La manifestation des rebelles de la police haïtienne paralyse Port-au-Prince
PORT-AU-PRINCE, Haïti (AP) – Des policiers rebelles indignés ont paralysé Port-au-Prince jeudi, rugissant dans les rues à moto pour protester contre une série de meurtres de policiers par des gangs haïtiens.
Plus d’une centaine de manifestants ont bloqué les routes, tiré des coups de feu en l’air et franchi les portes de l’aéroport de la capitale et de la maison du Premier ministre, les tensions s’intensifiant tout au long de la journée.
Les gangs ont tué au moins 10 officiers la semaine dernière ; un autre est porté disparu et un autre est grièvement blessé par balle, selon la Police nationale d’Haïti.
Une vidéo circulant sur les réseaux sociaux – probablement enregistrée par des gangs – montre les corps nus et ensanglantés de six hommes étendus sur la terre, leurs armes posées sur leur poitrine. Une autre vidéo montre deux hommes masqués qui fument des cigarettes des mains et des pieds démembrés des hommes morts.
Le gang qui les a tués, connu sous le nom de Gan Grif, a toujours les corps, a indiqué la police.
La vague de meurtres macabres de policiers n’est que le dernier exemple de l’escalade de la violence dans la nation des Caraïbes, qui a été en proie à des guerres de gangs et au chaos politique à la suite de l’assassinat en 2021 du président Jovenel Moise.
Son successeur non élu à la tête du gouvernement, le Premier ministre Ariel Henry, a demandé aux Nations unies de mener une intervention militaire, mais aucun pays n’a été disposé à mettre des bottes sur le terrain.
Les décès ont rendu furieux les membres du Fantom 509, un groupe armé d’actuels et d’anciens policiers qui a violemment exigé de meilleures conditions pour les policiers.
Des dizaines de ces hommes ont traversé la ville jeudi, beaucoup portant des cagoules ainsi que des uniformes de police, des gilets pare-balles, des fusils et des armes automatiques. Ils ont saisi des bus pour bloquer les routes et incendié des pneus à travers la ville, laissant la fumée s’effondrer dans les rues.
Beaucoup ont exigé des mesures de répression plus sévères contre les gangs et ont appelé à la fin de l’administration d’Henry, que de nombreux Haïtiens considèrent comme illégitime. Les manifestants ont brisé l’une des portes devant la maison d’Henry et une barrière à l’aéroport de Port-au-Prince, où il prévoyait de faire une apparition plus tard dans la journée.
« Nous avons besoin d’une révolution », a crié un manifestant vêtu d’un gilet pare-balles, d’un casque et d’un masque à gaz. « Nous sommes dans la rue pour nous battre, pour nos frères et sœurs victimes des bandits. Nous devons descendre dans la rue tous les jours pour obtenir ce que nous voulons.
Une vidéo enregistrée par les médias haïtiens locaux montre des rues vides et des commerces fermés sur une route clé de Port-au-Prince où le groupe rebelle est passé.
En plus des corps exposés par le gang, un certain nombre d’officiers ont été tués la semaine dernière lors d’un échange de tirs avec des gangs dans un quartier qui était autrefois considéré comme relativement sûr.
Depuis qu’Henry a pris les rênes du pays, 78 policiers ont été tués, selon un rapport publié jeudi par le groupe haïtien de défense des droits de l’homme, Réseau national de défense des droits de l’homme.
La Police nationale d’Haïti a exprimé ses condoléances aux familles et aux collègues des policiers tués et a déclaré qu’elle « appelait à la paix et invite les policiers à se rassembler pour apporter une réponse institutionnelle aux différentes organisations criminelles qui terrorisent le peuple haïtien ».
L’ambassade des États-Unis en Haïti a également tweeté jeudi après-midi pour demander le calme.
Les Nations Unies estiment que 60% de Port-au-Prince est contrôlé par les gangs. Dans les rues de la capitale, les Haïtiens disent que c’est plutôt du 100 %.
Cette semaine, l’envoyé spécial de l’ONU pour Haïti a exhorté les gouvernements américain et canadien à diriger une force armée internationale pour aider Haïti à combattre les gangs. La police haïtienne, quant à elle, plaide pour plus de ressources.
« Le mouvement va continuer, nous ne pouvons pas laisser la police se faire tuer comme ça », a déclaré un homme masqué en uniforme de police portant un pistolet qui n’a pas voulu être identifié. « Nous pouvons faire le travail s’ils nous donnent des munitions. »
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Le journaliste d’Associated Press Evens Sanon a contribué à ce rapport.
Pierre Richard Luxama et Megan Janetsky (), The Associated Press