Fanatiques contre généraux : l’étrange division israélienne sur Gaza | Conflit israélo-palestinien
Le nouveau gouvernement israélien « d’unité », formé au début du mois pour superviser une guerre totale contre Gaza, semble divisé sur la stratégie et les objectifs.
La tension entre le Premier ministre Benjamin Netanyahu et les deux autres principaux généraux du cabinet de guerre, Benny Gantz et Yoav Gallant, élargit cette division et crée la confusion sur l’invasion terrestre très attendue de l’enclave palestinienne densément peuplée.
Le fossé est alimenté par des désaccords personnels, militaires, politiques et idéologiques qui sont apparus bien avant le début de la guerre et qui façonneront probablement la politique israélienne bien après la fin de celle-ci.
Il n’y a aucun amour perdu entre Netanyahu et les généraux, qui se sont sentis obligés de rejoindre la coalition d’urgence du pays en temps de guerre. Ils ont longtemps traité le Premier ministre vétéran avec suspicion et mépris, en particulier depuis que Netanyahu a allié son parti Likoud aux fanatiques religieux d’extrême droite, et a ensuite réécrit les lois fondamentales du pays, pour répondre à ses intérêts et à ceux de ses partenaires fanatiques.
Gantz continue d’en vouloir au Premier ministre depuis les élections de 2020, lorsque le général s’est bêtement séparé de sa propre grande coalition pour rejoindre un gouvernement de coalition dirigé par Netanyahu, pour ensuite être trahi par un Premier ministre plus confiant et plus traître. De même, Gallant continue d’en vouloir à Netanyahu, qui l’a congédié de son poste de ministre de la Défense en mars 2023 pour avoir remis en question le bien-fondé de son programme législatif fanatique et ses implications pour la sécurité nationale. Même si Netanyahu est revenu sur sa décision sous la pression du public quelques semaines plus tard, les deux hommes n’ont pas enterré la hache de guerre.
Militairement parlant, les généraux ne font pas confiance à Netanyahu et à ses sbires fanatiques pour la guerre ; ils ne font surtout pas confiance à leurs motivations et à leurs objectifs qui font de la guerre une simple poursuite de leur politique par la violence. Ils estiment que Netanyahu, le Premier ministre défaillant devenu chef de guerre, est plus préoccupé de restaurer son héritage que d’assurer la sécurité du pays. Mais comme ils étaient coincés avec lui comme Premier ministre, les généraux durent se contenter d’exclure ses ministres les plus fanatiques du cabinet de guerre.
Les généraux et les chefs de la sécurité ont accepté la responsabilité de l’échec militaire et des services de renseignement du pays le 7 octobre, et devraient démissionner peu après avoir pris leur revanche sur le Hamas et sur Gaza. Les généraux veulent donc assigner des objectifs militaires clairs à la guerre, notamment détruire les capacités militaires du Hamas et démanteler ses structures administratives et politiques.
Mais Netanyahu n’a pas accepté sa responsabilité dans le fiasco du 7 octobre. Son plan, semble-t-il, est de mener une guerre « longue et douloureuse » et de rester sur la scène politique en tant que héros de guerre une fois que la poussière sera retombée sur les ruines de Gaza.
Délirant ? Peut-être, compte tenu des propos du Premier ministre naufrage popularité, y compris au sein de son propre parti. Mais la mégalomanie de Netanyahu, qui a conduit au retour de flamme du 7 octobre, est suffisamment grave pour qu’il n’hésite pas à prolonger la guerre aussi longtemps qu’il le faudra pour changer la perception du public et éviter de rendre des comptes.
De même, Netanyahu et ses alliés fanatiques, qui ont approfondi l’occupation israélienne et attisé la colère palestinienne, ont accru les attentes du public à l’égard de la guerre, insistant sur l’anéantissement total du Hamas et de ses dirigeants. Il s’agit bien entendu d’un objectif aussi irréaliste que celui des États-Unis visant à en finir avec les talibans en Afghanistan, objectif qui reste irréaliste après 20 ans de guerre. Mais cet objectif irréaliste permettra à Netanyahu et compagnie de blâmer facilement l’armée pour son incapacité à répondre aux aspirations nationales lorsque la guerre prendra fin.
Les fanatiques ont également déclaré leur intention de reconstruire les colonies juives illégales et très problématiques de Gaza, d’où Israël s’est retiré en 2005 – le cauchemar de tout général israélien depuis que le tristement célèbre général-Premier ministre Ariel Sharon a décidé de changer. la position israélienne d’occuper directement Gaza et de l’assiéger à perpétuité.
Ces désaccords sur la fin de la guerre ont encore compliqué les calculs déjà compliqués sur l’invasion et la guerre urbaine qui s’ensuivrait, qui causerait forcément des dizaines, voire des centaines de milliers de victimes, et pourrait également ouvrir un autre front dans le nord contre le Hezbollah libanais. , poussant Israël vers un scénario apocalyptique.
Entrez dans les États-Unis et dans leur diplomatie de canonnière à travers le déploiement de deux porte-avions en Méditerranée orientale pour protéger Israël de toute répercussion régionale lors de son invasion de Gaza, ce qui a encore compliqué les calculs et les délais israéliens.
Reconnaissants pour leur assistance stratégique et technique dans la guerre urbaine, Netanyahu et les généraux se sont depuis alignés sur l’administration Biden, qui attend d’eux qu’ils s’accordent sur des objectifs clairs et réalistes et sur une stratégie concrète pour les atteindre, ainsi que pour donner une chance à diplomatie pour libérer davantage d’otages, avant de lancer une offensive terrestre. Puisqu’aucune des deux parties ne souhaite contrarier l’Amérique, elles se reprochent mutuellement le retard de l’offensive terrestre, que la plupart des Israéliens soutiennent, selon récent sondages, mais sans finalité définie.
Le fossé grandissant entre son formidable pouvoir militaire et son camp religieux fanatique d’extrême droite aura des implications de grande envergure pour la société et la politique israéliennes. Mais pour les Palestiniens, il n’y a pas de réelle différence entre la politique d’Israël et belliciste des généraux qui traitent les Palestiniens d’« animaux humains » et ses fanatiques racistes, qui appellent à leur expulsion, en particulier pour ceux qui sont victimes des bombardements et du siège sadiques d’Israël.
Fascistes, fanatiques ; tomate, tomate.