte contre les extrémistes islamiques aux côtés des troupes régionales. Beaucoup d’entre eux sont désormais basés au Niger et au Tchad.

Alors que le nombre de soldats français au Burkina Faso est bien inférieur à ce qu’il était au Mali – 400 forces spéciales, contre plus de 2 400 soldats – l’annonce de samedi ajoute aux inquiétudes croissantes selon lesquelles les extrémistes islamiques profitent du désarroi politique et l’utilisent pour se développer leur portée. Les analystes se sont demandé si les armées nationales du Burkina Faso et du Mali étaient capables de combler le vide.

Plus de 60 ans après l’indépendance du Burkina Faso, le français reste une langue officielle et la France a maintenu de solides liens d’aide économique et humanitaire avec son ancienne colonie. Cependant, à mesure que l’insurrection islamiste extrémiste s’est intensifiée, le sentiment anti-français a monté en flèche, en partie à cause de la violence incessante.

Après le deuxième coup d’État l’année dernière, les manifestants anti-français ont commencé à exhorter la junte à renforcer plutôt les liens avec la Russie. Le Mali a déjà embauché des mercenaires russes du groupe Wagner, qui ont été accusés de violations généralisées des droits de l’homme là-bas et ailleurs.

L’annonce de samedi a été bien accueillie par ceux qui avaient perdu patience avec la France.

« Malgré leur présence sur le sol burkinabé avec d’énormes équipements et leur pouvoir au niveau du renseignement, ils ne pouvaient pas nous aider à vaincre le terrorisme », a déclaré Passamde Sawadogo, un éminent militant de la société civile et chanteur de reggae. « Il était donc temps pour nous de nous en débarrasser, et c’est ce que fait le gouvernement de transition avec beaucoup d’audace.

___

La rédactrice d’Associated Press Krista Larson à Dakar, au Sénégal, a contribué à ce rapport.

Arsène Kaboré, The Associated Press