Un bodybuilder de 21 ans a consommé un produit chimique dangereux appelé 2,4-dinitrophénol (2,4-DNP) pendant plusieurs mois, entraînant sa mort prématurée suite à une défaillance multiviscérale. Sa consommation chronique de cette substance, associée à des stéroïdes anabolisants, soulignait une préoccupation pour l’apparence physique et suggérait un trouble psychiatrique appelé dysmorphie musculaire. Cette étude de cas, publiée dans Frontières de la santé publiquemet en lumière les risques extrêmes liés à l’apparence non réglementée et aux médicaments améliorant la performance, soulignant les défis auxquels les prestataires de soins de santé sont confrontés pour traiter de tels cas.
La dysmorphie musculaire, parfois appelée « anorexie inversée », est une condition psychologique dans laquelle les individus croient de manière obsessionnelle que leur corps n’est pas suffisamment musclé ou maigre. Ce trouble peut conduire à des comportements extrêmes, notamment un exercice excessif, des régimes restrictifs et l’utilisation de substances dangereuses pour obtenir un physique idéalisé.
Les personnes atteintes de dysmorphie musculaire peuvent négliger leur santé et leur bien-être, donnant la priorité à leur image corporelle plutôt qu’à un avis médical ou à une détérioration visible de leur santé. Cette maladie affecte de manière disproportionnée les culturistes masculins et les amateurs de fitness, les poussant souvent à consommer des substances telles que des stéroïdes anabolisants et d’autres améliorants de performance, même s’ils en connaissent les risques.
Le 2,4-dinitrophénol, ou 2,4-DNP, est un produit chimique initialement développé au début du 20e siècle pour un usage industriel. Il a gagné en notoriété dans les années 1930 comme médicament amaigrissant car il accélère le métabolisme en perturbant la production d’énergie au niveau cellulaire. Cependant, son utilisation a été rapidement interrompue en raison d’effets secondaires graves, notamment l’hyperthermie, une fréquence cardiaque rapide, une transpiration abondante et une défaillance d’organe.
Aujourd’hui, le 2,4-DNP est considéré comme hautement toxique et impropre à la consommation humaine. Malgré ces avertissements, la substance reste disponible sur les marchés en ligne illicites, où elle est commercialisée auprès des bodybuilders comme un « brûleur de graisse » à action rapide. L’absence d’antidote et sa marge de sécurité étroite rendent le 2,4-DNP particulièrement dangereux, des doses mortelles entraînant souvent la mort en quelques heures.
Le nouveau rapport de cas raconte l’histoire d’un bodybuilder de 21 ans qui consommait régulièrement du 2,4-DNP pendant six mois. Ses premiers symptômes sont apparus à cette époque, notamment un rythme cardiaque rapide, une respiration difficile et une transpiration excessive, signes caractéristiques d’une intoxication au 2,4-DNP. Malgré ces symptômes, il a continué à utiliser ce produit chimique, probablement motivé par le désir de conserver un physique mince et musclé.
Quatre mois avant sa mort, l’homme avait été hospitalisé pour une défaillance multiviscérale. S’il a révélé sa consommation de 2,4-DNP lors de cette hospitalisation, il a par la suite nié sa consommation continue à son médecin généraliste. Ce déni a compliqué son traitement et retardé un diagnostic précis. Au cours des mois suivants, ses symptômes ont persisté et son état de santé s’est détérioré. Malgré de multiples consultations et investigations, son état s’est aggravé, aboutissant à un épisode mortel après l’ingestion d’une forte dose de 2,4-DNP.
L’autopsie a révélé des signes d’intoxication aiguë et chronique. Sa concentration sanguine de 2,4-DNP s’est avérée être à des niveaux mortels, et l’analyse segmentaire des cheveux a confirmé une utilisation à long terme. L’autopsie a également identifié un abus chronique de stéroïdes anabolisants, soulignant encore davantage les risques liés à la combinaison de substances dangereuses. La préoccupation du bodybuilder pour son apparence, associée à son mépris pour les conséquences sur sa santé, étayait un diagnostic suspect de dysmorphie musculaire.
Les études de cas fournissent des informations détaillées sur des événements rares ou inhabituels, offrant ainsi un aperçu de conditions et de comportements que des études plus vastes pourraient négliger. Dans ce cas, l’étude de cas met en lumière l’intersection dangereuse de la dysmorphie musculaire, des substances améliorant la performance et des produits chimiques toxiques comme le 2,4-DNP. Ces récits détaillés peuvent aider les professionnels de la santé à reconnaître des cas similaires et à développer des stratégies d’intervention précoce.
Toutefois, les études de cas présentent des limites. Ils se concentrent sur un seul individu, ce qui signifie que leurs conclusions ne peuvent pas être généralisées à des populations plus larges. De plus, ils s’appuient sur une analyse rétrospective, qui peut introduire des biais ou des lacunes dans les informations. Malgré ces défis, les études de cas restent inestimables pour sensibiliser et inciter à des recherches plus approfondies.
Cette affaire souligne le besoin urgent d’une sensibilisation accrue aux dangers de substances comme le 2,4-DNP. La formation des prestataires de soins de santé, en particulier ceux des soins primaires et de la médecine d’urgence, est essentielle pour améliorer la détection et la gestion des cas d’intoxication. Reconnaître les signes de la dysmorphie musculaire et s’attaquer aux facteurs psychologiques sous-jacents pourrait également aider à prévenir de telles tragédies. En fin de compte, la mort de ce jeune bodybuilder met en évidence les conséquences dévastatrices de la priorité accordée à l’apparence plutôt qu’à la santé.
Le rapport de cas, «Intoxication mortelle à long terme par le 2,4-dinitrophénol et les stéroïdes anabolisants chez un jeune bodybuilder atteint de dysmorphie musculaire», a été rédigé par Coralie Hermetet, Marine Jourdan, Alain Baert, Laurie Gheddar, Alice Ameline, Pascal Kintz et Renaud Bouvet.