Alors que plus de 27 millions de Sud-Africains votent mercredi, le Congrès national africain au pouvoir pourrait bien perdre la majorité parlementaire dont il jouit depuis trois décennies, une majorité qui lui a permis de diriger seul ce pays influent.
Incapable de fournir de manière constante des services de base comme l’eau et l’électricité, et accusé de corruption généralisée, l’ANC se bat pour conserver plus de la moitié des voix. Ajoutant à la colère contre l’ANC, un tiers des adultes sont sans emploi et les taux de criminalité sont extrêmement élevés.
Si le parti de libération emblématique de Nelson Mandela tombe en dessous de 50 % pour la première fois depuis qu’il a pris le pouvoir lors des premières élections démocratiques en Afrique du Sud en 1994, le parti devra bricoler un gouvernement de coalition.
Israël prend particulièrement note des élections. L’Afrique du Sud est devenue l’un des critiques les plus acerbes de l’État juif sur la scène internationale.
L’Afrique du Sud soutient depuis longtemps la cause palestinienne, le parti ANC la liant souvent à sa propre lutte contre l’apartheid. Il a fermement condamné la réponse d’Israël à l’attaque du Hamas du 7 octobre, a porté des allégations de génocide contre l’État juif devant la Cour internationale de Justice et a rappelé tous ses diplomates du pays.
Le ministre sud-africain des Affaires étrangères, Naledi Pandor, a promis que les citoyens qui combattent dans les Forces de défense israéliennes seraient arrêtés à leur retour dans le pays.
Les sondages montrent que l’ANC recueille jusqu’à 45 % des voix, mais certains affirment que ces chiffres ne tiennent pas compte du fait que de nombreux partisans sont pauvres et difficiles à atteindre.
Le deuxième plus grand parti d’opposition est l’Alliance démocratique, qui détient actuellement 84 sièges sur les 400 membres de l’Assemblée nationale et contrôle le gouvernement provincial du Cap-Occidental, la seule des 9 provinces d’Afrique du Sud à ne pas être aux mains de l’ANC.
Le parti n’est pas hostile à Israël, mais son fief du Cap-Occidental est la province avec le pourcentage de résidents musulmans le plus élevé du pays et, en tant que tel, il ne va pas loin dans son soutien à l’État juif.
Le troisième parti en importance est la faction des Combattants de la liberté économique, un bloc marxiste populiste qui soutient l’armement du Hamas dans ses tentatives de détruire Israël.
Il y a aussi le parti conservateur Inkatha Freedom Party, soutenu par les Zoulous, qui a notamment évité de condamner Israël.
Le meilleur scénario pour Israël serait que l’ANC chute en dessous de 50 % et que l’Alliance Démocratique réussisse à rassembler une coalition de petits partis qui inclurait l’IFP et les partis chrétiens.
John Steenhuisen, chef de l’Alliance démocratique, a prédit qu’aucun parti ne remporterait une majorité absolue, créant ainsi une ouverture pour son alliance de petits partis.
Ce résultat est cependant quelque peu irréaliste. Un résultat positif plus probable pour Israël serait que l’ANC doive construire une coalition avec des partis plus modérés qui émousseraient certaines de ses actions les plus agressives contre Israël.
Il y a également l’espoir que Pandor soit remplacé, ce qui éliminerait de la scène l’une des personnalités les plus anti-israéliennes de l’ANC.
Même s’il pourrait y avoir quelques petits mouvements dans une direction moins hostile, un gouvernement dirigé par l’ANC ne peut aller jusqu’où. Son ADN restera implacablement hostile à Israël, et les relations diplomatiques entre les deux pays resteront probablement inexistantes. L’Afrique du Sud n’a pas eu d’ambassadeur en Israël depuis 2019, et Israël a rappelé son envoyé en novembre de l’année dernière.
Israël devra chercher du soutien ailleurs sur le continent, un effort qui a connu un succès notable ces dernières années.
L’AFP a contribué à ce rapport.