La réponse de l’artisanat de l’UE aux subventions américaines aux technologies vertes
- L’UE présentera cette semaine des propositions pour contrer les subventions américaines aux technologies vertes, qui menacent son industrie.
- La Commission européenne prévoit une nouvelle loi pour soutenir l’industrie verte, et les propositions seront décidées la semaine prochaine.
- Contrairement à leurs homologues américains, les entreprises européennes sont confrontées à des factures énergétiques massives suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
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L’UE présentera mercredi des propositions tant attendues pour contrer les subventions américaines massives sur les technologies vertes qui menacent l’industrie européenne, déjà aux prises avec la flambée des prix de l’énergie et la concurrence déloyale de la Chine.
Face à des États membres divisés entre les partisans du marché libre et les défenseurs des aides d’État, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, est sous pression pour répondre de toute urgence à la loi américaine sur la réduction de l’inflation (IRA).
Pourquoi l’UE doit-elle réagir ?
Les États-Unis ont adopté l’IRA l’année dernière, prodiguant des subventions et des réductions d’impôts d’une valeur de 370 milliards de dollars aux acheteurs américains de véhicules électriques – s’ils « achètent américain » – et laissant les constructeurs automobiles européens consternés.
L’industrie européenne a tiré la sonnette d’alarme sur l’impact de l’IRA sur le continent, car les coûts élevés de l’énergie et les subventions américaines pourraient pousser les entreprises à partir.
Contrairement à leurs homologues américains, les entreprises européennes sont déjà confrontées à des factures énergétiques colossales, incapables de se tourner vers le gaz russe bon marché après l’invasion de l’Ukraine par Moscou.
Les prix du gaz imposés aux industriels européens ont triplé par rapport à la moyenne de la dernière décennie, tandis que les factures de gaz sont restées stables en Asie et en Amérique du Nord.
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L’UE s’est déjà engagée à investir des centaines de milliards d’euros dans les technologies vertes, notamment les panneaux solaires, les batteries et l’hydrogène.
Le bloc risque cependant de devenir dépendant des entreprises chinoises qui bénéficient à la fois de subventions massives et de moindres contraintes environnementales.
« De nombreuses entreprises délocalisent déjà partiellement ou totalement leur production hors d’Europe », a déclaré BusinessEurope, le principal lobby des entreprises de l’UE.
Des milliers d’emplois sont en jeu dans la chimie, la sidérurgie et d’autres secteurs.
Quelles sont les options disponibles ?
Mandatée en décembre par les États membres de l’UE pour élaborer une réponse européenne, von der Leyen cherche à alléger les contraintes réglementaires qui pèsent sur les industries vertes.
Elle a déjà annoncé le projet d’une nouvelle loi qui permettra de soutenir des projets européens stratégiques, en accélérant et en simplifiant les autorisations et les financements.
Les projets de propositions de la commission consultés par l’AFP incluent un allégement temporaire des règles en matière d’aides d’État, ciblé sur les secteurs prioritaires, ainsi qu’un soutien aux investissements dans les usines via des avantages fiscaux.
Mais l’assouplissement des règles en matière d’aides d’État est controversé. Cela aiderait les pays les plus riches du bloc, en particulier la France et l’Allemagne, car ils pourraient injecter de l’argent dans leurs entreprises au détriment des concurrents de l’UE.
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L’Allemagne et la France représentent respectivement 53% et 24% des aides d’Etat notifiées à Bruxelles depuis mars 2022 lorsque les règles ont été assouplies suite à la guerre en Ukraine. L’Italie arrive en troisième position avec 7 %.
Dans une lettre signée par sept pays, dont l’Autriche, le Danemark et la Finlande, ils ont souligné que « la compétitivité et un meilleur environnement d’investissement… ne peuvent pas être construits sur des subventions non ciblées permanentes ou excessives ».
Certains membres de l’UE, dont la France et l’Italie, demandent de nouveaux fonds communs. Von der Leyen a promis de travailler sur un nouveau fonds de souveraineté européenne financé par une augmentation du budget du bloc.
Mais un tel mécanisme ne sera possible qu’avec le soutien de l’Allemagne et d’autres membres « frugaux » du nord de l’UE, qui s’opposent à l’emprunt commun ou à toute augmentation de leurs contributions budgétaires.
Le commissaire européen au marché unique, Thierry Breton, a suggéré d’autres moyens de financer la réponse, notamment la mobilisation des fonds restants du plan de relance européen de 800 milliards d’euros et des prêts de la Banque européenne d’investissement.
Quand l’UE décidera-t-elle ?
Les dirigeants européens devraient se prononcer sur les propositions de von der Leyen lors d’un sommet à Bruxelles la semaine prochaine.
Bien qu’il existe un consensus sur la nécessité d’agir rapidement, l’idée d’un fonds de souveraineté sera repoussée à plus tard cette année, selon les projets de propositions, car des pays comme l’Allemagne, les Pays-Bas et la Suède s’y opposent.
L’étendue du paquet de mercredi au-delà de l’assouplissement des pressions réglementaires et de l’assouplissement des règles en matière d’aides d’État est incertaine.
Il y a de réelles craintes en Europe d’une guerre commerciale avec les États-Unis, alors que beaucoup restent préoccupés par une réponse qui viole les principes du marché libre.
L’UE et les États-Unis « ont tellement plus à gagner lorsque nous travaillons ensemble », ont écrit jeudi les trois vice-présidents exécutifs de la commission dans le Financial Times.
Valdis Dombrovskis, Frans Timmermans et Margrethe Vestager ont également appelé à « un marché transatlantique ouvert et prospère » et ont mis en garde contre le risque pour le marché unique d’une « augmentation massive » des subventions publiques.