Les autorités françaises ont ouvert une enquête après qu’un documentaire télévisé a accusé des ministres du gouvernement anonymes de manger dans des restaurants secrets en violation des restrictions relatives aux coronavirus.
Le documentaire diffusé sur la chaîne française M6 ce week-end mettait en scène un inconnu affirmant avoir mangé dans deux ou trois restaurants clandestins «avec un certain nombre de ministres».
Il décrivait également des fêtes de luxe auxquelles assistaient les riches et les beaux avec tous les attributs du luxe gastronomique: caviar, champagne, menus de chefs étoilés Michelin et pas de masques.
Le parquet de Paris a indiqué qu’une enquête avait été ouverte dimanche sur d’éventuelles accusations de « mise en danger et de travail non déclaré ».
Les enquêteurs « vérifieront également si les rassemblements ont été organisés en violation des règles sanitaires et détermineront qui étaient les organisateurs et les participants potentiels », a indiqué le procureur dans un communiqué.
Le bureau du procureur a déclaré lundi que l’enquête se poursuivait malgré les informations selon lesquelles l’homme présenté dans le documentaire s’était rétracté.
‘Pas de privilège’
Les membres du cabinet français ont rapidement nié avoir eu connaissance de tels actes répréhensibles.
« Il n’y a de privilège pour personne et je serais curieux que ce restaurateur donne les noms des ministres s’il est si bien informé », a déclaré le ministre de l’Economie Bruno Le Maire aux médias français.
Le ministre de l’Intérieur, Gerald Darmanin, a demandé à la police de se pencher sur les allégations et, si elles s’avèrent justifiées, de «poursuivre les organisateurs et les participants de ces convives clandestins».
Les restaurants français sont fermés depuis octobre pour ralentir la propagation du COVID-19.
La controverse survient alors que la France vient d’entrer dans un nouveau verrouillage partiel au cours du week-end en réponse à une augmentation spectaculaire des hospitalisations pour coronavirus.
Le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, a déclaré dimanche soir à la télévision LCI que les autorités enquêtaient depuis des mois sur les informations faisant état de partis clandestins et de restaurants. 200 suspects ont été identifiés et font face à « de lourdes sanctions », a-t-il ajouté.
Les ministres du gouvernement « ont le devoir d’être totalement irréprochables et exemplaires », a déclaré Attal.
«Nous voulons des noms»
Les accusations ont attiré l’attention des médias sociaux, le hashtag #OnVeutLesNoms (Nous voulons des noms) qui a d’abord été diffusé sur Twitter et d’autres tels que #MangeonsLesRiches (Mangeons les riches) gagnant également en popularité.
Antoine Léaument du parti d’extrême gauche France Insoumise a tweeté: «Des files interminables d’étudiants pour l’aide alimentaire; 8 millions de personnes en France qui ont besoin d’aide alimentaire (…) et des restaurants clandestins pour les riches à 460 € le repas? sEatTheRich! «
D’autres ont regretté que la rétractation du témoin clé du documentaire n’ait eu aucun impact sur la colère populaire.
« Ses démentis n’auront aucun effet sur le désir de croire que les ministres ont bel et bien enfreint la loi », a tweeté le philosophe Raphaël Enthoven.
« La Cour populaire (…) a soif de sang et veut des noms, quoi qu’il arrive. »