Des partis de droite cherchent à chauffer les conservateurs dans leurs châteaux forts | Élections Nouveau-Brunswick 2024
À droite de l’échiquier politique, l’Alliance des gens et le Parti de la responsabilité individuelle — des libertariens — présentent respectivement 13 et 18 candidats aux élections du Nouveau-Brunswick, dans l’espoir de rivaliser avec le Parti progressiste-conservateur, dans lequel ils ne se délivrent pas.
UN Village françaisà environ 30 minutes à l’est de Saint-Jean, une pancarte électorale de l’Alliance des gens est au bord d’une courbe de la route 860. Cette pancarte, c’est l’une des quatre du candidat Pierre Graham et elle se trouve près de sa maison.
Conservateur lorsqu’il habitait en Ontario et progressiste-conservateur depuis qu’il a emménagé au Nouveau-Brunswick, il s’est rallié à l’Alliance des gens au printemps.
Peter Graham est candidat de l’Alliance des gens du Nouveau-Brunswick dans Hampton—Fundy—St.Martins.
Photo : Radio-Canada / Frédéric Cammarano
Selon Pierre Grahamle Parti progressiste-conservateur s’est déplacé trop à droite ces dernières années.
Je n’aime pas la direction que prenait le Parti et je n’aime certainement pas les positions de la candidate progressiste-conservatrice [dans Hampton-Fundy-St. Martins]. Je sentais que je devais étudier mes options. Et, en même temps, l’Alliance des gens a obtenu à nouveau son enregistrement et le parti organisait une rencontre
explique en anglais Pierre Graham.
Le candidat fait référence à Faytene Grasseschi, une militante chrétienne évangélique qui, avant de se lancer en politique pour les progressistes-conservateurs, a exprimé son opposition aux droits de la communauté. LGBTQ et à l’avortement.
Faytene Grasseschi est la candidate des progressistes-conservateurs dans Hampton-Fundy-St. Martins.
Photo : Radio-Canada / Frédéric Cammarano
Père d’un enfant transgenre, Pierre Graham est en désaccord avec la version de la politique 713 modifiée par le gouvernement Higgs. S’il estime qu’elle permet d’inclure les parents dans l’éducation de leurs enfants, il croit qu’elle n’offre pas suffisamment de protection pour ces derniers.
Selon Pierre Grahamson parti a évolué sur certaines de ses positions par rapport aux dernières élections.
Par exemple, le candidat se dit être un fervent partisan du bilinguisme officiel. Seule modification nécessaire selon lui : s’assurer que les élèves qui sont passés par l’immersion française soient en mesure de réussir un test d’entrée pour occuper un poste bilingue dans la fonction publique.
Nous nous considérons comme étant centristes, peut-être que fiscalement nous sommes un peu plus à droite. […] Nous devons payer nos factures. Nous devons rembourser la dette, mais pas en sacrifiant tous les programmes
dit-il, précisant que, selon lui, le budget devrait prévoir de plus grands investissements en santé.
Peter Graham et sa femme, Tanya, qui est candidate dans Saint-Jean Est
Photo : Radio-Canada / Frédéric Cammarano
Peu de temps après que Pierre Graham s’est jointe à l’Alliance, sa femme, Tanya, a fait de même et elle est aujourd’hui candidate dans Saint-Jean-Est.
Un parti qui veut « se refaire un nom »
En mars 2022, Kris Austin et Michelle Conroyles uniques représentants de l’Alliance des gens à l’Assemblée législative, décident de se joindre au Parti progressiste-conservateur.
Du même coup, ils avaient mis fin à leur ancien parti, qui avait réussi à faire élire trois candidats en 2018 et deux en 2020.
Après sa dissolution, des militants ont réussi à faire revivre le parti, mais pas sans perdre tous ses atouts financiers.
Élection Nouveau-Brunswick à tout pris, tous nos actifs, tout notre argent. Ça nous met en position délicate lorsqu’il est question d’aider des candidats en campagne électorale. Mais, on arrive à joindre les deux bouts
explique en anglais Rick DeSaulniers, le chef du parti, qui a été député entre 2018 et 2020 pour l’Alliance des gens.
Rick DeSaulniers est le chef de l’Alliance des gens.
Photo : Radio-Canada
Malgré le travail des militants, le parti ne présente que 13 candidats, soit bien moins que lors des deux scrutins précédents.
Nous devons nous refaire un nom. J’entends bien des gens dire : « Oh, vous êtes de retour », parce qu’ils ne le savaient pas
dit Pierre Graham à propos de l’un des objectifs de sa campagne.
Son chef se permet d’espérer un gouvernement minoritaire dans lequel l’Alliance des gens détiendrait l’équilibre du pouvoir, comme en 2018.
Un tout nouveau parti présente 18 candidats
Vendredi soir dernier, des militants et des candidats du Parti pour la responsabilité individuelle se rencontraient au Centre communautaire Lac Bradley, à Rothesay, en banlieue de Saint-Jean.
Quelques voitures sont garées dans le stationnement, certaines ornées de drapeaux canadiens et d’autres de collants complotistes. Un homme distribue ensuite un journal mennonite aux participants.
Le Parti de la responsabilité individuelle a vu le jour en juillet.
Photo : Radio-Canada / Frédéric Cammarano
La candidate dans Hampton-Fundy-St. Martins, Barbara Dempseyfait partie du nombre. Elle refuse d’accorder une entrevue, entraînant qu’elle ne parle pas aux organisations médiatiques financées par le gouvernement fédéral. Il s’agit d’une réponse qui colle avec la vision de son parti.
Nous voulons retirer le pouvoir du gouvernement, parce que ce n’est pas le rôle du gouvernement de se mêler de la vie des gens et des entreprises des gens. […] Nous parlons de réduire le gouvernement de moitié. Le gouvernement est impliqué dans bien des domaines dans lesquels il n’a pas sa place
explique en anglais Stephen Irlandianalyste des politiques du Parti.
Nous croyons que les taxes et les impôts sont du vol
ajoute-t-il.
Stephen Irlandi est analyste des politiques pour le Parti de la responsabilité individuelle au Nouveau-Brunswick.
Photo : Radio-Canada
L’analyste des politiques estime que son parti n’est ni à gauche, ni à droite, puisqu’il est différent des partis libéraux et progressiste-conservateur, même si bien des experts en sciences politiques le classe comme étant à droite, même parfois à l’extrême droite.
Le Parti de la responsabilité individuelle est nouveau sur la scène provinciale au Nouveau-Brunswick.
Il a vu le jour récemment, mais compte 18 candidats, soit 5 de plus que l’Alliance des gens.
Pour ce qui est de ses objectifs pour l’élection du 21 octobre, Stephen Irlandi demeure néanmoins prudent.
Une victoire, [c’est] si nous réussissons à convaincre d’autres candidats, d’autres Néo-Brunswickois et tout le monde à réduire la taille du gouvernement
affirme-t-il.
Avec des informations de Jacques Poitras, de Radio-Canada