Explication : Qu’est-ce que le passage de Rafah, considéré comme une fenêtre d’évasion de Gaza

Israël a démenti aujourd’hui les informations faisant état d’un cessez-le-feu à Gaza pour permettre à l’aide humanitaire d’entrer dans l’enclave palestinienne et aux étrangers de fuir vers l’Égypte alors que la guerre entre les forces israéliennes et le Hamas entrait dans son 10e jour.

« Il n’y a actuellement aucun cessez-le-feu et aucune aide humanitaire à Gaza en échange de l’expulsion des étrangers », a déclaré le bureau du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu dans un communiqué.

Les convois d’aide humanitaire se sont entassés à la frontière entre l’Égypte et Gaza, incapables de pénétrer dans Gaza qui est sous les bombardements israéliens. Un responsable américain a déclaré samedi à l’AFP que l’Egypte et Israël étaient convenus d’autoriser les citoyens américains à quitter Gaza par le terminal de Rafah, une information démentie par Israël.

Le poste frontière de Rafah est le seul passage vers et hors de la bande de Gaza qui n’est pas sous contrôle israélien. Le passage est fermé depuis mardi après les frappes aériennes israéliennes sur les postes frontières palestiniens.

Histoire du passage de Rafah

L’accord ottoman-britannique du 1er octobre 1906 établit une frontière entre la Palestine, alors gouvernée par l’Empire ottoman, et l’Égypte, alors gouvernée par la Grande-Bretagne. La frontière allait de Taba à Rafah.

Traité de paix égypto-israélien de 1979

En 1979, le traité de paix égypto-israélien a rétabli la frontière tracée en 1906. Cela signifiait que l’Égypte reprenait le contrôle de la péninsule du Sinaï, tandis qu’Israël gardait la ville de Gaza. Les forces israéliennes ont commencé à quitter la péninsule peu après la signature du traité.

Après le retrait des dernières troupes israéliennes, le point de passage de Rafah a été ouvert comme frontière internationale pour la première fois, rendant la frontière à la fois juridiquement et pratiquement internationale.

L’actuel poste frontière entre Gaza et l’Égypte a été ouvert en 1982, après les accords de Camp David. Cependant, les Palestiniens sont aux prises depuis des années avec l’incertitude liée aux postes frontières contrôlés par Israël.

Accord Gaza-Jéricho de 1994

L’accord Gaza-Jéricho de 1994, à la suite de la première Intifada, a marqué un tournant décisif en donnant à la Palestine l’autonomie et en créant un nouveau système de contrôle partagé sur le passage de Rafah. Ce système donnait à l’Autorité palestinienne (AP) un certain contrôle sur les procédures de sécurité et de contrôle, mais Israël gardait le contrôle de la plupart de la sécurité et des opérations du passage, ainsi que le pouvoir d’inspecter et de refuser l’accès à quiconque. Cette partie de l’accord a ensuite été rendue nulle et non avenue et remplacée par presque le même langage dans l’accord d’Oslo II.

L’année suivante, Yitzhak Rabin, alors Premier ministre israélien, a été assassiné à Tel-Aviv par un extrémiste juif d’extrême droite opposé aux accords.

Incident d’Ariel Sharon en 2000

En septembre 2000, le politicien israélien de droite Ariel Sharon a visité l’enceinte de la mosquée Al-Aqsa dans la vieille ville de Jérusalem, qui est le troisième lieu saint de l’Islam et vénéré par les Juifs comme le Mont du Temple, leur site le plus sacré.

Cela a été considéré comme une « provocation » par les Palestiniens, déclenchant la deuxième Intifada. Cela a encore eu un impact sur la complexité du passage de Rafah.

En 2001, Israël a interdit au personnel palestinien de travailler au terminal de Rafah, le remettant sous contrôle israélien exclusif. C’était une conséquence directe de la Seconde Intifada. L’exclusion des travailleurs palestiniens par Israël se poursuivra jusqu’à son désengagement de Gaza quatre ans plus tard, le 8 septembre 2005.

Accord de 2005 sur les déplacements et l’accès

En 2005, le gouvernement israélien et l’Autorité palestinienne ont signé l’Accord sur les déplacements et l’accès (AMA), plaçant le passage sous contrôle palestinien « total », mais avec un bémol. Aux termes de l’accord, Israël se réserve le droit de fermer la frontière et d’empêcher les individus de la traverser quand il le souhaite.

Le 25 juin 2006, des militants palestiniens ont fait prisonnier le soldat israélien Gilad Shalit. Israël a fermé le terminal de Rafah en réponse à cette capture, et il est resté fermé pendant un an.

La prise de contrôle de Gaza par le Hamas a empêché la mise en œuvre de l’AMA et la ville a été placée sous blocus permanent. Une semaine auparavant, le Hamas, qui contrôlait l’Assemblée législative de l’AP depuis sa victoire aux élections de 2006, s’était séparé de l’AP et avait pris le contrôle de Gaza. Entre cette date et 2009, l’Égypte et Gaza ont ouvert le passage de manière peu fréquente et irrégulière.

Printemps arabe 2011

En 2011, après la démission du président égyptien Hosni Moubarak, opposant au Hamas, à la suite de la révolution égyptienne. Cela a permis la réouverture régulière du terminal de Rafah. Cependant, un coup d’État mené par le général Abdel Fattah al-Sissi a renversé le président égyptien Mohamed Morsi, un allié du Hamas, en 2013, qui a de nouveau fermé le terminal de Rafah.

Covid

En 2020, à la suite de l’apparition de la pandémie de coronavirus, le Hamas a fermé le passage, marquant une rare occasion où un gouvernement palestinien a fermé la frontière.

L’année suivante, alors que les frontières internationales facilitaient les déplacements et que le virus commençait à s’atténuer, le Hamas et l’Égypte ont tenu des pourparlers au Caire et ont rouvert le passage.