Jardin d’enfants La Fontaine / ALTA
Description textuelle fournie par les architectes. Contexte – A Tours, l’école Jean de la Fontaine a fait peau neuve aux mains de l’agence ALTA. Initié par la municipalité fin 2020, l’appel d’offres visait la démolition et la reconstruction de cet établissement construit dans les années 60. Au nord-est de la ville, dans un quartier en pleine mutation, l’école existante s’inscrivait dans un tissu urbain complexe caractérisé par une grande hétérogénéité d’échelles et de typologies de bâtiments. En plus de rendre plus lisible l’établissement et ses abords, le projet d’ALTA est un véritable hommage au patrimoine architectural et naturel ligérien. Le territoire de Tours, traversé par la Loire et le Cher, est en effet marqué par une forte présence végétale : coteaux boisés, parcs et espaces paysagers, jardins privés et familiaux… Ce patrimoine, avec les tracés des trames vertes et bleues, forme l’un des fils conducteurs qui ont animé les architectes tout au long de ce projet de requalification. Initiés en décembre 2022, les travaux de construction se sont achevés en avril 2024 avec la rénovation du gymnase existant. En collaboration avec les paysagistes de la FAAR Paysage, de nouveaux espaces extérieurs ont été conçus, alliant gestion écologique et valorisation de la biodiversité aux usages extérieurs prévus pour les écoliers.
Une installation sensible – Inspirés par la pluralité des constructions qui caractérisent la région, des gabarres naviguant sur la Loire aux hangars fleuris dans les jardins familiaux, les architectes d’ALTA ont conçu cette nouvelle école comme un refuge. L’imagerie de la cabane s’impose à la fois pour sa puissance évocatrice et pour la proximité suggérée avec un environnement sauvage. Cette figure onirique se reflète dans la volumétrie des trois corps de bâtiment abritant respectivement le réfectoire, les salles de classe et le gymnase. Leur horizontalité, leurs faîtes bas et leurs particularités formelles – tantôt en chevauchement, tantôt en débord de toiture – façonnent la silhouette de l’équipement, le détachant de la rue. Implantée sur une parcelle étroite et allongée, l’école Jean de la Fontaine s’étend aujourd’hui sur une surface de 1948 m².
La mise en œuvre du projet associe les exigences du programme à une réelle volonté d’approfondir les liens établis entre l’école et son contexte paysager. Cette intention conceptuelle se décline en triptyque au fil de la progression du bâtiment, dont la première partie est incarnée par le parvis. A l’entrée de l’école, le parvis remplit la double fonction d’espace d’accueil pour les élèves et d’espace public ouvert aux parents et à tous les habitants. Son design rationnel et ses dimensions généreuses facilitent les usages multiples et offrent un recul rassurant par rapport à la rue du Colombier. Vient ensuite le bâtiment d’enseignement, dont le programme pédagogique, tel que présenté sur le plan, est complété par une dimension d’éveil. Le jeu des ouvertures et des élévations offre des vues sur l’environnement et le paysage environnants, qu’ils soient proches ou lointains. De plus, l’école agit comme une passerelle entre deux espaces extérieurs, permettant une transition progressive vers l’intimité – du parvis public à l’enceinte protectrice de la cour de récréation. Cette cour de récréation en retrait de la rue et de ses nuisances, forme le dernier panneau du triptyque. Conçu comme un espace de jeu et de détente, il est aussi un terrain fertile, à la fois stimulant et pédagogique. En contraste avec le parvis, son aménagement allie des formes organiques à une forte présence végétale, mettant en valeur les arbres existants.
L’architecture au service du confort des usagers – La composition de l’école en ligne brisée définit des usages distincts en les associant à des temporalités précises ; elle permet également aux espaces intérieurs de bénéficier d’expositions croisées au sud-est et au nord-ouest. L’image de la cabane se retrouve une fois de plus dans l’utilisation de matériaux simples comme la paille et le bois. Au cœur des préoccupations constructives d’ALTA, une grande attention est portée au confort et au bien-être des usagers petits et grands. Non polluants, biosourcés, exempts de composés organiques volatils, sourcés localement, favorisant l’économie circulaire et la préfabrication… Des matériaux de construction aux éléments de finition en passant par les isolants, les produits utilisés ont été rigoureusement sourcés pour s’aligner aux exigences du développement durable et aux grands principes de la conception bioclimatique.
Ces intentions conjointes pour un chantier vertueux et une allusion au symbole de la cabane témoignent d’une démarche architecturale à la fois technique et sensible. Ainsi, pour la première fois à Tours, le gros œuvre en ossature bois est associé à une isolation en paille. Ce mode d’isolation modeste mais subversif distingue l’équipement de la construction standardisée en soulignant la singularité de son approche conceptuelle. Le pin du Nord sélectionné pour les éléments de bardage verticaux fait écho à certaines constructions de ce quartier hétéroclite. Traité thermiquement et teinté pour accroître sa durabilité et anticiper son vieillissement, le bois présente une teinte sombre choisie pour ses propriétés convectives, qui contribuera à réchauffer les espaces intérieurs pendant la saison froide. Les lignes élancées des avancées de toiture au-dessus du parvis et de la cour forment le premier abri contre les éléments naturels, qu’il s’agisse de la pluie ou du soleil. En été, les avancées de toiture se combinent à la végétation pour protéger les façades et leurs grandes baies vitrées d’une exposition prolongée au soleil. Les dimensions de ces fenêtres, rendues possibles par leurs châssis en aluminium discrets et efficaces, profitent aux salles de classe qui bénéficient d’une lumière de qualité et de vues exceptionnelles sur les paysages naturels conçus par les paysagistes.
En matière d’ingénierie climatique, les architectes et leur équipe ont opté pour l’énergie biomasse en équipant l’école d’une chaudière à bois. Pour refroidir les salles de classe en cas de surchauffe, la simplicité l’emporte une fois de plus sur la technique : la ventilation naturelle est privilégiée à l’étage du bâtiment pédagogique. En associant un aménagement bien pensé à une enveloppe low tech en bois et paille, et en privilégiant les énergies renouvelables et les matériaux biosourcés, l’école Jean de la Fontaine de Tours s’impose comme un exemple et un pionnier en matière de sobriété et d’économie de construction. Grâce à ces qualités et à la démarche honnête du projet, le projet a été intégré dans le périmètre du label E+C- avec une note méritée : énergie positive 3 et réduction carbone 1.