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Des hommes armés serbes combattent la police lors du siège d’un monastère au Kosovo ; 4 morts

Des hommes armés de souche serbe à bord de véhicules blindés ont pris d’assaut dimanche un village du nord du Kosovo, affrontant la police et se barricadant dans un monastère, dans le cadre d’une résurgence de la violence dans le nord agité qui a tué quatre personnes.

Le siège s’est concentré sur un monastère orthodoxe serbe près du village de Banjska, dans la région à majorité serbe, où moines et pèlerins se cachaient à l’intérieur d’un temple alors que la fusillade faisait rage.

Un groupe de Serbes du Kosovo a positionné des camions sur un pont menant au village, tirant sur les policiers qui s’approchaient d’eux, avant que la bataille ne se déplace vers le monastère voisin, selon les récits de la police du Kosovo et du président serbe Aleksandar Vucic.

Les hommes armés avaient quitté le monastère pendant la nuit, a indiqué l’Église orthodoxe serbe, sans toutefois savoir où ils se sont rendus.

Vucic a déclaré qu’il s’agissait d’une rébellion contre le Premier ministre du Kosovo, Albin Kurti, qui a refusé de former une association de municipalités serbes dans le nord du Kosovo. “La Serbie ne reconnaîtra jamais l’indépendance du Kosovo, vous pouvez tous nous tuer”, a-t-il déclaré.

Des hommes armés, retranchés dans un monastère du nord du Kosovo, ont affronté les autorités dimanche. AFP-Getty Images

La chef de la mission de l’ONU au Kosovo, Caroline Ziadeh, et le chef de la politique étrangère de l’Union européenne, Josep Borrell, ont condamné ces violences.

Borrell a parlé avec Kurti et Vucic, selon son bureau.

Des troupes de l’OTAN, ainsi que des membres de la force de police européenne EULEX et de la police du Kosovo, ont pu être aperçus en train de patrouiller sur la route menant à Banjska, selon un journaliste de Reuters situé à proximité.

La police des frontières du Kosovo a fermé deux points de passage avec la Serbie.

Les Serbes du nord du Kosovo réclament depuis longtemps la mise en œuvre d’un accord négocié en 2013 par l’UE pour la création d’une association de municipalités autonomes dans leur région.

Les négociations parrainées par l’UE sur la normalisation des relations entre la Serbie et le Kosovo sont au point mort la semaine dernière, le bloc accusant Kurti de ne pas avoir réussi à créer l’association.

Pristina considère ce plan comme une recette pour la création d’un mini-État au Kosovo, qui diviserait effectivement le pays selon des critères ethniques.

La Serbie considère toujours formellement le Kosovo comme faisant partie de son territoire, mais dément toute suggestion visant à attiser les conflits à l’intérieur des frontières de son voisin. Belgrade accuse Pristina de bafouer les droits de la minorité serbe.

Les troubles se sont intensifiés lorsque les maires de souche albanaise ont pris leurs fonctions dans le nord du Kosovo après les élections d’avril boycottées par les Serbes.

Des affrontements en mai ont blessé des dizaines de manifestants et de soldats de maintien de la paix de l’OTAN.

L’OTAN conserve 3 700 soldats au Kosovo, le reste d’une force initiale de 50 000 hommes déployée en 1999.

La région du nord du Kosovo, où les Serbes forment une majorité, est, à bien des égards, une extension virtuelle de la Serbie. L’administration locale et les fonctionnaires, les enseignants, les médecins et les grands projets d’infrastructure sont financés par Belgrade.