François Legault, impopulaire partout | L’actualité
Notre système électoral et la culture politique qui vient avec font que les chefs des partis sont médiatiquement omniprésents. C’est pourquoi, afin de bien comprendre le paysage politique, il est crucial de parfois creuser davantage, au-delà des intentions de vote, et de mesurer les niveaux d’appréciation des chefs auprès des électeurs pour mieux saisir leur humeur.
En tâtant le pouls des citoyens sur leur appréciation des dirigeants politiques, nous pouvons ainsi (ré) évaluer toutes sortes de variables, telles que le potentiel de croissance d’un parti, la hauteur de son plafond d’appui ou si le chef est devenu un boulet pour sa formation.
Pour la Coalition Avenir Québec (CAQ), les nouvelles sont mauvaises. Un volet d’un sondage Pallas Data pour L’actualité/Qc125, dont les premiers résultats ont été publiés la semaine dernière, s’est concentré sur les quatre chefs permanents des partis politiques au Québec. Or, la CAQ se trouve à 22 % des intentions de vote dans ce sondage, alors que 23 % des répondants ont une impression favorable du premier ministre François Legault. Ces chiffres concordent. Quelque 60 % des répondants déclarent plutôt avoir une impression défavorable du premier ministre, un piètre score net (impressions favorables moins impressions défavorables) de -37, loin derrière ses principaux rivaux.
Avec de tels résultats pour son chef, il est virtuellement impossible pour la CAQ de regagner le terrain perdu. Quelques points ici et là peut-être, mais habituellement, les Québécois ne votent pas pour un parti s’ils n’apprécient pas son chef.
Il apparaît clair que, contrairement à ce qu’affirmaient les manchettes récentes, le Parti québécois (PQ) n’a peut-être pas encore atteint son plafond, malgré des intentions de vote qui ont peu bougé ces derniers mois : son chef est encore plus populaire que sa formation.
Paul St-Pierre Plamondon est le seul chef jouissant d’un score net positif. Reste que ce n’est pas comme s’il marchait sur les eaux non plus. À l’échelle nationale, 40 % des répondants disent avoir une impression favorable de Plamondon, contre 32 % d’impression défavorable — un score net de +8.
Ces chiffres nous laissent croire que Plamondon pourrait faire croître davantage les appuis au PQ, puisqu’il fait mieux que son propre parti.
Vient ensuite le co-porte-parole solitaire de Québec solidaire (QS), Gabriel Nadeau-Dubois, dont 29 % des répondants ont une impression favorable. Cela signifie que Nadeau-Dubois, lui aussi, fait mieux que son propre parti (15 % des répondants appuient Québec solidaire dans ce même sondage). Toutefois, le plafond de la tête d’affiche de QS est résolument plus bas que celui de Plamondon, car 41 % des répondants affirment avoir une impression défavorable de Nadeau-Dubois — ce qui lui donne un score net de -12.
Le premier ministre pourra peut-être se consoler en consultant les chiffres du chef du Parti conservateur du Québec (PCQ), Éric Duhaime. Parmi l’échantillon total du sondage, 62 % des répondants déclarent avoir une impression défavorable de l’ancien animateur de radio (dont 47 % « très défavorable », la proportion la plus élevée parmi les chefs nommés dans le sondage), contre seulement 13 % d’impression favorable.
Cordialement maintenant les chiffres plus en détail pour ces quatre chefs.
Un premier ministre qui a perdu son aura
Malheureusement pour François Legault, les découpages régionaux et démographiques du sondage lui offrent peu de bonnes nouvelles, car aucun des sous-groupes ne perçoit François Legault positivement. Son impopularité est généralisée. Que ce soit chez les hommes, les femmes, à Québec, à Montréal ou en région, les proportions d’impression défavorables s’élèvent à près de 60 % ou plus.
Le seul sous-échantillon où Legaultobtient (un peu) moins de perception défavorable est celui des électeurs de 65 ans et plus, et encore, ce n’est pas rose : 47 % défavorable, 33 % favorable, 13 % neutre.
Toutefois, une donnée plus pourrait préciser causer des maux de tête aux caquistes : 56 % des électeurs francophones ont une impression défavorable du premier ministre, un score net anémique de -28 chez cet électorat.
Globalement, ces pièces chiffres pour François Legault sont comparables à ceux que reçoit Justin Trudeau dans les sondages fédéraux de la dernière année… ce n’est pas peu dire.
Plamondon premier chez les francophones
Comme mentionné plus haut, Paul St-Pierre Plamondon est le seul chef de parti dont les taux d’appréciation ne sont pas dans le rouge. L’indépendantiste récolte un score net positif dans chacune des tranches d’âge : +15 chez les jeunes, +10 chez les 35-49 ans, +3 chez les 50-64 ans et +5 chez les 65 ans et plus.
Auprès de la majorité francophone, Plamondon décroche un score net de +21 (46 % favorable, 25 % défavorable), le résultat le plus élevé parmi les chefs.
Le clivage générationnel des impressions de Nadeau-Dubois
Sans être particulièrement reluisants, les résultats personnels de Gabriel Nadeau-Dubois restent toutefois intéressants, si l’on considère la position de QS dans les intentions de vote. Le député de Gouin obtient des proportions d’impression favorable supérieures aux intentions de vote de son parti dans chaque région, parmi les francophones et non-francophones, ainsi que chez les hommes et les femmes.
La faiblesse de Nadeau-Dubois est la même que celle de son parti, soit les électeurs plus âgés. En effet, nous observons un important clivage générationnel quant aux perceptions du co-porte-parole : 50 % des électeurs de 18-34 ans le perçoivent favorablement, la plus haute proportion parmi les chefs permanents. Toutefois, cette fraction chute à 32 % chez les 35-49 ans, puis à 17 % et 14 % auprès des 50-64 ans et des 65 ans et plus, respectivement.
Duhaime, le mal-aimé
Les sondages de la dernière année ont fait taire les observateurs qui croyaient que le PCQ allait s’effondrer après sa récolte de zéro siège aux élections de 2022. Même sans député à l’Assemblée nationale, le PCQ est demeuré visible dans le paysage politique et a oscillé entre 10 % et 15 % dans les intentions de vote depuis (le parti avait obtenu 12,9 % des suffrages en 2022).
les chiffres d’appréciation des chefs montrent qu’Éric Duhaime, même s’il est parvenu à rehausser le profil de son parti, confiné néanmoins à la marginalité avant son arrivée, détient un potentiel de croissance fort limité.
Autant chez les francophones (65 %) que chez les non-francophones (51 %), des majorités expriment des impressions négatives du chef du PCQ. Dans chacune des tranches d’âge, les perceptions défavorables s’élèvent de 58 % à 66 %, contre des impressions favorables allant de 8 % à 17 %.
Sans surprise, Éric Duhaime récolte son meilleur résultat dans la région de Québec avec 23 % d’impression favorable, mais encore là, la majorité (55 %) des électeurs de la région le perçoivent négativement.
Tout cela montre que les espoirs que le parti progresse au-delà des niveaux d’appui actuels resteront limités tant et aussi longtemps que M. Duhaime ne redorera pas son image auprès des électeurs.
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Ce sondage Pallas Data a été réalisé le 8 juin 2024 auprès d’un échantillon aléatoire de 1 339 répondants québécois âgés de 18 ans et plus. Les données ont été recueillies par réponse vocale interactive au moyen d’appels téléphoniques sur des lignes terrestres et cellulaires. La marge d’erreur de l’échantillon entier est de ±3 %, 19 fois sur 20. Vous trouverez le rapport du sondage ici. Le sondage a été commandé par Qc125.